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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 84

A SECOND CHANCE

de Susanne Bier (Nikolaj Coster-Waldau, Ulrich Thomsen, Maria Bonnevie)

 

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À l’heure où la polémique sur l’absence difficilement explicable de dessinatrices dans la liste des sélectionnés pour le Grand Prix du Festival de BD d’Angoulême bat son plein, le septième art est lui un domaine où l’on est tout petit peu moins sexiste quant à l’attribution de récompenses pour des cinéastes (lorsque ces dernières daignent être sélectionnées).
Prenez Jane Campion, Agnès Varda, Kathryn Bigelow, Julie Delpy, Antonia Bird, Jessica Hausner, Sofia Coppola, Naomi Kawase (dont le magnifique « LES DÉLICES DE TOKYO » sort bientôt chez nous), Andrea Arnold ou encore Alice Rohrwacher, toutes lauréates dans des manifestations d’importance.
Susanne Bier, à la carrière inégale, ne démérite pas moins.
Après des débuts au milieu des nineties avec des séries B policières assez laides (« SEKTEN »), elle trouvera la voie du succès en épousant les canons esthétiques du Dogme95 (caméra très mobile, lumière la moins artificielle possible, scènes improvisées) – chéri par Lars Von Trier – au début des années 2000.
« OPEN HEARTS », puis surtout « BROTHERS » marqueront à juste titre les esprits où déjà ressort la thématique favorite de notre danoise de service, celle du couple mis à mal par des évènements extérieurs.
Le joli « AFTER THE WEDDING » sur le périple d’un directeur d’orphelinat envoyé en Inde, joué par Mads Mikkelsen, nommé à l’Oscar du meilleur film étranger en 2007 (elle le remportera quatre ans plus tard avec « REVENGE »), lui permettra d’entrer fugacement à Hollywood où elle fera tourner Halle Berry et Benicio del Toro ensemble, puis récemment Bradley Cooper et Jennifer Lawrence dans le décevant « SERENA ».
Revenu en terre natale, elle décide de renouer avec une approche plus naturaliste de son oeuvre.
Le résultat en est « A SECOND CHANCE ».

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Andreas est inspecteur de police à Copenhague et tout jeune papa. Accompagné de son ami et collègue Simon, il se frotte régulièrement à la misère sociale. Appelés pour une violente dispute conjugale chez des junkies, ils découvrent sur place, dans un placard, un nourrisson affamé et baignant dans ses excréments. Choqué par cette vision, Andreas rentre chez lui auprès de sa femme et de son bébé. Quelques jours plus tard, au milieu de la nuit, les cris de sa compagne le réveille : leur enfant est mort. La décision qu’il va alors prendre bouleversera sa vie…
Via une mise en scène sèche évitant tout clinquant, d’un réalisme cru, Susanne Bier parvient à maintenir une tension certaine jusqu’à la fin dans cet excellent thriller, dramatique à plus d’un égard.
Pouvant de plus s’appuyer sur la solide performance, à la fois sensible et brutale, de Nikolaj Coster-Waldau – acteur intéressant échappé de la série tv GAME OF THRONES et que l’on pas vu voir notamment au côté de Tom Cruise dans « OBLIVION » – sans oublier celles des ses comédiens fétiches comme Ulrich Thomsen et Nikolaj Lie Kaas, la dame Susanne pointe du doigt certaines carences du système d’assistance de son pays.
Sidérant.
Poignant.

 

 

CREED : L’HÉRITAGE DE ROCKY BALBOA

de Ryan Coogler (Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson)

 

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Sacré Stallone.
Après avoir ravivé et clôturé comme il se doit les aventures des deux mythes fondateurs à qui il doit tout, d’une part RAMBO dans un quatrième épisode à la violence inouïe et ROCKY avec un sixième volet mémorable (j’en ai encore des frissons), le voilà de retour dans le rôle du boxeur champion, mais cette fois, en dehors du ring.
Le fougueux Adonis Johnson n’a jamais connu son père. Et pour cause. Celui-ci, Apollo Creed, légende des poids-lourds, est mort avant sa naissance, lors d’un combat. Âgé d’une vingtaine d’années, il décide de boxer et de devenir le meilleur dans sa catégorie. Pour se faire, il part à Philadelphie et demande à Rocky Balboa, ancien adversaire de son géniteur, de l’entraîner…
Suite à la vision du précédent long métrage de Ryan Coogler (l’inégal et multiprimé « FRUITVALE STATION », avec déjà Michael B. Jordan), Sly, séduit, accepta de rejoindre le projet.
Renouant avec l’esprit du « ROCKY » de 1976, sans aucune prétention, classique dans son déroulement, « CREED : L’HÉRITAGE DE ROCKY BALBOA » s’avère sympathique grâce à la qualité de l’interprétation de Michael B. Jordan, convaincant dans le rôle titre, et à celle de Sylvester Stallone, extrêmement touchant, et qui lui a valu d’ailleurs, dimanche dernier – enfin – un Golden Globe.
Peut-être un futur Oscar ?
Sait-on jamais.
Living in America

 

 

CAROL

de Todd Haynes (Cate Blanchett, Rooney Mara, Sarah Paulson)

 

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Therese, simple employée dans un grand magasin dans le Manhattan des années 50, rencontre Carol, une grande bourgeoise distinguée, qui n’est pas heureuse dans son ménage. Charmées mutuellement, elles se reverront à de nombreuses reprises, se découvrant des sentiments plus profonds et décideront de vivre leur histoire d’amour, envers et contre tous…
C’était une de mes attentes les plus fortes à Cannes, l’an passé.
J’avais été chagriné, « CAROL » s’avérant comme l’un des plus faibles de la Compétition Officielle.
Revu il y a peu, rien à faire, la déception est toujours de mise.
Traitant de l’homosexualité, à l’instar de son chef d’oeuvre « LOIN DU PARADIS », mais cette fois, côté féminin, Todd Haynes livre comme de coutume un modèle de réalisation.
Admirez donc comment le talentueux auteur de « VELVET GOLDMINE », de par la composition de ses plans, exprime cet interdit absolu de l’époque, comment il parvient à isoler ses personnages et traduire leur isolement.
Et là, cher lecteur, tu te demandes si je n’ai pas pété une durite vu que quelques lignes au-dessus, j’ai parlé de déconvenue.
Je te rassure, tout va bien.
Non si la forme est passionnante, il n’en est de même pour les interprètes.
Que ce soit la grande Cate Blanchett ou la frêle Rooney Mara, malgré leur conviction, la pilule ne passe pas.
L’une est proche de la caricature, en minauderie, l’autre est bien trop terne, en retrait.
Le couple est déséquilibré et l’on n’y croit guère.
« CAROL » n’est pas totalement mauvais, mais ce n’est pas non plus grandiose comme certains confrères se plaisent à le dire.
Et de plus, Therese ne rigole même pas quand on la…
Inacceptable !

 

 

TOUT SCHUSS

de François Prévôt-Leygonie et Stephan Archinard (José Garcia, Manon Valentin, François Deblock)

 

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Écrivain à succès, imbu de sa personne, vantard, divorcé, Max Salinger, quinquagénaire, est un papa qui ne s’est jamais franchement occupé de Rosalie, sa fille de quinze ans. Celle-ci, pour attirer son intention, lui pique sa clé USB où est enregistré son prochain best-seller et part avec en voyage scolaire à la montagne. Furieux, Max la rejoint à la neige pour tenter de récupérer son bien…
Par le duo qui nous avait donné le gentillet « AMITIÉS SINCÈRES » avec Gérard Lanvin et Jean-Hugues Anglade, « TOUT SCHUSS » est bourré de défauts, grossier, mais emporte le morceau par l’abattage comique irrésistible de José Garcia, capable d’étonner dans le bon sens – souvenez-vous de sa composition à contre-emploi dans « LE COUPERET » de Costa-Gavras -, qui n’est pas sans évoquer parfois, ici, celui de la bande du Splendid dans « LES BRONZÉS FONT DU SKI ».

 

 

GAZ DE FRANCE

de Benoît Forgeard (Olivier Rabourdin, Philippe Katerine, Alka Balbir)

 

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Après la baudruche Quentin Dupieux, en voici une autre, Benoît Forgeard, qui, si à travers ses courts, parvenait à faire sourire, là, loupe le coche sur toute la ligne, malgré Katerine.
Ennuyeuse (pour ne pas dire plus), prétentieuse, inintéressante, pas drôle, cette pochade – centrée sur la consultation secrète de l’éminence grise du président de la France de 2020, avec des spécialistes chargés de remonter la côte de popularité du chef de l’état – est à fuir.
Fermez le gaz.

 

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