BIG EYES 4
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 46

BIG EYES

de Tim Burton (Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston)

 

BIG EYES 2

Jusqu’à présent, concernant Tim Burton, j’en étais resté, pour ma part, au 9 février 2000, date à laquelle débarqua sur nos écrans, « SLEEPY HOLLOW », amusant hommage au gothique anglais totalement convaincant.
Pourquoi ?
Parce que depuis, même si le constat est terrible (et je sais que beaucoup d’entre vous ne seront pas d’accord), l’ami Tim a enquillé les oeuvres mauvaises (mettons de côté « BIG FISH », inégal).
Car entre ses remakes consternant de nullité, « LA PLANÈTE DES SINGES » (depuis Pierre a les « Boulle(s)) », « CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE » (jetez-vous, si ce n’est déjà fait sur l’original de 1971, de Mel Stuart et avec un impeccable Gene Wilder qui enterre Johnny Depp), « ALICE AU PAYS DES MERVEILLES » (on restera poli), l’ennuyeux« LES NOCES FUNÈBRES » (qui prouve, s’il était encore besoin que « L’ETRANGE NOËL DE MR JACK » est de Henry Selick, véritable génie) ou encore le poussif « DARK SHADOWS », le spectateur n’en pouvait plus.
Et puis, il y eut « FRANKENWEENIE », où, après 20 minutes insupportables, Burton retrouvait sa magie d’antan.
Cela était-il le signe de la résurrection ?
C’est ce que nous allons voir, maintenant, avec « BIG EYES ».
USA. Fin des années 50. Margaret est une peintre spécialisée dans des portraits d’enfants tristes aux yeux démesurément grands. Seule avec sa fille, galérant dans la vie de tous les jours, elle fait la rencontre de Walter Keane, peintre également, bonimenteur, qui, remarquant son potentiel, décide de la prendre sous son aile en lui proposant un deal : elle continue de faire des tableaux mais lui les signe de son propre nom…
Seconde fois que l’auteur de « BEETLEJUICE » aborde le biopic.
Autant pour « ED WOOD », personnage haut en couleur, on comprend aisément ce qui avait pu le captiver, autant ici, pour une des plus célèbres escroqueries artistiques du XXème siècle on reste perplexe.
Alors que pourtant l’histoire même de Margaret Keane (Amy Adams, bien fade) possède un potentiel indéniable, tant par rapport à son propre processus créatif que comme trajectoire humaine.
Malheureusement, le papa d’« EDWARD AUX MAINS D’ARGENT » s’avère incapable de transcender un tant soit peu son sujet, la faute à un traitement superficiel et sans intérêt.
Passant totalement à côté d’une fable fantastique à laquelle nous aurions pu nous attendre, si ce n’est un plan de 30 secondes dans un supermarché nous faisant entrapercevoir ce qui aurait pu (du) être, le prodige californien des « eighties » manque le coche.
Jamais nous ne sentirons l’emprise que Robert Keane (Christoph Waltz, insupportable de cabotinage) a eu sur sa femme, à qui il doit le succès planétaire.
Oui, c’est vraiment avec des « BIG EYES » que l’on assiste à cet énième ratage de Tim Burton.

 

 

HACKER

de Michael Mann (Chris Hemsworth, Wei Tang, Viola Davis)

 

HACKER

Pirate lui-même de l’industrie du septième art chez l’Oncle Sam, Michael Mann a déçu avec son adaptation de « MIAMI VICE – DEUX FLICS A MIAMI » et « PUBLIC ENEMIES » sur John Dillinger.
Non pas parce qu’il continue à explorer les possibilités techniques des nouvelles caméras mais par un manque flagrant de cohérence sur l’ensemble des projets.
Et ce n’est pas avec « HACKER » que cela va s’améliorer.
Une centrale nucléaire de Hong-Kong a été piratée. Aucune revendication ni de tentative d’extorsion de fonds. A Chicago, l’un des plus gros marchés boursiers, lui aussi, subit une cyber attaque, provoquant une inflation soudaine du prix du soja. Aussitôt, les chinois et les ricains décident de travailler main dans la main et compte sur l’aide de Nicholas Hathaway, célèbre hacker informatique de génie, enfermé en prison depuis des lustres, pour débusquer le responsable de ces agressions, causée par un programme créé par lui…
Certes, on retrouve la patte esthétique assez datée mais reconnaissable de Mann à quelques moments, mais entre une erreur de casting (Chris Hemsworth, le Thor des « AVENGERS ») jamais crédible, des tics de mise en scène inutiles comme passer à travers les fils des ordinateurs et un scénario assez risible par ses invraisemblances, il ne reste que peu de choses auxquelles se rattacher, indépendamment d’une séquence de fusillade tendue dans un tunnel.
Les temps sont durs pour les vieilles gloires.

 

 

STILL ALICE

de Richard Galtzer et Wash Westmoreland (Julianne Moore, Alec Baldwin, Kristen Stewart)

 

STILL ALICE 4

Oui, la maladie d’Alzheimer est un fléau terrible, surtout à un stade précoce, rare chez une femme de 50 ans.
Oui, Julianne Moore est pas mal du tout, surtout vers la fin.
Non, « STILL ALICE » n’est pas bien : trop de distance, trop téléfilm de luxe, trop prévisible, trop…
Zut, j’ai oublié !

 

 

TU DORS NICOLE

de Stéphane Lafleur (Julianne Côté, Marc-André Grondin, Catherine St-Laurent)

 

TU DORS NICOLE 3

Faisons un point rapide sur les réalisateurs québécois.
Il y a ceux qui, comme Denis Villeneuve (« PRISONERS ») ou Ken Scott (« STARBUCK »), font une carrière passionnante à Hollywood, surtout le premier cité.
Il y a ceux qui, comme l’horripilant Xavier Dolan (« MOMMY »), ont un égo démesuré et fabriquent des longs métrages à leur image : prétentieux et vains.
Et puis, il y a ceux, moins connus, tel Stéphane Lafleur, ne payant pas de mine et pourtant qui donnent des films différents, souvent remarquables.
Nicole, 22 ans, passe les vacances d’été dans la maison de ses parents, partis en voyage et pense en profiter seule avec sa meilleure amie. Mais son grand frère, musicien, débarque pour répéter des morceaux, avec ses amis : un guitariste et un batteur. Ce dernier provoque une attirance chez notre jeune héroïne, par ailleurs insomniaque…
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, en 2014, à Cannes, « TU DORS NICOLE », est fidèle à l’univers du canadien.
En effet, comme dans les épatants « CONTINENTAL, UN FILM SANS FUSIL » et « EN TERRAINS CONNUS », ses précédents travaux, on retrouve des personnages déphasés avec le monde qui les entoure, errant comme des fantômes entre deux mondes, un réel, souvent cruel, et un autre, fantasmé.
Tourné à l’origine en couleur, puis subissant un transfert en un splendide noir et blanc qui évoque certains Jarmush (influence citée par l’intéressé), cette comédie dramatique décalée rappelle les expérimentations graphiques de l’auteur de bd américain Daniel Clowes (GHOST WORLD) avec un petit quelque chose de PEANUTS où Nicole (Julianne Côté, une découverte à surveiller) et les autres protagonistes, via leur trajectoire et propos, ne sont pas sans ressembler à Charlie Brown, Snoopy et leurs camarades.
Ajoutons-y des cadres parfois stupéfiants de sens et une belle ambiance musicale.
L’immanquable de la semaine.

 

 

L’affiche de la semaine : « IRIS » de Albert Maysles

Alors que dans une indifférence polie, le grand documentariste Albert Maysles (cette façon dingue qu’il avait de capter le réel en restant le plus neutre possible) s’est éteint à l’âge vénérable de 88 ans outre-Atlantique, voici que le poster de son ultime opus, intitulé « IRIS » vient de sortir.
Il traitera de Iris Apfel, nom mythique de la mode new-yorkaise et de la mode tout court, toujours vivante à 93 ans.
Admirez ces couleurs et cette composition générale.
Sans doute l’apogée fashion et pertinente que nous attendons tous, au contraire des deux récents « SAINT LAURENT » de triste mémoire.

 

IRIS 2

 

010

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *