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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 17

LÉVIATHAN (Compétition officielle) (sortie prévue le 24 septembre)

de Andrey Zviaguintsev (Aleksei Serebryakov, Elena Lyadova, Roman Madianov)

 

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Passer en fin de festival est à double tranchant : soit le film est une réussite alors il a de sérieuses chances de se voir récompenser d’un prix, soit il est mauvais et en ce cas la question est directement réglée et les gagnants seront ses prédécesseurs.
Une pression énorme donc pour Andrey Zviaguintsev et son « LÉVIATHAN » projeté hier, soit vendredi.
Au nord de la Russie, près de la mer de Barents, Vadim Sergeyich, le maire d’une petite ville, tente de s’approprier le terrain (une maison plus un garage) de Kolya, un ancien para qui vit là avec sa jeune femme Lylia et son fils Romka, issu d’un précédent mariage. Ce dernier, pour se défendre légalement, fait appel à un ami, avocat à Moscou…
Cinéaste exigeant et souvent passionnant, déjà lauréat à Cannes d’un prix d’interprétation masculine (« LE BANNISSEMENT ») et d’un prix spécial du jury (« ELENA »), Zviaguintsev livre ici une critique hallucinante de noirceur du régime de Vladimir Poutine et de la corruption existante.
A l’aide d’une mise en scène, comme toujours chez lui, parfaitement maîtrisée et réfléchie, bénéficiant d’une interprétation sans faille de l’ensemble de ses comédiens, d’une justesse rare et d’un scénario sinueux qui pourra rebuter certains mais qui justement fait tout le sel de ce long-métrage, il nous plonge au coeur des abîmes de l’âme humaine avec parfois une solide dose d’humour (voir toutes les séquences de beuveries, dont une mémorable, lors d’un concours de tir en extérieur) contrebalancé derechef par une tonalité plus grave.
Et ce, pendant 2h20, sans faiblir.
Inexorablement, les différents protagonistes se dévoilent entre pathétisme absolu et quête d’une rédemption salvatrice illusoire.
Le nom de ce drame déroutant renvoie au cataclysme terrifiant capable de modifier la planète et d’en bousculer l’ordre et la géographie, à l’image exacte de ce qui est en train de se passer actuellement en Ukraine, quelle que soit l’issue de le crise.
Un constat implacable.
Une oeuvre magistrale.

 

 

THE SEARCH (Compétition officielle) (sortie prévue le 26 novembre)

de Michel Hazanivicius (Bérénice Bejo, Maxim Emelianov, Annette Bening)

 

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Nous sommes en 1999 lors de la seconde guerre de Tchétchénie. Après l’assassinat de ses parents dans son village, Hadji, un enfant, erre sur les routes parmi les réfugiés du conflit. Carole, chargée de mission pour l’Union Européenne, se bat pour que la communauté internationale intervienne de façon efficace. Kolia, 20 ans, est enrôlé de force dans l’armée russe. Raïssa, elle, cherche son petit frère. Tous vont se croiser à un moment…
Malgré toute la sympathie que j’ai à l’égard de Michel Hazanivicius, difficile de sauver quoique ce soit dans cette fresque si ce n’est une séquence d’ouverture fort bien exécutée.
Reprenant certaines situation des « ANGES MARQUÉS » (1948) de Fred Zinnemann, l’auteur de « THE ARTIST » est hélas incapable de faire ressentir la moindre émotion vis à vis de ses personnages et l’on reste consterné par certaines scènes, notamment celles réunissant Bérénice Bejo (Carole) et Abdul Khalim Mamutsiev (Hadji), tellement maladroites que cela en devient gênant. Empruntant au « FULL METAL JACKET » de Kubrick concernant le parcours de Kolia, sans jamais atteindre un dixième de la charge psychologique décrite par le célèbre barbu solitaire, Hazanivicus, certainement sincère, n’arrive pas à faire décoller son métrage et pêche par excès d’ambition.
Une totale incompréhension quant à sa place en compétition.
Le plus faible des prétendants.

 

NOS PALMES :

Palme d’Or : « LÉVIATHAN » de Andrey Zviaguintsev

Grand Prix : « TIMBUKTU » de Abderrahmane Sissako

Prix du jury : « STILL THE WATER » de Naomi Kawase

Prix d’interprétation masculine : STEVE CARELL (« FOXCATCHER » de Bennett Miller)

Prix d’interprétation féminine : JULIETTE BINOCHE (« SILS MARIA » d’Olivier Assayas)

Prix de la mise en scène : « WINTER SLEEP » de Nuri Bilge Ceylan

Prix du scénario : « RELATOS SALVAJES » de Damian Szifron

Caméra d’Or : « THE TRIBE » de Myroslav Slaboshpytskiy

 

On se retrouve le mercredi 28 mai avec un retour sur nos découvertes du marché du film et nos autres coups de coeur de Cannes 2014.

 

 

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