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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 18

Cannes, c’est une compétition officielle et des sections parallèles (c’est dans ces dernières que l’on trouve généralement son comptant et cette année ne dérogea pas à la règle).
Mais c’est également le plus gros marché du film du monde où l’on peut découvrir productions improbables venant des 4 coins de la planète et/où oeuvres déjà passées dans des festivals en début d’année, qui on déjà fait le buzz et qui passent ici pour la première, voire la seule fois en France.
Va suivre un petit florilège (en plusieurs parties) de nos coups de coeur et déceptions de l’édition 2014, sachant que les autres longs-métrages vus à l’occasion, du moins ceux qui sortiront dans les mois à venir dans les salles françaises, seront traités en temps et en heure, comme le formidable « HIPPOCRATE » de Thomas Lilti avec Vincent Lacoste et Reda Kateb, en septembre.
PS : Nous ne reviendrons pas sur un palmarès assez discutable.

 

FRANK (Marché du Film) (sortie indéterminée)

de Lenny Abrahamson (Domhnall Gleeson, Maggie Gyllenhaal, Michael Fassbender)

 

LENNY - photo 3

Et si le renouveau du cinéma indépendant venait d’Irlande ?
C’est ce qui apparaît avec « FRANK ».
Jon (Domhnall Gleeson), un apprenti musicien, persuadé qu’il a du talent, découvre, un soir, dans un bar organisant des concerts, un curieux groupe de pop expérimental mené par un énigmatique chanteur, Frank (Michael Fassbender), qui porte une grosse tête en papier-mâché en lieu et place de son visage. Enthousiasmé, il décide de les accompagner sur la route et de tenir un journal vidéo régulier relatant le quotidien de ses nouveaux compagnons…
Difficile, sur un tel canevas, de ne pas penser, même légèrement, au superbe (surtout en version longue) « PRESQUE CELEBRE » de Cameron Crowe.
Mais très vite, cette pensée disparait tant le propos exposé est totalement différent.
Lenny Abrahamson, à qui l’on doit une poignée de comédies dramatiques d’excellente facture comme « GARAGE » sur la vie d’un employé de station service ou récemment « WHAT RICHARD DID » narrant la descente aux enfers d’un brillant futur étudiant en université, oscille ici habilement entre moments humoristiques et poignants avec une utilisation d’un ton décalé, très personnel, qui pourra cependant dérouter par moment, mais faisant mouche.
Brassant des thèmes aussi divers que l’acceptation de soi, le chantage affectif, la perte de l’innocence, le processus créatif ou encore l’aliénation par les réseaux sociaux, Abrahamson, avec l’aide de ses comédiens au diapason, signe une ode à la liberté doublée d’une belle chronique libertaire où la séquence finale, portée par un Fassbender transcendé, arrache des larmes de tristesse et de bonheur.

 

 

LOST RIVER (Un Certain Regard) (sortie indéterminée)

de Ryan Gosling (Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Eva Mendes)

 

LOST RIVER - photo 3
Ryan par-ci, Ryan par-là.
Bref, Gosling super-star.
Pour les arrivistes, il l’est depuis « DRIVE » de Nicolas Winding Refn.
Pour d’autres, minoritaires, dont je fais parti, depuis « DANNY BALINT » en 2001 où, alors âgé de 20 ans, sa performance de juif développant des sentiments antisémites nous marqua durablement.
Initialement baptisé « HOW TO CATCH A MONSTER », voici « LOST RIVER », ses débuts derrière la caméra.
Dans une ville à l’agonie, Billy, une mère élevant seule ses deux enfants, pour subvenir à ses besoins, va se retrouver à travailler dans les bas-fonds tandis que son ainé, lui, trouve une voie secrète menant à une cité engloutie…
Dire qu’on l’attendait celui-là avec impatience est un euphémisme.
Hélas, notre attente fût loin d’être pleinement satisfaite.
Certes ce métrage bénéficie d’un travail plastique remarquable du belge Benoît Debie, directeur de la photo réputé à qui l’on doit, entre autres, « IRREVERSIBLE » et « ENTER THE VOID » de Gaspar Noé, qui s’est amusé là comme un petit fou, sans aucune restriction.
Le principal problème vient de la narration et des emprunts.
Pour le côté narratif, trop décousu, le spectateur a parfois du mal à s’y retrouver, le beau Ryan tentant de jongler avec ces deux histoires parallèles en misant sur une temporalité indécise.
De plus, il n’exploite jamais vraiment le potentiel onirique de son scénario.
Et pour ce qui est des hommages, qui vont de Lynch à Refn évidemment, en passant par Herzog, Walter Hill, Dario Argento et d’autres, on assiste à des copiés-collés mais sans véritable originalité de la part de son auteur qui juxtapose toutes ces références sans vraiment trouver d’unité, malgré des séquences véritablement réussies.
Notre blondinet a pêché par excès d’ambition pour un premier long valant néanmoins le coup d’oeil.

 

 

WHITE BIRD IN A BLIZZARD (Marché du Film) (sortie prévue le 15 octobre)

de Gregg Araki (Shailene Woodley, Eva Green, Christopher Meloni)

 

WHITE BIRD IN A BLIZZARD - photo
Triste.
Oui, triste de constater qu’un auteur aussi essentiel que Gregg Araki soit relégué au Marché du Film et ne bénéficie même pas d’une place dans une des sections parallèles de la Croisette.
On se souvient avec délice de son hilarant « KABOOM » ayant au moins, lui, connut justement une séance de minuit mémorable en 2010 à Cannes.
Mais au regard de ce « WHITE BIRD IN A BLIZZARD », présenté à Sundance, ce purgatoire est-il bien légitime ?
Kat Connors (Woodley) est une ado américaine de 17 ans. Un beau matin d’hiver, sa mère, Eve (Green), femme au foyer disparait sans laisser de trace. Se retrouvant seule avec son père, Brock (Meloni), un directeur d’une petite entreprise, elle va, entre la naissance des premiers amours et les sorties avec les copains, prendre progressivement conscience d’un manque…
Adaptant l’écrivaine et poétesse Laura Kasischke, le cinéaste de « MYSTERIOUS SKIN » poursuit inlassablement son travail d’entomologiste sur la jeunesse de la middle-class états-unienne.
Bénéficiant d’un maigre budget (ce qui transparait parfois à l’écran sans qu’il arrive à le camoufler entièrement) mais possédant encore le plus souvent sa patte d’esthète si reconnaissable et prisée lors de scènes d’ambiance envoutantes, Araki livre une tranche de vie inégale (un peu prévisible), colorée mais grave sur un sujet qui parlera aux adolescentes du monde entier.
Cette universalité du propos, il le doit également à un casting royal où les comédiens osent : Eva Green, magnétique, joue avec son image, Shailene Woodley, bien loin de l’asesptisé « DIVERGENCE », étonne et Christopher Meloni s’avère impeccable dans un emploi pas si facile.
Oui, définitivement, en dépit de quelques faiblesses, Gregg méritait mieux.

La suite demain.

 

 

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