Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N°129

LETO (Compétition Officielle) (sortie prévue le 5 décembre)

de Kirill Serebrennikov (Teo Yoo, Irina Starshenbaum, Roman Bilyk)

 

Machina Vremeni, Zvouki Mou, Alissa…
Si ces noms vous disent quelque chose, vous avez tout mon respect.
Sinon, ne vous en faîtes pas, c’est normal car il s’agit des quelques groupes de rock soviétiques, souvent fort bons, qui ont émergé dans les années 70 et 80, mais qui ont eu du mal à parvenir et surtout à percer sous nos latitudes.
Digne héritier des bardes russes, ces formations ont véritablement posé le jalon d’une contre-culture que les autorités, alors en place, prenaient un malin plaisir à interdire ou du moins à contrôler, car accusée de corrompre la jeunesse – éternelle rengaine.
Bercés par Les Stones, Dylan, Lou Reed et consort – et dont les disques circulaient en contrebande la plus totale – ces artistes ont trouvé un sens à leur existence, à une période pas rose du tout.
Deux d’entre eux, à l’origine de Zoopark et Kino, qui sont parmi les plus éminents représentants du courant évoqué ci-dessus, sont au coeur du nouveau film de Kirill Serebrennikov.
Ce dernier – hélas toujours assigné en résidence et accusé de détournement de subventions – après « UN DISCIPLE » présenté à « Un Certain Regard » en 2016, se trouve propulsé ici pour la première fois en sélection officielle.
Contrairement à d’autres – voir seconde critique à la fin de ce brillant article -, a t’il sa place pour espérer se retrouver au palmarès et décrocher une des récompense suprêmes ?
Été 1979. Leningrad. Mike, leader d’un rock-band à la réputation grandissante localement, et sa femme Natacha, font la connaissance du jeune Viktor Tsoï, apprenti musicien au talent certain. Ensemble, ils vont tenter de révolutionner la scène de l’époque…
Il y aurait tant à dire sur ce drame sublime, mais, pressé par le temps – les projections s’enchaînant à une cadence infernale -, essayons d’être le plus synthétique possible.

imgres
Dès la séquence d’ouverture, nimbée dans un noir et blanc absolument divin – comme l’ensemble du métrage – nous savons que nous allons avoir affaire à quelque chose de grand.
Et c’est effectivement ce qui arrive.
Souvent immersif et dégageant une foie absolue en ses personnages (nous apparaissant tout de suite empathiques), en leurs sentiments, en leur parcours, et ce avec une simplicité déconcertante – alors qu’en vérité, c’est le fruit d’un travail de titan en amont, « LETO » est à la fois une oeuvre militante, solaire, nostalgique et porteuse d’un espoir intergénérationnel en l’avenir.
L’amour y est pratiquement magnifié à chaque plan.
L’amour du cinéma comme vecteur des passions, l’amour de la musique et de son importance sur les êtres, l’amour naissant, l’amour finissant…
Les comédiens impressionnent d’intensité et de véracité, embrassant leurs rôles et faisant éclater la beauté de leurs personnages.
Convoquant aussi bien les surréalistes – plusieurs séquences sont chantées et graphiquement remplies d’effets de surimpression délirantes mais possédant un sens clair -, « THE WALL », « Wim Wenders, Ingmar Bergman, « CONTROL » d’Anton Corbjin, La Nouvelle-Vague – dans ce que celle-ci a de meilleur – le roman graphique, cette ode humaniste fait souffler un vent de désirs qui nous étreint encore longtemps après.
Voilà, c’est malin, maintenant j’suis à la bourre…

 

 

YOMEDDINE (Compétition Officielle) (sortie indéterminée)

de Abu Bakr Shawky (Rady Gamal, Ahmed Abdelhafiz, Shahira Fahmy)

 

Beshay, lépreux aujourd’hui guéri, n’avait jamais quitté depuis l’enfance sa léproserie, dans le désert égyptien. Après la disparition de son épouse, il décide de partir à la recherche de ses racines, ses pauvres possessions entassées sur une charrette tirée par son âne. Rejoint par un orphelin nubien qu’il a pris sous son aile, son voyage sera semé d’embûches…
C’est toujours pénible de devoir dire des choses désagréables sur une oeuvre cinématographique, même si celle-ci le mérite.
Allez, sérieux, mais qu’est-ce que ça fout là ?
Faiblesse de la mise en scène, scénario ni fait ni à faire, comédien véritablement atteint de la lèpre et alors ?
Est-ce une excuse pour ne rien proposer de valable ?
Lorsqu’on à la chance d’avoir un caractère tel que celui-ci, on se sort les doigts du c.. et on propose quelque chose à la hauteur, surtout pour ses débuts.
Lénifiant au possible, sans surprise, on perd son temps.
Pour parler comme les djeuns : « YOMEDDINE » (Yo, mais dit) le programmateur, ça tourne pas rond ?

 

02

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *