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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 91

LE CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES

de Cedric Nicolas-Troyan (Emily Blunt, Chris Hemsworth, Charlize Theron)

 

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Hasard du calendrier ou coïncidence délibérément provoquée ?
Qu’importe.
Après une récente mouture du « LIVRE DE LA JUNGLE », la semaine passée, voici une nouvelle aventure située dans l’univers de BLANCHE-NEIGE, autre classique de Disney.
Sauf que là, ce n’est pas la firme de l’Oncle Walt qui est aux commandes, mais un concurrent, UNIVERSAL, et qu’il n’y a pas l’héroïne popularisée au début du XIXe par les frères Grimm.
Blanche-Neige, vous connaissez tous l’histoire, au moins grâce au dessin animé de notre enfance.
On ne compte plus les adaptations plus ou moins fidèles, plus ou moins intéressantes, que ce soit des films pour le grand ou petit écran, des séries…
Citons l’amusant « BLANCHE-NEIGE : LE PLUS HORRIBLE DES CONTES » avec Sigourney Weaver et Sam Neill ou bien la parodie porno-érotique « BLANCHE-FESSE ET LES SEPT MAINS » de Michel Caputo, assez mémorable.
Dernièrement, outre une version mineure mais à l’esthétique chatoyante due à Tarsem Singh – le metteur en scène de « THE CELL » mais surtout de « THE FALL » -, il faut mentionner l’étonnant « BLANCANIEVES » (2012) de Pablo Berger où l’intrigue transposée dans les années 1920, reprenait les personnages du conte évoluant sur fond de tauromachie, dans un magnifique noir et blanc épuré.
Après « BLANCHE-NEIGE ET LE CHASSEUR », énorme carton à travers le monde, en voici la suite, qui est en même temps une préquelle (événements se déroulant avant) et donc une séquelle.
Bon, c’est un peu nébuleux dit comme cela, mais vous allez voir, c’est d’une simplicité biblique.
Longtemps avant qu’elle ne soit défaite par Blanche-Neige, la reine maléfique Ravenna avait été témoin de la douloureuse trahison amoureuse dont avait fait les frais sa soeur Freya. Celle-ci, le coeur brisé, s’exila dans un coin reculé du royaume et – possédant désormais la capacité de geler n’importe quel adversaire – fonda un empire où l’amour entre deux êtres est proscrit et puni de mort. Recueillant les jeunes enfants arrachés de force à leur famille par ses troupes afin d’en faire ses prochains soldats, Freya ne sait pas que le sentiment dont elle a banni l’existence va ressurgir entre deux de ses futurs guerriers, Eric et Sara, qui seront sanctionnés. Sept ans plus tard, notre Reine des Glaces doit récupérer le fameux miroir magique de son ainée qui vient d’être vaincue…

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En gros, la première demi-heure de ce second volet se situe avant le premier opus, et tout le reste a lieu juste après.
Vous y êtes ?
Parfait.
Signé par le français Cedric Nicolas Troyan, spécialiste des effets spéciaux à qui l’on doit notamment ceux de « PIRATES DES CARAÏBES : LA MALÉDICTION DU BLACK PEARL » (le number one, le meilleur de la saga), ce sympathique blockbuster est intéressant à plus d’un titre.
D’abord, il compile habilement et avec efficacité tous les codes – visuels, vestimentaires et de design des créatures – de ce qu’Hollywood nous a offert en Heroic Fantasy depuis 15 ans, du « SEIGNEUR DES ANNEAUX » à « MALÉFIQUE » en passant par « LE MONDE DE NARNIA » et consorts, et les mélange avec l’esthétique des pubs pour parfum chic – Dior en tête – pour déboucher sur une imagerie très personnelle (cela serait quand mêmes souhaitable d’essayer d’explorer des pistes novatrices en la matière).
Ensuite, et surtout, son fond.
En effet, il y a ici un curieux discours prônant le sectarisme – et le dénonçant à la fois, avec gourou (en l’occurrence, une femme), et ses adeptes, enfants en tête, qui peuvent se « réveiller » et vouloir s’affranchir des contraintes imposées par leur condition et s’extirper de l’aliénation mentale.
Les acteurs sont pour certains un peu trop vieux pour le rôle, confère le duo Chris Hemsworth – faisant enfin preuve d’une dérision bienvenue envers son personnage – et Jessica Chastain – en revanche, trop caricaturale et peu crédible en amazone.
Mais celle que l’on retient et qui éclipse tous ses collègues, c’est Emily Blunt (« SICARIO ») en Freya, radieuse et impériale, campant un portrait sensible de mère meurtrie par la vie.
Evoquant avec parcimonie « WILLOW », et malgré des facilités scénaristiques, ce « CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES » pourra faire fondre les plus réticents.

 

 

LE FILS DE JOSEPH

de Eugène Green (Victor Ezenfis, Fabrizio Rongione, Natacha Régnier)

 

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Vincent, à peine majeur, a été élevé avec dévotion par sa mère, Marie. Il ne connait pas l’identité de son père. Sa génitrice a toujours refusé de lui révéler qui il était. Pourtant, le jeune homme va découvrir qu’il s’agit d’un éditeur parisien égoïste et cynique, Oscar Pormenor. Désirant se venger, Vincent ourdi un plan. Dans l’exécution de son projet, il va rencontrer Joseph, un adulte marginal, qui le prend sous son aile…
Eugène Green est cultivé, c’est indéniable.
Écrivain, dramaturge, cinéaste, théoricien de la narration, féru de théâtre baroque, il a développé un véritable univers, qui s’est malheureusement énormément délité au fil du temps.
Car si ses travaux du début, « LE MONDE VIVANT » par exemple, ne sont pas exempt de quelques qualités, le reste est à éviter (« LA SAPIENZA »).
Voilà quelqu’un qui se revendique de Bresson (hahaha), d’Ozu (Hohoho), de Hou Hsiao-hsien (hihihi), de… Stop !
Arrêtons deux secondes les conneries.
Si un ersatz faisandé d’Eric Rohmer pour la diction des comédiens (Natacha Régnier et Mathieu Amalric font de la peine), une illustration approximative de la Bible, des dialogues d’une platitude et d’une bêtise consternante, des plans qui durent sans raison, une utilisation convenue de la musique classique et de monuments pour faire esthète (tout le monde n’est pas Paolo Sorrentino) raviront sans aucun doute les lecteurs de Télérama (les pauvres), les autres, oui, vous qui êtes plus censés, vous saurez faire la part des choses et éviter cette abomination.

 

 

BLIND SUN

de Joyce A. Nashawati (Ziad Bakri, Louis-Do de Lancquesaing, Yannis Stankoglou)

 

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Je ne sais pas pourquoi je vous en parle car ce thriller est distribué dans très peu de salles chez nous.
En même temps, c’est un peut-être un mal pour un bien vu la qualité générale de l’ensemble.
L’histoire promettait pourtant : en Grèce, alors qu’une vague de chaleur sans précédent s’abat sur le pays, un immigré est chargé de surveiller la propriété avec piscine d’un couple de français parti à l’étranger. Tandis que la violence gronde, d’étranges évènements se produisent dans la villa…
Si l’on note un travail sur la lumière assez remarquable, ce suspense est cependant d’une monotonie consternante.
Pour ses débuts dans le long métrage après quelques courts remarqués en festivals, Joyce A. Nashawati – à coup de de furtives ombres noires se baladant ici et là et d’une musique minimaliste censée provoquer l’inquiétude – tente de surprendre.
En vain.

 

 

GRANNY’S DANCING ON THE TABLE

de Hanna Sköld (Blanca Engström, Lennart Jähkel, Karin Bertling)

 

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Je ne sais pas pourquoi je vous en parle car ce drame est distribué dans très peu de salles chez nous.
Ben si justement, il faut.
Eini grandit au fond de la forêt avec son père qui l’a écartée volontairement du monde extérieur, en lui faisant croire que c’était dangereux et lui interdit tout contact.
Supportant de moins en moins cette hygiène de vie, l’adolescente – à travers des histoires sur sa grand-mère – va puiser les ressources nécessaires pour s’en sortir…
Proche de l’expérimental, aux frontières du fantastique, parsemé de séquences d’animation réussies, convoquant la rigueur formelle de Bergman et la tension sourde d’un Lars von Trier, voici un manifeste éclatant sur la violence familiale et son apparition au sein de la société.
Cette curiosité suédoise, absolument passionnante, est l’oeuvre de Hanna Sköld, une trentenaire captivée par le thème de la vieillesse.
Évoluant dans une nature inquiétante, la juvénile et diaphane comédienne Bianca Engström – une révélation – est bouleversante à souhait.
Attention, vous n’en ressortirez pas indemne.

 

 

LES MALHEURS DE SOPHIE

de Christophe Honoré (Caroline Grant, Anaïs Demoustier, Golshifteh Farahani)

 

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Après le poussif « MÉTAMORPHOSES » d’après Ovide, Honoré poursuit dans sa veine littéraire classique.
Ni transcendant, ni mauvais (même si on se range plus souvent dans cette deuxième catégorie de par les choix artistiques), cette adaptation du roman éponyme de la Comtesse de Ségur comporte néanmoins quelques instants troublants, emplis de noirceur, vis-à-vis des enfants, bien transcrits par les petites interprètes incarnant Sophie (l’espiègle Caroline Grant), Camille et Madeleine.
On déploiera les « vieilles », Muriel Robin, Anaïs Demoustier et Golshifteh Farahani, toutes guère terribles (affreusement compassées) et la musique d’Alex Beaupain, singeant Legrand et Gainsbourg.
À destination principale de nos chères têtes blondes, celles-ci devraient apprécier étant donné qu’elles ne sont pas encore corrompues comme moi.
Heureux les simples d’esprit…

 

 

L’affiche de la semaine : « THE GIRL ON THE TRAIN » de Tate Taylor

On retrouvera Emily Blunt dans ce qui apparaît comme un polar psychologique (diantre, quel joli poster), truffé de faux-semblants et inspiré d’un fait réel – celui impliquant Rachel, en dépression après son divorce et qui, chaque jour prend le train pour Londres et se projette dans la vie qu’elle suppose parfaite d’un autre couple. Un jour, la femme dudit couple disparait brutalement. Rachel commencera alors à enquêter.
Derrière la caméra, on retrouvera Tate Taylor, quelqu’un de très consensuel (« LA COULEUR DES SENTIMENTS ») et qui, on l’espère, ce coup-ci, se lâchera.
Réponse en octobre.

 

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