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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 70

 

AGENTS TRÈS SPÉCIAUX – CODE U.N.C.L.E

de Guy Ritchie (Henry Cavill, Armie Hammer, Alicia Vikander)

 

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Guy Ritchie.
Pour certains, ce nom provoque instantanément une poussée de boutons d’urticaire partout sur le corps : « Ritchie, le mec qui ne fait que des effets sans aucune mise en scène, beurk ».
Pour d’autres, ce n’est que du bon.
Pour ma part, je reste perplexe, étant partagé quelque peu entre les deux.
Si ses débuts avec « ARNAQUES, CRIMES ET BOTANIQUE » et « SNATCH » étaient sympathiques et, à défaut de tenir complètement la route, avaient le mérite de révéler certaines futures « vedettes » : Jason Statham et la carrière que l’on sait, Vinnie Jones (« MIDNIGHT MEAT TRAIN ») – ancien joueur de foot, qui est souvent un méchant formidable – la suite fut tout autre.
Car que ce soit le naufrage avec « À LA DÉRIVE », bluette insipide avec Madonna – alors son épouse – ou bien « REVOLVER » et « ROCKNROLLA », polars fatigants, rien de charitable à sauver.
Et puis, miracle, il y eut ses deux « SHERLOCK HOLMES » porté par le génial Robert Downey Jr, épatantes adaptations du héros de Conan Doyle, vivement critiquées par les thuriféraires du mythe londonien, ne souhaitant pas dépoussiérer leur idole.
Maintenant, il s’attaque à une série télé américaine culte des années 60 (l’égale au niveau gadget et inventivité de « CHAPEAU MELON ET BOTTE DE CUIR » de la perfide Albion).
En pleine guerre froide, Solo – un super agent de la CIA, séducteur et cleptomane – doit s’associer avec Kuryakin – son homologue du KGB, à la force titanesque – afin de mettre hors d’état de nuire une terrible organisation criminelle, détentrice d’une puissante bombe, qui menace l’ordre mondial. Aidée par la fille du scientifique allemand ayant mis au point l’engin de mort, ils se lancent dans une véritable course contre la montre pour retrouver l’arme nucléaire…
Si les personnages évoluant dans le show TV d’origine se complétaient à merveille malgré leur disparité (grâce au talent des comédiens Robert Vaughn et de David McCallum), il n’en est rien ici.
Pourtant, l’idée de nous montrer comment s’est constitué le duo (très à la mode) aurait pu être intéressant, seulement le scénario inconsistant n’est jamais à la hauteur des ambitions de cette parodie d’espionnage – qui, la pauvre, passe après le jouissif « KINGSMAN », sorti en début d’année, et dans une moindre mesure « SPY ».
Résultat, cela plante tout.
Faire du russe une brute épaisse et du yankee un raffiné, tout en jouant à fond sur les antagonismes, aurait pu s’avérait gagnant, mais les partitions écrites pour eux (les comédiens là ne sont pas à blâmer cette fois) ne s’accordent jamais, chacun semblant jouer dans son coin.
De plus, « AGENTS TRÈS SPÉCIAUX – CODE U.N.C.L.E » a oublié le fondamental de chez fondamental, cher à Alfred Hitchcock : « Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ».
Et présentement, que dalle, si ce n’est une jolie pépée insipide et ses hommes de main dont on se contrefiche éperdument.
On passera sur les scènes d’action assez mal fichues et les dialogues foireux.
Mauvais.
Bad Guy.

 

 

MUCH LOVED

de Nabil Ayouch (Loubna Abidar, Asmaa Lazrak, Halima Karaouane)

 

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Nabil Ayouch est un réalisateur franco-marocain, né à Paris, qui très tôt s’est passionné pour ses origines.
Il est un des rares, avec Philippe Faucon (« LA DÉSINTÉGRATION » et tout bientôt le joli « FATIMA »), à se pencher sur les moeurs arabes, soit en Afrique du Nord, soit dans l’Hexagone, via différents sujets d’actualité sociétaux.
Par exemple, les ravages de la drogue avec « UNE MINUTE DE SOLEIL EN MOINS » ou la montée du radicalisme religieux et terroriste qui était au coeur de son émouvant « LES CHEVAUX DE DIEU » en 2012, sélectionné « Un Certain Regard » à Cannes.
Cette année, il eut de nouveaux droits aux honneurs de la Croisette avec « MUCH LOVED », présenté à « La Quinzaine des Réalisateurs ».
Noha, Randa, Soukana sont des prostituées dans le Marrakech d’aujourd’hui. Véritables objets de désir, elles vont de soirées privées en soirées privées dans l’espoir de glaner de l’argent afin d’améliorer leur quotidien, tout en nourrissant des projets pour un hypothétique avenir meilleur…
Attention, car la promotion de ce touchant drame se fait grandement sur la censure virulente à laquelle il fut soumis au Maroc, entre menace de mort et interdiction, qui fustige « l’outrage grave faite aux valeurs morales et à la femme marocaine, et l’atteinte flagrante à l’image du royaume ».
Ce genre de publicité peut se retourner contre l’intéressé si jamais les spectateurs s’attendent à du Gaspar Noé.
Heureusement, ce n’est pas le cas.
Jonglant entre naturalisme, parfois proche du documentaire pour toutes les scènes extérieures, et la pure fiction, Ayouch dresse avant tout un vibrant portrait de femmes – et non une oeuvre sur la prostitution – soumises à la dureté des hommes qui se servent d’elles pour assouvir leur frustration.
Les actrices, non professionnelles font des merveilles, assénant des dialogues crus, tour à tour complices, sympathiques, cruelles, égoïstes, victimes mais ayant, en fin de compte, leur destin entre leurs mains.
Un bémol est à apporter.
À force de ne pas prendre parti, de rester « neutre », de ne pas juger et de vouloir apporter des éclairages sur l’« autre vie » de chaque protagoniste avec des différences de traitement, l’auteur de « MEKTOUB » amenuise la portée immersive de son long métrage qui demeure inabouti dans une certaine mesure.
Il n’empêche, « MUCH LOVED » vaut le détour.

 

 

N.W.A – STRAIGHT OUTTA COMPTON

de F. Gary Gray (O’Shea Jackson Jr, Corey Hawkins, Jason Mitchell)

 

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1987 n’est pas que l’année où Dorothée passa sur TF1.
1987, c’est également la naissance du N.W.A, collectif de hip-hop outre-Atlantique, de la banlieue sud de Los Angeles, qui propulsa le « gansta rap » à un niveau rarement égalé depuis et composé de la crème de la crème d’alors : Dr Dre, Ice Cube, Eazy-E, MC Ren et DJ Yella.
Un de leur tube emblématique reste « Fuck Tha Police » – N.T.M n’a rien inventé.
Carton surprise au box-office chez l’Oncle Sam, N.W.A – STRAIGHT OUTTA COMPTON raconte leur histoire, entre fondation, apogée, amitié, trahison.
Si l’atmosphère de tension raciale est plutôt bien retranscrit, point fort de toute la première partie de ce biopic musical, et les interprètes solides et crédibles – certains au mimétisme troublant par rapport aux vrais membres encore vivant du groupe – l’ensemble reste d’un classicisme de bon aloi, manquant de mordant.
Trop poli pour être honnête.
Le comble pour des anciens délinquants.

 

 

NOUS VENONS EN AMIS – WE COME AS FRIENDS

de Hupert Sauper

 

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Le Soudan, plus grand pays du continent africain, divisé en deux parties distinctes, est le terrain d’enjeux économique entre la Chine et les États-Unis, avides des ressources naturelles de son sol…
Après le trafic d’armes du terrifiant « LE CAUCHEMAR DE DARWIN », l’autrichien Hupert Sauper nous embarque à bord de son petit avion et parcourt cette nation en montrant, avec ce « NOUS VENONS EN AMIS » (tout est dans le titre) – pénétrante enquête via des témoignages et interviews édifiants d’industriels et de la population – les relents actuels et nauséabonds du colonialisme contemporain, ses dérives et les dégâts provoqués, certains irréversibles.
Primé, c’est mérité, à la Berlinale.
Ne chercher plus l’immanquable de la semaine.

 

 

FESTIVAL : FEFFS 2015

 

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Hormis la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, citer moi un autre intérêt d’aller faire un tour dans le chef-lieu de la région Alsace ?
Alors, personne ?
Bande de…
Et le FESTIVAL EUROPÉEN DU FILM FANTASTIQUE (ou FEFFS) alors !
Devenu au fil des ans, une manifestation ayant pignon sur rue dans son domaine et piloté avec professionnalisme par Daniel Cohen et son équipe.
Le sieur Cohen, sosie très éloigné de Bradley Cooper, maître de cérémonie à la descente de bière hallucinante, est capable de chanter du Pierre Bachelet la tête en bas.
La huitième édition aura lieu du 18 au 27 septembre dans les établissements STAR, VOX et UGC de la ville pour les nombreuses projections.
Programme gargantuesque avec toujours des longs et courts inédits ou proposés en avant-première, diverses animations, village avec exposants, jeux vidéo, zombie walk, master class et de nombreux invités, jury sous la direction de l’immense Enzo G. Castellari, (cinéaste fétiche de Tarantino), remise de prix.

No Merchandising. Editorial Use Only. No Book Cover Usage Mandatory Credit: Photo by Everett Collection / Rex Features ( 604703d ) 'The Wicker Man' - Christopher Lee 'The Wicker Man' film - 1973
Outre un hommage à Christopher Lee avec la diffusion du méphitique « THE WICKER MAN » et une rétrospective, intitulée KIDS IN THE DARK, dévolue aux enfants dans le courant fantastique – des incontournables comme « LE VILLAGE DES DAMNÉS », « LA NUIT DU CHASSEUR », « LES INNOCENTS » de Jack Clayton côtoieront des oeuvres plus rarement visibles comme les troublants « LA MAUVAISE GRAINE » de Mervyn LeRoy et « L’AUTRE » de Robert Mulligan, sans oublier le must « L’ESPRIT DE LA RUCHE », plein d’autres choses à se mettre sous la dent.

Quelques conseils.

En compétition :

« EMELIE » de Michael Thelin.

Alors que leur baby-sitter habituelle est indisponible, les époux Thompson – devant sortir fêter leur anniversaire de mariage – trouve en la personne d’une amie de cette dernière, une remplaçante idéale pour garder leur trois enfants. Mais l’est-elle vraiment, idéale ?

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Etonnant de maitrise pour une première fiction, Michael Thelin (à la carrière riche en collaboration avec des musiciens, clip, doc) revisite le film de « nounou » en y distillant une noirceur impressionnante, provoquant à la fois le trouble et par moment le malaise comme le Roman Polanski période « CUL-DE-SAC », et bénéficiant d’un casting impeccable, les enfants et leur gardienne, l’inquiétante Sarah Bolger.
Un gagnant potentiel sérieux.

« DER BUNKER » de l’allemand Nikias Chryssos (qui sera présent) a aussi, on lui souhaite, de sérieuses chances de figurer au palmarès comme cela fût le cas, en avril dernier, lors de la neuvième édition de Mauvais Genre, le festival international de cinéma de Tours, où il remporta le prix du Jury et le prix de la Critique.

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Ce récit autour d’un étudiant-chercheur s’isolant pour travailler dans un bunker tenu par une famille très particulière est un éblouissement et sidère par la radicalité de sa construction. Une proposition de cinéma unique et rare par les temps qui courent.

Concernant l’inégal mais remarquable « THE LOBSTER », dont j’ai déjà parlé ici même lors de mes comptes-rendus de Cannes, il sort bientôt en salle, tout comme le britannique « THE HALLOW » de Corin Hardy qui lui sortira également chez nous, sous le titre « THE WOODS » (je vous en toucherai deux mots plus en profondeur à ce moment là mais sachez juste qu’il s’agit d’un bel hommage aux films de créatures à l’ancienne, pas totalement abouti, mais visuellement splendide).

Deux « ratages » à éviter :

D’une part, « NI LE CIEL, NI LA TERRE » du français Clément Cogitore, sorte de « patrouille perdue » en Afghanistan, des disparitions mystérieuses etc…
Terriblement ennuyeux.
Pareil, une critique approfondie lors de sa sortie le 30 septembre.

D’autre part, un des représentants ibériques de la sélection, « SWEET HOME » de Rafael Martinez.

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Alice, travaillant dans une agence immobilière et chargée de recouvrement concernant les appartements loués de personnes ne pouvant plus payer, passe une soirée en amoureux avec son compagnon dans un des logements inoccupés dont elle a la responsabilité. Mais trois hommes débarquent dans la nuit avec des méthodes musclées pour déloger les récalcitrants…
Pourtant produit par la compagnie FILMAX, une référence en la matière, ce thriller mal joué et sans grande surprise est proche de la purge.

Il y a également dans la section « Midnight Movies », les rigolos « STUNG » et « TURBO KID », là aussi, déjà évoqués ici-mêmes dans les chroniques précédentes.
Et « HOWL » de Paul Hyett, un bon film de loup-garou rappelant quelque peu « HURLEMENTS » de Joe Dante.

Joe Dante ?

Cela tombe bien, vu qu’il sera l’un des invités d’honneur, et outre une projo en plein air de « GREMLINS », il présentera son ultime bébé, « BURYING THE EX ».
Max (Anton Yelchin, le Chekov du reboot « STAR TREK »), travaillant dans une boutique vendant des objets liés à la culture populaire, vieux films d’horreur, affiches, tenue particulière, est en couple avec Evelyn, une écolo humanitaire adepte de véganisme, qui commence à lui taper sur les nerfs. Décidant de rompre avec elle, il lui donne rendez-vous dans un parc et là un affreux accident provoque la mort d’Evelyn. Quelque temps après, ayant fait la connaissance d’Olivia, une vendeuse de glaces à thèmes, et flirtant avec elle, quelle ne sera pas la surprise d’Alex en se retrouvant nez à nez avec son ex, ressuscitée…
Dans la lignée de son nostalgique « THE HOLE », Dante livre un petit régal old-school, fort amusant, sans prétention, sentant bon le parfum d’antan, renvoyant à une époque où les réalisateurs prenaient leur temps pour raconter une histoire et installer un climat (gros soupir)…

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strasbourgfestival.com

Les DVD, le prochain coup.

 

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