life_1-620x348
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 69

LIFE

de Anton Corbijn (Robert Pattinson, Dan DeHaan, Ben Kingsley)

 

512380.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

James Dean, tout le monde connait.
Dennis Stock, en revanche, moins.
Pourtant, cet immense photographe lança en quelque sorte le mythe « James Dean » avec toute une série de clichés publiés dans le magazine LIFE, montrant la future idole des jeunes en toute simplicité, dans la rue battue par la pluie, chez le coiffeur ou bien auprès de ses parents dans une ferme de l’Indiana.
La relation établie entre ces deux jeunes hommes à l’époque (début 1955) est au coeur du nouveau film d’Anton Corbijn (« CONTROL »).
Jeune ambitieux, Dennis Stock désire obtenir le succès avec les photos qu’il prend des célébrités du monde artistique des années 50. Lors d’une soirée people à Hollywood, il croise un jeune acteur débutant et sent que celui-ci possède un gros potentiel. Il décide alors de lui consacrer un reportage…
Après un remarquable biopic sur Ian Curtis, le chanteur suicidaire du groupe JOY DIVISION, Corbijn tâta du thriller avec, d’abord, une réussite passée quelque peu inaperçue, l’étrange « THE AMERICAN » où Georges Clooney trouvait pourtant là un de ses meilleurs rôles en tueur à gages, et ensuite « UN HOMME TRÈS RECHERCHÉ », adaptation inégale d’un roman John Le Carré avec le regretté Paul Seymour Hoffman.
À chaque fois, la mort plane autour des personnages centraux, qu’elle soit personnalisée ou plutôt traitée de manière abstraite.
Ici, on ne déroge pas à la règle.
Déjà, bien évidemment, le titre « LIFE » qui se réfère moins au célèbre journal qu’à la vie avec un v majuscule.
Car, avant tout, nous avons affaire à un grand drame sur l’existence.
Soient deux êtres que tout oppose : l’un (Stock) est citadin , opportuniste par besoin, et malgré un fils, n’a pas de vie de famille ; l’autre (Dean) est plutôt campagnard, se laisse porter par la vague, et bénéficie d’un cocon familial où il peut se réfugier.
Chacun incarne un miroir de l’âme pour l’autre.
Il y a Robert Pattinson, pas mal du tout en capteur d’images, qui après son passage chez Cronemberg, semble poursuivre un choix de carrière à contre-courant de l’image qu’il incarne pour beaucoup depuis « TWILIGHT ».
Mais il y a surtout le passionnant Dan DeHaan (« CHRONICLE »).
Outre le mimétisme physique incroyable avec le héros de « LA FUREUR DE VIVRE », tout, de la gestuelle au regard, en passant l’intonation de la voix, est d’un naturel bluffant et ce, sans jamais, que l’on sente à un seul instant la performance à tout crin.
DeHaan EST James Dean (son modèle dans le métier), avec ses doutes, ses fêlures et permet de comprendre que ce p’tit gars rural n’avait en définitive rien demandé à personne, qu’il s’est retrouvé happé par un engrenage qui l’a dépassé et qui ne lui a laissé aucune chance.
En dépit du ton un peu austère se dégageant parfois de l’ensemble – qui pourra avoir raison de certains – allez quand même vous frotter à cette oeuvre profonde et émouvante.
Vous verrez, cela fait du bien.

 

 

YOUTH

de Paolo Sorrentino (Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz)

 

youth-810x434

Je vous avais déjà touché deux mots quant à l’énorme envie suscitée, sur le papier, par « YOUTH », le nouveau Paolo Sorrentino, et qu’il me tardait de visionner.
C’est chose faite et même deux fois : la première à Cannes où il fut présenté en Compétition Officielle (revenu bredouille), la deuxième récemment.
Fred, un célèbre compositeur et chef d’orchestre, maintenant à la retraite et Mick, scénariste et directeur pour le septième art, finissant un travail, sont amis depuis des lustres et approchent de leur 80 printemps. Au calme, dans un hôtel luxueux, au pied des Alpes, ils vont au gréer de rencontres faire le point sur leur vie présente et d’antan…
Sorrentino, véritable maestro esthétique, livre une fois encore des plans graphiques à tomber par terre mais où, à contrario de son éblouissant « LA GRANDE BELLEZZA », le propos ici ne suit pas forcément la forme.
Evoquant certaines comédies italiennes douces-amères de l’époque d’Ettore Scola et de quelques Fellini (ombre tutélaire qui parcourt sa carrière), l’ami Paolo ne parvint qu’à toucher juste qu’à des moments épars.
Le casting, l’association Michael Caine/Harvey Keitel, tourne surtout à l’avantage du premier, épatant (un prix d’interprétation aurait été amplement justifié ne serait-ce que pour couronner son immense CV), le second étant moins convaincant même si savoureux.
Tour à tour nostalgique, cruel et plein d’espoir pour l’avenir, et en dépit de forçer le trait, « YOUTH » comporte son lot d’idées scéniques étourdissantes (quelle célébration de la femme !) mais pas suffisant pour emporter totalement l’adhésion.
Bancal mais boudiou que c’est beau.

 

 

LE TRANSPORTEUR : HÉRITAGE

de Camille Delamarre (Ed Skrein, Ray Stevenson, Loan Chabanol)

 

125713.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

Pourquoi ?
Oui pourquoi ?
Quel intérêt de faire un « reboot » (une nouvelle version – y’a des lecteurs non anglophones) de la saga du « TRANSPORTEUR », franchise à succès de l’écurie de Besson ?
La thune ?
Non, je n’y crois pas.
Le manque d’imagination ?
Ça en revanche… Surtout quand on voit le niveau de la chose, nullissime, réalisée par Camille Delamarre, coupable du déjà inutile « BRICK MANSIONS ».
Ecoutez un peu.
Ex-mercenaire des Forces Spéciales, Frank Martin, au sourire inexistant, s’est spécialisé dans la livraison de colis pas toujours indentifiables pour des clients souvent peu recommandables mais qui payent grassement. Alors que son papounet, vieux beau sur le retour, vient lui rendre visite dans le sud de la France, notre « comique » se fait accosté par trois pouffiasses voulant se venger de leur horrible souteneur, un maffieux russe – pléonasme. Il va les aider car c’est écrit dans le scénario…
Reprenant le rôle de Jason Statham, le dénommé Ed Skrein, au charisme de merlan, s’évertue à jouer des nageoires dans une esthétique transpirant la pub pour parfum tendance à chaque plan, entouré du sosie de Captain Iglo, d’une bande de morues et de quelques cachalots perdus dans une mer(de) noire.
Attention, produit avarié !

 

 

QUEEN OF EARTH

de Alex Ross Perry (Elisabeth Moss, Katherine Waterston, Patrick Fugit)

 

queen-of-earth-cropped

Catherine, traversant une mauvaise passe dans sa vie privée, se réfugie chez son amie d’enfance, Virginia, qui l’installe dans la maison de campagne de ses parents. Mais au fur et à mesure que les journées défilent, Cathy adopte un comportement de plus en plus étrange…
Alex Ross Perry nous avait donné, récemment, l’insupportable « LISTEN UP PHILIP », démarquage raté à la Woody Allen sur l’écrivain Philip Roth.
Pourtant ses débuts en 2009 avec le curieux « IMPOLEX » (inédit chez nous) – où un soldat s’évertue à chercher les missiles oubliés par les allemands à la fin de la seconde guerre mondiale – qui rappelle fortement l’univers décalé des premiers Wes Anderson avec quelques trouvailles intéressantes, laissait présager du meilleur.
Ce qui s’avère être le cas avec ce « QUEEN OF EARTH ».
Hélas distribué sur trop peu de copie, ce drame psychologique est pourtant hautement recommandable de par : sa facture technique, simple mais immersive ; son sujet qui est l’égocentrisme et ses conséquences affectives ; son interprète principale, Elisabeth Moss – la Peggy Olson de la série télé MAD MEN – prodigieuse, tour à tour empathique, inquiétante, malsaine et pitoyable, symbole d’un mal être d’une certaine Amérique.
Bouleversant.

 

 

L’affiche de la semaine : « LISTENING » de Khalil Sullins

 

Je ne sais pas ce que vaudra ce thriller de science-fiction – des étudiants surdoués mettent au point un appareil révolutionnaire capable de lire dans les pensées de n’importe qui – dont la sortie est imminente aux États-Unis, mais rien que pour le poster, superbe et alléchant (et peut-être trompeur)…

 

listening_ver3

 

 

04

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *