THE GRAND BUDAPEST HOTEL
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 6

THE GRAND BUDAPEST HOTEL

de Wes Anderson (Ralph Fiennes, Tony Revolori, Bill Murray)

THE GRAND BUDAPEST HOTEL -photo 2
Spike Jonze, Sofia Coppola, Wes Anderson, ils font tous partie de cette même génération de francs-tireurs, volontiers qualifiés de «hype» par une intelligentsia toujours avide de modèles archétypaux.
Spike Jonze est le plus profond et son sublime «HER» avec Joaquim Phénix, dont on reparlera, le prouve une fois encore.
Sofia Coppola, euh, on a arrêté de chercher tant ses récents travaux frisent avec le néant absolu.
Wes Anderson, lui, est peut-être bien le plus singulier avec une filmographie inégale mais souvent digne d’intérêt.
Ayant remporté le Grand Prix du jury (Ours d’Argent) lors de la Berlinale 2014, «THE GRAND BUDAPEST HOTEL» débarque aujourd’hui dans les salles.
Gustave H (Ralph Fiennes) est le maître d’hôtel d’un célèbre et luxueux palace européen de l’entre-deux-guerres. Assisté de Zéro Moustafa (Tony Revolori), un garçon d’étage qu’il a pris sous son aile, il devra lutter contre les héritiers d’une riche veuve décédée qui lui a légué un tableau datant de la Renaissance et à la valeur inestimable…
Contrairement à «MOONRISE KINGDOM» et surtout à «THE FANTASTIC MR FOX», Anderson signe un film légèrement décevant, mais néanmoins peuplé de bonnes choses.

Côté positif :
– Les trouvailles visuelles toujours aussi percutantes, de la couleur choisie pour tel décor, jamais innocente aux effets de perspectives en passant par le soin apporté au cadre et les références cinéphiles (James Bond, Nosferatu).
– Le défilé incroyable de comédiens, plus ou moins brèves apparitions, les habitués, l’éternel complice Bill Murray, Willem Defoe, prodigieux en méchant très inquiétant, Adrian Brody, Edward Norton, l’historique Owen Wilson qui revient au générique en passant par tous les nouveaux, Léa Seydoux, Tilda Swinton, Mathieu Amalric, Saoirse Ronan, F. Murray Abraham, Jude Law et le Guatémaltèque Tony Revolori, débutant à fort potentiel.

Côté négatif :
– Le comique de situation, pourtant une des marques de fabrique du réalisateur, trop mécanique et perdant souvent de ses effets d’annonce.
– Un sentiment d’une jubilation interne, trop personnelle, qui peut laisser parfois de marbre.
– Une envie de trop bien faire dans la forme au détriment du fond.

Wes Anderson, ou l’art jubilatoire du mi-figue, mi-raisin.

 

 

SUPERCONDRIAQUE

de Dany Boon (Dany Boon, Kad Merad, Alice Pol)

SUPERCONDRIAQUE

 

 

Bon, faut bien le reconnaître, quitte à choisir une comédie avec Dany Boon et une avec Franck Dubosc, l’auteur de ces lignes opte sans conteste pour le p’tit gars du Nord. D’autant plus quand il passe derrière la caméra car même si cela ne casse pas trois pattes à un canard, c’est souvent rigolo.
Non, vous ne rêvez pas, je suis en pleine possession de mes moyens et vous avez bien lu.
Que ce soit avec son premier long, «LA MAISON DU BONHEUR», avec un Daniel Prévost égal à lui-même ou «RIEN A DECLARER» qui vaut surtout pour le numéro savoureux de Benoît Poelvoorde en raciste anti-français, Dany Boon s’en tirait pas trop mal jusqu’alors.
Hélas, toute chose a une fin.
«SUPERCONDRIAQUE» narre les tribulations de Romain Flaubert (Boon), quasi-quadragénaire, sans femme ni enfant, travaillant comme photographe pour un dictionnaire médical en ligne mais souffrant d’hypercondrie aigüe, ce qui parasite sa vie. Un jour, en assistant son seul ami, son médecin traitant, Dimitri Zvenska (Kad Merad), lors d’une mission humanitaire en aide à des réfugiés du Tcherkistan, un pays imaginaire, et suite à un quiproquo, il intervertit son identité avec celle du héros national du petit état…
Gags poussifs où le summum des trouvailles censées être drôles voit notre trublion s’asperger la figure de liquide désinfectant ou se faire poursuivre par un caniche dans un appartement, dialogues et jeu des comédiens quasi-inexistants à l’exception d’un Dany Boon en surrégime mais qui lasse au bout d’un moment, scénario bâclé car l’idée de base autour de cette maladie, plus répandue qu’il n’y paraît, était intéressante : tout concourt à un ratage.
De plus, l’association, primordiale, avec Kad Merad ne marche pas là au contraire des CH’TIS.
Voilà ce que c’est que de partir du principe que le public est acquis à l’avance à sa cause, on en devient paresseux et j’en foutiste.

 

 

UN ETE A OSAGE COUNTY

de John Wells (Meryl Streep, Julia Roberts, Evan McGregor)

 

UN ETE A OSAGE COUNTY
En 1998, «FESTEN» de Thomas Vinterberg rappelait de façon sidérante que le film de réunion de famille est un genre à part entière.
Avant lui, il y eût Chabrol, Scola, Martin Ritt, Pascal Thomas, Klapisch…
Et récemment, que ce soit le formidable «ANOTHER HAPPY DAY» de Sam Levinson, l’affligeant «DIVIN ENFANT» d’Olivier Doran ou bien encore «UN CONTE DE NOËL» d’Arnaud Desplechin, ce moment privilégié, ou pas (c’est selon), continue d’inspirer les cinéastes.
Ce coup-ci, c’est John Wells, auteur auparavant de «THE COMPANY MEN», solide drame sur les conséquences de la crise aux USA avec Ben Affleck, qui s’y colle. Il adapte pour cela une pièce de théâtre à succès de Tracy Letts, le scénariste de «BUG» et «KILLER JOE», les deux meilleurs Friedkin depuis longtemps.
Suite au décès de leur père, les filles Weston se retrouvent, après plusieurs années de séparation, dans leur maison familiale de l’Oklahoma, entourées de leur maman paranoïaque et de leurs proches. Très vite, les secrets et rancoeurs de chacun apparaissent…
Contrairement à nombre de ces prédécesseurs, sur le même sujet, qui prenaient généralement leur temps pour installer une ambiance allant crescendo jusqu’à l’explosion finale, Wells, lui, débute avec une séquence d’une violence psychologique froide, centrée autour du personnage matriarchale, incarnée par Meryl Streep.
Le ton est donné.
S’ensuivra un terrible repas où tout le monde, à tour de rôle, en prendra pour son grade.
Très vite, les hommes s’effacent, réduits à des pièces rapportées, à l’exception d’un, tandis que les femmes, véritables maîtresses de leur couple, à défaut de l’être entièrement de leur destin, tentent de résister à la reine-mère, multipliant les petites phrases perfides.
Casting impeccable sur toute la ligne avec une mention spéciale à Julia Roberts, saisissante.
En dépit de quelques passages un peu téléphonés et d’une facture classique, «UN ETE A OSAGE COUNTY» s’avère une oeuvre passionnante et emblématique sur la solitude.

 

 

Le DVD de la semaine : «FEDORA»

de Billy Wilder / Carlotta

 

FEDORA DVD
Pour tous les amateurs de Billy Wilder et tous ceux qui ne connaitraient la carrière de ce génie que via «CERTAINS L’AIMENT CHAUD», l’ami CARLOTTA a la merveilleuse idée de sortir en édition collector Blu-Ray et DVD, l’ultime chef-d’oeuvre de 1978 de cet autrichien d’origine, «FEDORA» («BUDDY BUDDY», datant de 1981, remake de «L’EMMERDEUR» de Molinaro, est anecdotique et sans grand intérêt).
Barry Detweiler (William Holden), producteur américain indépendant, assiste aux funérailles de l’actrice Fédora (Marthe Keller), l’égale des Garbo et autre Dietrich. Devant le cercueil, il se souvient alors de ces dernières semaines où il avait tenté d’aller sur l’île grecque où la star vivait en recluse afin de lui proposer de faire son comeback en incarnant une nouvelle «ANNA KARENINE» et de ce qu’il découvrit…
Différant totalement de «BOULEVARD DU CREPUSCULE», déjà avec Holden, si ce n’est le milieu décrit, en l’occurrence, le 7ème art, «FEDORA» se veut un constat amer de la situation que rencontrait à l’époque l’auteur de «LA GARCONNIERE», ayant du mal à concrétiser ses projets. Dénonçant, via ce destin déchu d’une ex-gloire, la nouvelle politique des gros studios, Billy Wilder règle ses comptes avec cette touche d’ironie matinée de gravité qu’il savait distillé comme personne.
Possédant différents niveaux de lecture, d’une intelligence folle, d’une sensibilité extrême et d’une interprétation sans faille, un autre achat obligatoire qui a le mérite, via, en bonus, un long documentaire nécessaire et instructif expliquant la génèse, avec interventions de la plupart des protagonistes d’alors, d’exhiber des images et scènes rares du maître en train de travailler.
FEDORA Photo

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