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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 32

THE NOVEMBER MAN

de Roger Donaldson (Pierce Brosnan, Olga Kurylenko, Luke Bracey)

 

THE NOVEMBER MAN

Au début des « fifties », Ian Fleming lança la mode du super agent secret, amateur de femmes et de cocktails raffinés, avec James Bond.
Le cinéma suivit et n’eût de cesse de piocher dans le vivier littéraire qui fit fleurir nombre d’épigones de 007, plus ou moins proches et intéressants et, surtout, collant à leur époque.
On citera, par exemple, Jack Ryan, le personnage d’analyste de la CIA, crée par le regretté Tom Clancy ou Jason Bourne de Robert Ludlum, lui aussi disparu.
Bill Granger, qui nous a quittés également (les morts ont souvent inspiré Hollywood) est moins connu que les trois précités du public européen mais cependant digne d’intérêt avec sa saga, débutée en 1979, centrée sur Peter Devereaux, un espion des services américains alias « THE NOVEMBER MAN », devenu maintenant film.
Lors d’une mission pour éliminer un homme politique gênant, Mason (Bracey), le jeune agent que Peter Devereaux (Brosnan) entraîne, fait une bavure, tuant un innocent. Quelques années plus tard, Devereaux, qui avait pris sa retraite, revient sur le devant de la scène lorsqu’une de ses ex-maîtresses, le grand amour de sa vie, est menacée par un général russe corrompu. Il plonge, alors, au coeur d’une machination où son passé va resurgir dont son ancien élève…
Pierce Brosnan, on le sait, est l’archétype même de la sophistication, légèrement compassée, ce qui lui valut d’incarner, pour la télé, « Remington Steele » et, ensuite, naturellement, Bond.
Déjà avec « LE TAILLEUR DE PANAMA » de John Boorman (en mode mineur), il pastichait son rôle fétiche.
Ici, point de parodie, mais plutôt un Brosnan méconnaissable, inquiétant et brutal car ce qui frappe avec ce thriller grand public, c’est la violence qui y est montrée. Pas une violence purement démonstrative comme c’est le cas, parfois, avec la série des « BOURNE » mais également psychologique où les actions vont de pair avec les paroles prononcées.
L’opposition entre le maître et son disciple est bien tenue (Luke Bracey se révèle) et la belle de service, Olga Kurylenko (« QUANTUM OF SOLACE ») est VRAIMENT belle.
Alors, certes, tout n’est pas parfait, loin de là, (la tueuse experte du KGB ne sert à rien et les motivations des méchants sont des plus classiques) mais Roger Donaldson, outre le mythique « COCKTAIL », capable du pire (« LE PACTE » avec Nicolas Cage, « LE PIC DE DANTE » déjà avec Pierce) comme du très bon (le mésestimé « BRAQUAGE A L’ANGLAISE »), assure le job de façon efficace.
Plaisant.

 

 

VIE SAUVAGE

de Cédric Kahn (Matthieu Kassovitz, Céline Sallette, David Gastou)

 

VIE SAUVAGE

Philippe Fournier (Kassovitz), dit « Paco », est ce que l’on appelle un marginal. Il vit chichement avec sa compagne Carole Garcia (Sallette), dit « Nora » et leurs trois enfants dans une caravane, à la campagne, en communauté. Un beau matin, Nora ne supportant plus ce mode d’existence, embarque les gamins chez ses parents. Ayant obtenu légalement leur garde, elle les confie à Paco pendant chaque vacances. Mais un jour, ce dernier ne ramène pas Okyesa et Tsali, 6 et 7 ans. Commence ainsi un périple de onze ans où le père et ses fils vont rester cachés sous différents identités…
Tiré de l’affaire Fortin qui fit grand bruit en 2009, provoquant moults réactions avec la condamnation de Xavier Fortin à deux ans de prison pour avoir, une décennie auparavant, récupérer sa progéniture et s’être enfui avec eux, le nouveau long métrage de Cédric Kahn, « VIE SAUVAGE » est inégal.
Si toute la première partie mettant en scène Paco et les deux garçons, enfants, est la plus intéressante de par le parti pris esthétique (le rapport à la nature, superbement rendu) ainsi que la force et la conviction des comédiens, que ce soit Matthieu Kassovitz, crédible, et les débutants David Gastou-Sofiane Neveu, autant la seconde, centrée sur leur adolescence, déçoit.
A cela, une explication possible : les Dardenne.
En effet, les frangins ont produit ce drame et on ne peut s’empêcher d’y voir leur influence, tant bénéfique que néfaste.
Pour le meilleur, un ton naturaliste dont Cédric Kahn (« LES REGRETS ») est assez coutumier qui, parfois, donne de belles choses (comme dans la première heure).
Pour le pire, ce même naturalisme qui, paradoxe, peut conduire à un assèchement des émotions, une neutralité de point de vue et un désintéressement progressif, de la part du spectateur, concernant les principaux protagonistes (comme lors du deuxième acte).
Foutus belges.

 

 

FILS DE

de et avec HPG (Gwenaëlle Baïd, Karina Testa, Christophe)

 

fils de

Hervé-Pierre Gustave dit HPG, est un hardeur.
Rien à voir avec AC/DC, encore qu’il est très «rock’n roll» à sa manière.
Son public, des personnes majeures et vaccinées.
Son univers, le porno.
Acteur et, depuis peu, réalisateur se tournant vers le cinéma dit «traditionnel».
Son dernier bébé, « FILS DE », sort maintenant sur les écrans.
En assistant aux premiers pas de son fiston, HPG, médusé, se voit poser un ultimatum par Gwen, sa femme : soit il continue seul sa carrière sordide dans le cinoche cochon, soit il change de milieu et devient un papa responsable. En proie à plusieurs interrogations, Hervé-Pierre, caméra à la main, demande alors conseil à ses proches…
Histrion sympathique, HPG, depuis ses débuts en tant que metteur en scène, a crée un monde bien personnel et décalé, à base de trip égocentrique souvent amusant et d’une solide dose de poésie.
Que ce soit avec « ON NE DEVRAIT PAS EXISTER » (son incarnation de Condoman !) ou « LES MOUVEMENTS DU BASSIN » (et son Eric Cantona en proxénète bien particulier), les réactions sont généralement tranchées : on aime où on déteste.
Là, en filmant son quotidien, il prend des risques car cet ancrage dans la réalité peu difficilement souffrir d’une quelconque tromperie sous peine de faire décrocher le public.
Pari risqué donc mais pari, dans l’ensemble, assez tenu.
Entre moments réellement touchants avec ses mômes (dans la salle de bains), avec sa conjointe Gwenaëlle, épatante, et ses amis dont les artistes Christophe et Izïa Higelin, HPG se met à nu.
Les bémols sont le rythme global de ce journal intime, parfois un peu heurté et la propension au maître d’oeuvre d’en faire, parfois, un peu trop (un narcissisme récurrent) comme pour la fin de la séquence où il a du mal à bander sur un tournage car il s’est disputé avec sa conjointe auparavant.
Malgré ses défauts et ses qualités, saluons la sincérité de l’entreprise.
En vérité, « FILS DE » n’est pas né sous X.

 

 

ET (BEAUCOUP) PLUS SI AFFINITES

de Michael Dowse (Daniel Radcliffe, Zoe Kazan, Adam Driver)

 

ET BEAUCOUP PLUS SI AFFINITES

Wallace (Radcliffe), étudiant en médecine, a rompu depuis des mois avec sa copine qui l’avait trompé. Blasé du sentiment amoureux, il rencontre, au cours d’une soirée, Chantry (Kazan), une fille travaillant dans un studio d’animation, à l’humour certain et subit un coup de foudre. Le problème étant que Chantry est déjà en couple avec Ben, travaillant à l’ONU. Elle propose alors à Wallace de devenir amis. Cela marchera-t-il ?
C’est ce que vous découvrirez en allant voir  » ET (BEAUCOUP) PLUS SI AFFINITES « , où se cache, derrière ce titre français idiot (l’original étant  » WHAT IF « , plus mystérieux), une charmante romance où Daniel Radcliffe trouve son meilleur emploi depuis feu  » HARRY POTTER « .
Responsable, auparavant, du déjanté  » FIGHT GAMES  » sur des hockeyeurs de troisième zone et, surtout, du génial  » FUBAR 2  » (qui remporta le prix du jury, en 2011, lors de la cinquième édition de Mauvais Genre, le festival international de cinéma de Tours), chronique sensible et hilarante sur un duo d’amateurs de heavy metal, l’homme aux manettes, Michael Dowse, arrive, une fois encore, à prodiguer de l’espérance aux loosers les plus patentés.
Pas mal.

 

 

Le DVD de la semaine : « LE GRAND EMBOUTEILLAGE »

de Luigi Comencini / TAMASA

 

LE GRAND EMBOUTEILLAGE DVD JAQUETTE

 

Si vous êtes, comme moi, restés de grands enfants où si, tout simplement, vous en avez, des enfants, j’espère que le nom de Lugi Comencini vous est familier.
Si ce n’est pas le cas, ne vous inquiétez pas.
Dans les années 60-70, un quator de cinéastes italiens révolutionnèrent la comédie transalpine.
Ettore Scola, le plus social, Dino Risi, le plus amer, Mario Monicelli, le plus drôle et Luigi Comencini, le plus nostalgique.
Peu à peu, l’oeuvre de Comencini est éditée (il y a de quoi faire) chez nous en DVD.
La dernière parution en date est due à TAMASA, une maison au catalogue passionnant et au travail de restauration toujours brillant.
Il s’agit du « GRAND EMBOUTEILLAGE » datant de 1979 et sélectionné à l’époque, à Cannes, en Compétition Officielle.
A la sortie de Rome, un bouchon monstre bloque l’autoroute. Il y a un industriel avec son chauffeur, un acteur célèbre voyageant incognito, un bourgeois irrascible avec sa femme, une féministe et sa guitare, un futur marié… Tous sont bloqués et prennent, comme ils peuvent, leur mal en patience…
Luigi Comencini a eu deux versants dans sa carrière (je schématise).
Une dédiée à l’enfance avec nombre d’incontestables joyaux tels « LES AVENTURES DE PINOCCHIO » (attention, la version longue), « L’INCOMPRIS » ou « CASANOVA, UN ADOLESCENT A VENISE ».
L’autre, plus ironique, mordante, comme « L’ARGENT DE LA VIEILLE », « LES RUSSES NE BOIRONT PAS DE COCA-COLA ! » ou l’excellent « MON DIEU, COMMENT SUIS-JE TOMBE SI BAS ! ».
« LE GRAND EMBOUTEILLAGE » appartient à ce courant.
Ce qui frappe de prime abord, c’est la façon qu’a Comencini de rendre crédible, sur-le-champ, chaque personnage apparaissant dans le cadre, qu’on le retrouve ou non après.
Ensuite, l’ambiance, proche du fantastique, s’y dégageant.
Cela passe par la musique, juste quelques notes, idéalement placées, du méconnu Fiorenzo Carpi et la photo, tantôt ocre, tantôt contrastée, de l’immense Ennio Guarnieri.
Le casting royal n’est pas en reste : du veule et ridicule Alberto Sordi au vénérable Fernando Rey, echappé un temps de Bunuel, en passant par les incontournables Marcello Mastroianni et Ugo Tognazzi, la sublime Stefania Sandrelli, sans oublier, coproduction oblige, les Frenchies de service, Miou-Miou, Depardieu et Patrick Dewaere ! Tous jouent une partition parfaite.
Cette formidable comédie dramatique, toute proche du film à sketches si en vogue alors, s’avère un implacable constat sur la médiocrité humaine et l’absurdité du comportement des êtres.
Glaçante (une scène de viol traumatisante, qui sidère à chaque vision et hante longtemps après), elle fait réfléchir à plus d’un titre.
Outre le choix entre VOSTF et VF, niveau bonus, seul un livret instructif signé par Jean A.Gili, spécialiste habituel à qui l’on recourt quand il s’agit de l’Italie, alors qu’il existe des bribes de vidéos enrichissantes.
Il est des opus filmiques qui marquent plus que d’autres et auxquels il fait bon revenir
En voici un.

Probka-neveroyatnaya-istoriya-1979

 

09

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