LES HEURES SOMBRES
de Joe Wright (Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Ben Mendelsohn)
Joe Wright a une carrière qui me fascine, sautant par exemple d’une adaptation soignée et solide d’un livre de Jane Austen – « ORGUEIL ET PRÉJUGÉS » – à une nouvelle mouture d’ « ANNA KARENINE » – très réussie – à la mise en scène brillante, tout en passant par « HANNA », un conte initiatique trouble et entêtant.
Son dernier opus, « PAN », chef d’oeuvre sur les débuts héroïques du célèbre personnage crée par J.M Barrie – était un formidable voyage dans le temps à destination des eighties en permettant d’en retrouver l’esprit – tout le contraire de l’affreuse série tv STRANGER THINGS.
« PAN » fut hélas, comme « JOHN CARTER » ou « TOMORROWLAND », injustement boudé par le public.
Ce dernier préférant s’émoustiller sur les très grosses franchises, aseptisées au possible
En fait, Wright est un anarchiste à sa manière.
Il ose des films « autres », presque anachroniques dans la production de maintenant.
S’essayant au biopic d’homme politique ayant marqué son temps, notre trublion de service a t’il réussi à transcender ce genre bien codifié ?
Angleterre. Mai 1940. Alors que l’armée allemande a envahi la France et se déploie sur la côte Atlantique, le premier ministre britannique, Neville Chamberlain, est sommé par l’opposition au parlement de démissionner. Après moultes discussions, c’est Winston Churchill qui est choisi pour le remplacer. Son premier discours devant ses pairs, mémorable – « Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur » – est le point de départ d’une légende en marche…
Le challenge de ce genre d’entreprise est d’arriver à concilier la petite histoire avec la grande (comprendre les évènements qui se sont réellement déroulés), afin d’apporter un éclairage.
Comme toujours avec l’ami Joe – entre la reconstitution de l’époque évoquée particulièrement soignée (décors, costumes), et un jeu quasi permanent dans les plans entre l’ombre et la lumière – rien n’est laissé au hasard.
Utilisant un calendrier qui apparait de temps à autre sur la gauche, il entreprend une évolution chronologique de ce moi de mai 40, crucial pour la Grande-Bretagne.
Soulignons avant tout l’interprétation prodigieuse de Gary Oldman dans le rôle du « Vieux Lion » qui défia Hitler. Aidé par les maquillages hyperréalistes du talentueux japonais Kazuhiro Tsuji (« LA PLANÈTE DES SINGES », « LOOPER », « LE GRINCH »…) – sorti de sa retraite pour l’occasion – l’inoubliable interprète du « DRACULA » de Coppola compose un Churchill proche d’un W.C. Fields, tout en malice et frondeur.
Un travail minutieux et extrêmement physique pour un comédien.
Et pourtant, malgré cela, auquel s’ajoutent quelques traits d’humour bien sentis – confère les entrevues entre le roi George VI et son nouveau premier ministre – et une métaphore limpide sur sa propre condition de cinéaste, Joe Wright peine à convaincre.
En s’étant surtout concentré sur la forme au détriment du fond, il s’avère quasi incapable de traduire la solitude de l’homme politique, et établi de façon trop linéaire son parcours, manquant d’aspérités, et où tout s’enchaîne en deux coups de cuillère à pot (la scène du métro, idéalisée).
De plus, les personnages féminins sont hélas trop en retrait, pour une fois, chez le réalisateur.
Et pourtant, ces « HEURES SOMBRES » valent le détour car c’est un vrai film de cinéma.
Désolé, c’est tout ce que j’ai trouvé comme conclusion…
EL PRESIDENTE
de Santiago Mitre (Ricardo Darín, Dolores Fonzi, Erica Rivas)
Le chef d’état de l’Argentine, Hernán Blanco, est convié – tout comme ses homologues latino-américains – à un sommet se déroulant dans un hôtel isolé de la Cordillère des Andes. Mais, entre un scandale impliquant sa fille présente et la finalisation compliquée d’un accord primordial pour son pays, son séjour ne sera pas de tout repos…
Continuant, après « PAULINE », à ausculter l’impact du monde politique sur les individus, le natif de Buenos Aires – également scénariste pour la figure de proue du 7ème art argentin, l’inégal mais toujours intéressant Pablo Trapero – s’essaie au thriller psychologique flirtant avec le fantastique, présenté à un Certain Regard lors du Festival de Cannes l’an passé.
Malheureusement, trop de froideur, des enjeux bien vite balayés (voire la séquence entre le représentant de l’Oncle Sam – incarné par un Christian Slater qui cachetonne – et Blanco, parfaitement incarné par le toujours excellent Ricardo Darin), associées à un manque de conviction d’embrasser véritablement le surnaturel, font que l’on ne s’ennuie certes pas à la vision de ce drame d’une facture technique irréprochable mais que l’on reste sur sa faim.
Et au sortir des fêtes, c’est tout de même con.
INSIDIOUS : LA DERNIÈRE CLÉ
de Adam Robitel (Lin Shaye, Leigh Whannell, Angus Sampson)
Aucun intérêt d’une franchise – ici le 4ème chapitre – qui commence à ressembler méchamment à du « OUI-OUI » horrifique.
D’ailleurs, bientôt, début du tournage d’ « INSIDIOUS : LA GOMME ENCHANTÉE » !
LES TOPS/FLOPS 2017
Ce classement ne concerne que les oeuvres sorties dans les salles.
FLOPS 2017 :
10 – « QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT » de Juan Antonio Bayona / « THE LAST GIRL – CELLE QUI A TOUS LES DONS » de Colm McCarthy
9 – « GHOST IN THE SHELL 3D » de Rupert Sanders / « LA MOMIE » de Alex Kurtzman
8 – « SI J’ÉTAIS UN HOMME » de Audrey Dana / « LE RAID » de Dany Boon (des purges parmi tant d’autres dans la production française et qui continuent d’être financées)
7 – « AMERICAN HONEY » de Andreas Arnold
6 – « SILENCE » de Martin Scorsese
5 – « LE BONHOMME DE NEIGE » de Tomas Alfredson / « DUNKERQUE » de Christopher Nolan
4 – « STAR WARS – LES DERNIERS JEDI » de Rian Johnson
Podium :
3 – « ALIEN COVENANT » de Ridley Scott / « BLADE RUNNER 2049 » de Denis Villeneuve
2 – « LES PROIES » de Sofia Coppola / « THE LAST FACE » de Sean Penn
1 – « KINGSMAN 2, LE CERCLE D’OR » de Matthew Vaughn
TOPS 2017 :
10 – « LA GRANDE MURAILLE » de Zhang Yimou
9 – « THE JANE DOE IDENTITY » de André Øvredal / « ON L’APPELLE JEEG ROBOT » de Gabriele Mainetti
8 – « TRAQUE À BOSTON » de Peter Berg
7 – « CRUEL » d’Eric Cherrière
6 – « LA PLANÊTE DES SINGES – SUPRÉMATIE » de Matt Reeves / « LOGAN » de James Mangold
5 – « TÉHÉRAN TABOU » de Ali Soozandeh / « UN HOMME INTÈGRE » de Mohammad Rasoulof
4 – « MISE À MORT DU CERF SACRÉ » de Yorgos Lanthimos
Podium :
3 – « GRAVE » de Julia Ducournau
2 – « QUE DIOS NOS PERDONE » de Rodrigo Sorogoyen
1 – « LA LUNE DE JUPITER » de Kornél Mundruczó
Le prochain coup, du cinoche encore et tjs mais aussi, enfin, des conseils de lecture (BD, roman, beaux livres), pour celles et ceux qui ont encore des étrennes à dépenser.
Les autres, allez vous faire cuire un oeuf, mais mes meilleurs voeux tout de même.