la-lune-de-jupiter_5879535
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N°116

LA LUNE DE JUPITER (Compétition Officielle) (sortie prévue le 1er novembre)

de Kornél Mundruczó (Zsombor Jéger, Merab Ninidze, Gyorgy Cserhalmi)

 

Pour les amateurs éclairés, le septième art hongrois se résume généralement à deux noms, voire trois pour les plus vicieux.
István Szabó qui, avec le déliquescent « MEPHISTO », en 1981, fustigeait l’opportuniste des artistes au temps des nazis. Porté par un impérial Klaus Maria Brandauer – le méchant affrontant Sean Connery/James Bond dans « JAMAIS PLUS JAMAIS » – ce drame gagna l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Plus récemment, Béla Tarr via, notamment, « L’HOMME DE LONDRES », adaptation austère et magnifique du roman de George Simenon, ou encore « LE CHEVAL DE TURIN », renforça la renommée du pays.
On passera sous silence Nimród Antal, tâcheron responsable du médiocre « PREDATORS ».
Pourtant, d’autres noms méritent le détour comme Zoltán Fábri ou György Pálfi (le sidérant « TAXIDERMIE »).
Et puis, il y a peu, le dénommé Kornél Mundruczó débarqua et cela s’avéra une des plus belles révélations de ces derniers temps.
Ayant deja connu les honneurs de la sélection cannoise en 2010, avec « TENDER SON : THE FRANKENSTEIN PROJECT », injustement passé inaperçu sur un garcon en rébellion face à ses proches, il eut la reconnaissance internationale avec « WHITE GOD » qui narrait la revolte sanglante de chiens face aux humains. Un film émouvant et violent, doublé comme souvent chez ce cineaste, d’une allégorie politique ou sociale.
Se retrouvant de nouveau à concourir pour la récompense suprême, a-t-il cette fois des chances de l’emporter ?
Aryan, la vingtaine, est un émigré syrien tentant de gagner la Hongrie avec son père et un groupe de ses compatriotes. Lors du passage à la frontière, la police intervient et la situation dégénère. Au cours de cet accrochage, Aryan se fait tirer dessus et commence alors à léviter dans les airs. Le Dr Stern, recueillant le blessé, s’apercoit en l’examinant du pouvoir incroyable de celui-ci et décide de l’exploiter à des fins commerciales…
Après deux longs ratés (« FAUTE D’AMOUR » et « WONDERSTRUCK ») en compétition, voici tout le contraire.
A l’aide de plans séquences magistraux – tant d’un point de vue technique que de découpage – immersifs pour beaucoup (notamment une course poursuite en voiture qui enterre celle des « FAST AND FURIOUS » et ume séquence finale hallucinante de tension), d’un casting solide, Mundruczó signe un métrage profondément humaniste, dur, pessimiste et optimiste en meme temps, rédempteur, et allie cette maitrise formelle à un discours pronant la tolérance et l’acceptation de l’immigration, constituants essentiel du futur européen et même mondial.
Si certains pourront trouver le scénario abracadabrantesque ou le propos religieux con – comme une poignée de confrères que je ne citerai pas car ce serait leur faire trop d’honneur -, c’est qu’ils n’auront rien compris et on ne prendra pas le temps de leur expliquer, tant cette « LUNE DE JUPITER’ s’impose comme une évidence.
Fort à parier qu’Hollywwod fera tout pour débaucher ce talent qui ne cesse de surprendre.
Lors de sa sortie, ruez vous donc sur ce « LES FILS DE L’HOMME » chez les migrants.
Oui, ni plus, ni moins.

 

 

OKJA (Compétition Officielle) (sortie prévue sur Netflix le 28 juin)

de Bong Joon-Ho (Seo-Hyun Ahn, Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal)

 

De nos jours, pour pallier à la famine dans le monde, un gros groupe industriel a mis au point des super-cochons, censés révolutionner la chaîne aimentaire. Pendant dix années, la jeune Mija s’est occupée sans relâche d’Okja, l’un d’eux, une femelle, auquelle elle a tenu compagnie au beau milieu des montagnes de Corée du Sud. Mais la situation évolue quand la multinationale récupére son bien et le rapatrie à New-York. Aidée par une bande de doux rêveurs, défnsurs des animaux, nore juvénile héroine va tout faire pour ramener son amie chez elle…
Décidément, après l’éblouissement de dessus, en voilà un second.
Bong Joon-Ho est sans aucun doute, plus qu’un Park Chan-Wook (« OLD BOY »), le metteur en scène du pays du Matin calme le plus essentiel de nos jours – avec Kim Ki-Duk – tant il n’a jamais déçu.
Je n’aborderai pas ici la polémique NETFLIX qui fait fureur sous les palmiers, car « OKJA » ne sortira pas en salle en France, mais uniquement sur la chaîne de l’entreprise américaine.
Je dirai juste que grâce à elle, ce film délirant et poignant a vu le jour.
Et c’est le plus important.
Absurde, intelligent, burné, inventif, sombre, poétique, sensible, les mots manquent.
Après « SNOWPIERCER », maître Bong prouve qu’on peut effectuer des merveilles avec des capitaux de l’Oncle Sam, sans se renier.
Les comédiens, coréens comme ricains – mention spéciale à Jake Gyllenhaal en allumé total -, jouent en osmose parfaite.
Attention, les larmes vous guetteront.
Coup de coeur absolu.

 

06

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *