Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N°114

LA LA LAND

de Damien Chazelle (Ryan Gosling, Emma Stone, Rosemarie DeWitt)

 

« Le cinéma est un art qui se nourrit perpétuellement de son passé. »
Je ne sais pas si cette phrase existe dans un des prétendus manuels censés expliquer à quel point le septième art est formidable et comment qu’il faut faire pour analyser l’image, la signification de tel ou tel plan, etc…
En fait, je m’en fous.
C’est simplement tout ce qui m’est venu à l’esprit pour débuter cette critique.
Aussi, vous pouvez la faire vôtre, je ne vous demanderai aucune royaltie.
Ceci étant dit, reprenons.
Les réalisateurs contemporains ayant appliqué cet axiome à la lettre à travers leurs films ont généralement déçu.
Pour un Leos Carax ou un Spielberg – quand celui-ci est inspiré – on ne dénombre plus les mauvaises oeuvres signées Tim Burton (n’ayant plus rien à dire depuis quinze ans) ou Tarantino (qui vomit les références sans les avoir assimilé).
Donc lorsque un p’tit nouveau pointe le bout de son nez et tente lui aussi de rendre hommage à un temps révolu, forcément, on croise les doigts pour être satisfait du résultat final, tant cela devient rare.
Acclamé au Festival de Venise et de Toronto, voici que « LA LA LAND » débarque enfin – à fond les ballons – dans les salles hexagonales.
Engouement mérité ?
À Los Angeles, Sebastian – un pianiste de jazz de clubs ringards, désirant ouvrir son propre établissement, et Mia – serveuse dans la cafétéria d’un gros studio hollywoodien et voulant absolument devenir actrice – vont se rencontrer, s’aimer et se déchirer…
Après le formidable « GUY AND MADELINE ON A PARK BENCH », drame musical en noir et blanc, mélangeant John Cassavetes des débuts et Jacques Demy, jamais sorti en France, et la bombe « WHIPLASH » – bijou d’émotion brute, sauvage, entraînant, fustigeant à sa façon la success story à l’américaine avec son absolutisme et ce qu’elle peut engendrer (dégâts physiques, mental perturbé), Damien Chazelle signe ici son troisième long métrage.


Attention, pour ne pas se méprendre sur ce qui va suivre, nous sommes face à un très bon film, MAIS…
Oui, il y a un mais.
Si le but avoué de ressusciter la grande comédie musicale est parfaitement noble, autant faut-il savoir le faire.
Car la séquence d’ouverture – hommage direct à « WEST SIDE STORY » – censée donner le ton, voire même quelques clés de compréhension pour la suite, ne fonctionne pas.
La faute à une mécanique trop bien huilée et manquant d’implication émotionnelle.
Et c’est ainsi pendant une bonne grosse demi-heure où l’on enchaîne les clins d’oeil ouvertement affichés à « LA FUREUR DE VIVRE » où les deux interprètes principaux endossent fugacement les défroques de James Dean et Natalie Wood, tout comme aux musicals de Vincente Minnelli où l’on invoque Gene Kelly et Cyd Charisse, avec une exposition sommaire et peu immersive des caractères des protagonistes.
Et puis, soudain, tout bascule.
Par petites touches, on stoppe tous les numéros chantés et le spectateur prend – avec une montée crescendo – un drame humain magnifique et dur dans la tronche sur deux êtres voués à s’aimer mais que les aléas du destin vont malmener.
Si Gosling est inégal – bôoooooo, d’après la gent féminine non partiale et qui se rassure comme elle peut – mais convaincant au final, celle qui emporte tout, c’est Emma Stone.
Fiévreuse, parfois au bord de la rupture, la native de l’Arizona éblouit l’écran de sa présence.
Ceux qui sont déjà en couple, ou ceux attiré(e) par une personne « inaccessible » car les conditions ne sont pas forcément propice pour le moment à une histoire commune, ce film-ci répondra à beaucoup des questions que vous vous posez.
Les autres, vous verrez bien.
C’est parfois optimiste, parfois triste, parfois joyeux, parfois douloureux.
Comme la vie.

 

 

TOUS EN SCÈNE (3D)

de Garth Jennings (Avec les voix de Matthew McConaughey, Reese Witherspoon, Scarlett Johansson)

 

Buster Moon est un koala idéaliste qui dirige un théâtre, jadis illustre, mais aujourd’hui tombé en désuétude et menacé de destruction. Croulant sous les dettes, il a subitement une idée pour tenter de sauver la bâtisse, organiser une compétition internationale de chant. Les cinq candidats retenus – une souris charmeuse mais malhonnête, une jeune éléphant timide, une truie mère d’une famille nombreuse, un gorille ado tourné malgré lui vers la délinquance, et une porc épic punk – sont loin de se douter qu’ils vont vivre une drôle d’aventure…
Sans remonter aux fabuleuses BD de Calvo (et dont l’un des chefs-d’oeuvre LA BÊTE EST MORTE attend en vain son adaptation en dessin animé, pourtant régulièrement annoncée depuis une dizaine d’années), les récits comportant uniquement des animaux dans l’art ne sont pas si légion.
Au cinoche, hormis « LA FERME DES ANIMAUX », une poignée de Walt Disney, un ou deux Ghibli et quelques rares autres, pas grand chose.
Auteur du fort agréable et à réévaluer « H2G2 : LE GUIDE DU VOYAGEUR GALACTIQUE », Garth Jennings livre une merveille d’animation, d’une fluidité et inventivité folle, fustigeant la télé réalité et renouant avec l’authenticité artistique telle qu’elle était perçue au siècle dernier.
Pour tout dire, votre serviteur en a eu les larmes aux yeux.
Chut, ne le répétez pas…

 

THE BOYFRIEND – POURQUOI LUI

de John Hamburg (James Franco, Bryan Cranston, Zoey Deutch)

 

Produite par la baleine Jonah Hill, et incapable de faire cohabiter harmonieusement gaudriole trash et romantisme, cette comédie enfile les perles et déçoit malgré un casting fort honorable.
Un métrage inutile, alors que tant d’autres le sont et resteront invisibles.
Alors oui, POURQUOI LUI ?

 

 

L’affiche de la semaine : « BAYWATCH » de Seth Gordon

Rien à dire de charitable, le poster se suffisant à lui même…

 

 

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