Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 108

LES SEPT MERCENAIRES

de Antoine Fuqua (Denzel Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke)

 

Décidément, à chaque semaine, son remake.
Pire, cette fois-ci.
Un remake d’un remake !
Mais, bon sang, de qui se moque-t-on ?
Sauf que là, c’est tout l’inverse en fait.
Mais avant de rentrer plus précisément dans le vif du sujet, un peu d’histoire.
En 1954, une bombe débarque sur les écrans, « LES 7 SAMOURAÏS ».
Le maître d’oeuvre, Akira Kurosawa, réinvente le film d’aventures historiques.
Le génial japonais n’aura de cesse d’influencer nombre de ses collègues, dont Georges Lucas pour « STAR WARS » – lequel, pour le remercier, produisit « KAGEMUSHA ».
Mais bien avant le papa de « LA GUERRE DES ÉTOILES », un autre cinéaste, John Sturges – dont on ne soulignera jamais assez l’importance – décide d’adapter le « classique » nippon pré-cité, Lion d’Argent à Venise.
C’est ainsi qu’en 1960, un autre boum éclate dans les salles avec « LES SEPT MERCENAIRES ».
Ah, Chris, Vin, Britt, Bernardo et les autres luttant contre l’infâme Calvera qui martyrise les paysans.
Yul Brynner, Steve McQueen, Eli Wallach, James Coburn… tous inoubliables.
Alors, me direz-vous – question rituelle – : « Pourquoi, oui, pourquoi ??? »
Surtout, qu’en plus, il y eut des « suites » dans les sixties, allant du sympathique (« LE RETOUR DES SEPT ») au nettement moins bon (« LES COLTS DES SEPT MERCENAIRES »), sans oublier une série télé assez médiocre à l’orée des années 2000.
Donc, What The Fuck ? (Cette utilisation furtive de l’anglais est à destination des lectrices et lecteurs de cette rubrique, résidant dans l’Est de notre beau pays et préférant, hélas, la VF à la VO – ne désespérons pas, peut-être qu’un jour…)
Seulement, comme indiqué en préambule de cette critique, la surprise est qu’Hollywood ne s’est pas foutu de nous ici.
Et d’abord, de quoi ça cause, même si l’on connait la trame générale.
1879. La petite ville de Rose Creek est sous le joug de l’impitoyable Bartholomew Bogue, industriel qui vole les terres des locaux, exploite les minerais des environs et à la tête d’une armée dévouée de sbires tout aussi cruels. Suite à une exaction de trop, certains habitants partent chercher de l’aide. Ils la trouveront en la personne de Sam Chilsom, chasseur de primes – as de la gâchette – et de six autres combattants hors pair…


Disons-le d’emblée, nous avons affaire, ni plus, ni moins, qu’à un excellent western redonnant sa noblesse au genre.
Le nom du principal responsable de cette réussite : Antoine Fuqua (les bons « TRAINING DAY » et « THE EQUALIZER », tous deux avec déjà Denzel Washington, mais surtout le superbe « L’ÉLITE DE BROOKLYN »).
Plutôt que de coller bêtement au modèle de Sturges, notre américain de service s’en éloigne quelque peu, ne serait-ce que par la temporalité de l’action – nous sommes en pleine mutation du Far-West, la Révolution Industrielle battant son plein – se rapprochant en cela de l’approche d’un Kurosawa.
Comportant des moments de tension incroyables où tout se fige dans le cadre pendant une poignée de secondes, de deux grosses séquences de fusillade haletantes et impressionnantes d’énergie, cette version s’avère en filigrane une oeuvre crépusculaire et ouvertement politique – confère notamment les mercenaires qui survivront à cette aventure et la lutte des classes proposée avec le capitaliste froid, calculateur et trichant avec le système, opposé à la notion de partage et faisant plier les autres par la force économique et physique.
Ayant assimilé – à l’inverse du tâcheron Tarantino – ses références westerniennes, de Ford à Anthony Mann, et bénéficiant d’un casting diablement efficace – Washington imposant, Chris Pratt, Ethan Hawke, Peter Sarsgaard, formidables et un Vincent D’Onofrio, halluciné en trappeur mystique – Fuqua signe un excellent divertissement, à la fois moderne et respectueux du passé.
Rare par les temps qui courent et d’autant plus précieux.

 

 

RADIN !

de Fred Cavayé (Dany Boon, Laurence Arné, Noémie Schmidt)

 

François Gautier est professeur de violon. Son leitmotiv, depuis sa plus tendre enfance, c’est économiser. Payer lui provoque des suées. Ses voisins n’en peuvent plus de son avarice ? Il n’en a cure. Mais il a un coeur. Pour preuve il tombe amoureux d’une musicienne et apprend qu’il a une fille dont il ignorait l’existence. Débarquant à l’improviste chez lui, sa progéniture s’est faite une vision idéale de son père. Celui-ci s’emploiera à lui cacher la vérité…
Fred Cavayé, à qui l’on doit le solide thriller « POUR ELLE » et quelques polars dénotant dans la production française (« À BOUT PORTANT », « MEA CULPA ») – à défaut d’être pleinement convaincants faute d’un acting approximatif (merci Gilles Lellouche) – s’essaie avec « RADIN ! » à la comédie.
Hors, si la sincérité du réalisateur de vouloir divertir le spectateur sans le prendre pour une buse est évidente, le long métrage n’est pas terrible du tout.
La faute en incombe principalement au rythme proposé.
Trop souvent, Cavayé use d’un tempo propre au suspense dont il s’est fait un spécialiste, mais qui présentement ne fonctionne pas, amoindrissant les effets comiques.
Dany Boon se prend pour Bourvil mâtiné de De Funés.
Forcément, cela n’arrange rien à l’affaire.
Gardez votre thune et précipitez-vous plutôt sur le bijou juste en dessous.

 

 

DOGS

de Bogdan Miricā (Dragos Bucur, Gheorghe Visu, Vlad Ivanov)

 

Dans cette colonne, j’ai souvent défendu et également descendu le cinéma roumain.
Du positif, lorsque cela est mérité, comme « 4 MOIS, 3 SEMAINES ET 2 JOURS » de Cristian Mungiu, « MÈRE ET FILS » de Calin Peter Netzer ou bien « 12 H 08 À L’EST DE BUCAREST » de Corneliu Porumboiu.
Du négatif, à l’instar des récents et mauvais « LE TRÉSOR » du même Porumboiu (comme quoi..), « L’ÉTAGE DU DESSOUS » de Radu Muntean ou encore de « SIERANEVADA » de Cristi Puiu, où nous sommes à chaque fois dans le cas typique de ce que l’on appelle communément «le film estampillé festival», vain et chiant.
Avant le magnifique « BACALAUREAT » de Mungiu (sortie prévue le 7 décembre) – le grand oublié du palmarès cannois de cette année – voici « DOGS », qui lui aussi eut les honneurs de la croisette mais dans la section Un Certain Regard.
Roman est de retour sur le domaine de son grand-père qu’il vient de recevoir en héritage. Alors qu’il décide de vendre cette propriété où rien ne pousse, il se trouve confronté à des mafieux dont son aïeul était le chef. Ces derniers ne reculeront devant rien pour préserver cette terre au centre de leur trafic…
Il y a des oeuvres dont il ne faut pas trop parler.
Sachez juste que ce premier long – d’un nouveau talent à suivre – est envoûtant à plus d’un titre, poisseux, désespéré, et traite de l’absurdité de la vie avec une violence feutrée peu commune.
Comment, vous êtes toujours là ?

 

 

MORGANE

de Luke Scott (Kate Mara, Anya Taylor-Joy, Paul Giamatti)

 

Consultante en gestion du risque, Lee est envoyée dans un établissement scientifique isolé et tenu secret pour enquêter sur un événement terrifiant qui s’y est déroulé. Un médecin a été énuclée par une patiente, Morgane, une jeune fille apparemment innocente qui porte en elle la promesse du progrès technologique. Mais les choses pourraient s’avérer être plus complexes que cela…
Luke Scott – rejeton de Ridley – après un court métrage, se tente le passage dans la court des grands.
S’attaquant à la SF qui fit la gloire de son illustre géniteur – et sur un scénario très « frankensteinien » – il livre malheureusement un thriller un peu trop prévisible dans son déroulement et à la symbolique inutilement appuyée.
Dommage, car les interprètes féminines, Kate Mara (« SEUL SUR MARS ») et Anya Taylor-Joy (la révélation du terrifiant « THE WITCH ») ont un charisme indéniable.
C’est Renaud qui va faire la gueule.

 

 

L’affiche de la semaine : « BOO! A MADEA HALLOWEEN » de Tyler Perry

Quasi inconnu de ce côté-ci de l’Atlantique, mais star en son pays, Tyler Perry est un comédien et metteur en scène noir qui tourne des productions à destination principalement des blacks.
Reprenant ici son personnage fétiche de Tante acariâtre et gaffeuse, il propose un énième délire où les morts-vivants seront de la partie.
Ce sera peut-être nul ou pas, mais le poster est rigolo.
C’est déjà ça.

 

 

06

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