Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 107

BLAIR WITCH

de Adam Wingard (Valorie Curry, Callie Hernandez, Brandon Scott)

 

Monteur, scénariste, directeur de la photo et réalisateur, le sieur Wingard est capable du meilleur (« A HORRIBLE WAY TO DIE », présenté en 2011, lors du respectable, reconnu à l’étranger et respecté Mauvais Genre, le festival international de cinéma de Tours) comme du pire (« YOU’RE NEXT », home-invasion – un genre où des personnes malintentionnées essaient de s’introduire chez d’autres – raté et risible).
Récemment, son « THE GUEST » – un vétéran de la guerre d’Irak s’installe chez la famille d’un ami soldat tué au combat -, s’avérait un régal de série B convoquant aussi bien le Walter Hill des années 80 tel « EXTRÊME PRÉJUDICE » que « DRIVE » de Nicolas Winding Refn pour le look du mystérieux « héros » et une ambiance « vintage » résolument post-moderne.
En 1999, le « PROJET BLAIR WITCH » – carton planétaire et historique – a remis, au goût du jour, le « found footage » (des enregistrements vidéos que l’on retrouve et où apparaissent des protagonistes qui ont filmé l’action de façon subjective, caméra à l’épaule).
« Inventé » en 1980 par Ruggero Deodato pour son « CANNIBAL HOLOCAUST », ce procédé narratif a pullulé depuis ces dix dernières années sur les écrans, et si l’on dénombre quelques incontestables réussites – « [REC] », « CHRONICLE », « HOME MOVIE », « UNFRIENDED », « THE VISIT » -, force est de reconnaitre que la grande majorité de la production reste médiocre – le surfait « CLOVERFIELD », les « PARANORMAL ACTIVITY », « REDACTED », « THE BABY », « PYRAMIDE », « CHRONIQUES DE TECHERNOBYl »…
L’ami Adam a décidé, lui, d’entreprendre une suite – et non un remake, cela a son importance – au « BLAIR WITCH PROJECT ».
Autant dire que la barre est haute.
S’en est-il honorablement sorti ?


Afin d’élucider les mystères autour de la disparition en 1994 de sa sœur Heather, James et une bande d’amis décident de s’aventurer dans la forêt de Black Hills, située dans le Maryland, qu’une légende dit hantée par l’esprit d’une sorcière. Rencontrant deux habitants de la région, ceux-ci leur proposent de les guider à travers les bois tortueux. Durant la nuit, une présence menaçante se manifeste auprès du groupe…
Tout d’abord, mentionnons l’injustement décrié « BLAIR WITCH 2 : LE LIVRE DES OMBRES », réflexion pertinente concernant l’impact du phénomène Blair Witch sur la population.
Ici, aucune mention n’en est faite.
Évidemment, la surprise ne joue plus auprès des caractères évoluant devant nos yeux car ils savent que des rumeurs circulent sur l’endroit où ils se trouvent, contrairement à ceux du premier opus.
Et pourtant, nous avons droit – après un début ultra classique – à une montée progressive de l’angoisse bien dosée et maitrisée.
Avec des comédiens pas tête à claque et assurant leur emploi, nous sommes face à un bon thriller fantastique horrifique, ne prétendant rien révolutionner mais comportant son lot de séquences chocs parfaitement exécutées (la dernière demi-heure déménage) et se permettant même quelques ajouts non dénués d’intérêt à la mythologie (la contamination physique par exemple).
Pas indispensable, mais pas négligeable non plus.

 

 

JUSTE LA FIN DU MONDE

de Xavier Dolan (Gaspard Ulliel, Léa Seydoux, Vincent Cassel)

 

Issu de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, ce drame raconte l’après-midi en famille d’un auteur, la trentaine, qui, après 12 ans d’absence, retourne dans son village natal afin d’annoncer aux siens sa mort prochaine…
Les fidèles de cette rubrique le savent, je ne suis pas un thuriféraire de Dolan même si j’ai apprécié « J’AI TUÉ MA MÈRE » et « TOM À LA FERME ».
En revanche, je conchie « MOMMY », « LAURENCE ANYWAYS » ou encore « LES AMOURS IMAGINAIRES ».
Contrairement à nombre de mes confrères couvrant aussi Cannes, qui l’ont descendu, j’ai trouvé « JUSTE LA FIN DU MONDE » assez sympathique, grâce à une économie, un côté « raisonnable » de la forme (à l’exception d’un flash-back risible et de l’ultime plan, ridicule) qui me parle davantage que les fresques auteurisantes précédentes du canadien.
Le plus problématique reste l’interprétation.
Les acteurs, en roue libre et forçant, vont du bon (Ulliel en retrait, Cassel en frère meurtri s’avérant touchant) au pas terrible (Nathalie Baye, Léa Seydoux et Cotillard versant forcément sa larme).
Surpris donc de ne pas détester.
Même l’obtention du Grand Prix sur la Croisette m’en a touché une sans bouger l’autre.
C’est l’âge, on devient indulgent.

 

 

DES PORTO-RICAINS À PARIS

de Ian Edelman (Luis Guzmán, Edgar Garcia, Alice Taglioni)

 

Luis et Eddie sont deux flics new-yorkais, spécialisés dans la contrefaçon. Lorsque Colette, une fameuse designer parisienne est victime d’un vol du prototype du sac phare de sa prochaine collection, on fait appel à eux pour résoudre l’enquête. Débarquant dans la capitale française, ils ne sont pas au bout de leurs surprises…
Datant déjà de près de deux ans, on se demande bien pourquoi cette comédie débarque dans les salles et non pas directement en vidéo (DTV), vu le niveau proposé.
Casting improbable (Guzmán, Julie Ferrier, Alice Taglioni) et assez mauvais – outre l’inconnu Edgar Garcia, jouant Eddie -, gags rabattus sur le choc culturel, péripéties qui feraient pâlir d’ennuis l’inspecteur Clouseau, j’en passe et des meilleurs.
Ni fait, ni à faire.
À oublier.

 

 

KUBO ET L’ARMURE MAGIQUE (3D)

de Travis Knight (avec les voix de Charlize Theron, Matthew McConaughey, Ralph Fiennes)

 

Laika, c’est la fameuse chienne russe qui s’est aventurée dans l’espace, devenant ainsi le premier être vivant mis en orbite (parait qu’elle a aboyé).
C’est aussi le nom d’un groupe de post-rock britannique passionnant.
C’est également un studio américain spécialisé dans l’animation en stop-motion, à qui l’on doit, pour l’instant, au moins deux perles : « CORALINE » et « L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN ».
Sa nouvelle production est arrivée.
Kubo – un jeune garçon borgne aux origines obscures qui sait tout au plus que son père était un grand guerrier – habite avec sa mère, au bord d’une plage, au Japon. Possédant le don d’animer et de modeler comme il veut ses papiers en figurines avec son instrument de musique, il gagne sa vie en étant conteur dans un village. Mais, bientôt, son passé trouble va le rattraper…
Fluidité des mouvements, textures superbes, récit initiatique très intelligent, quête palpitante, humour distillé avec goût, réflexion sur les notions du libre arbitre, de l’héritage familial et du culte des ancêtres, ce « KUBO ET L’ARMURE MAGIQUE » s’impose d’emblée comme une réussite majeure dans le domaine.
Certains ont pensé à du Miyazaki.
Samourai étonné du contraire.

 

 

L’inédit de la semaine : « 31 » de Rob Zombie

 

Depuis 2003 et « LA MAISON DES 1 000 MORTS », le chanteur de métal déverse sur nous ses fantasmes, son amour immodéré de la pop culture sous toutes les coutures.
Après son chef-d’oeuvre « THE DEVIL’S REJECTS », il remaka de façon toute personnelle et avec un certain brio « HALLOWEEN », pierre angulaire du slasher (un tueur psychopathe qui élimine méthodiquement à l’arme blanche des ados plus ou moins rebelles).
C’est après que cela se gâte.
En effet, son « HALLOWEEN 2 » – hormis une ou deux scènes très belles graphiquement – montrait les limites du bonhomme qui n’avait plus grand chose à dire et semblait être arrivé au bout de sa réflexion sur la violence.
Impression confirmée, en 2012, avec le catastrophique « LORDS OF SALEM » – on fera exception avec le rigolo dessin animé « THE HAUNTED WORLD OF EL SUPERBEASTO », une parenthèse dans sa carrière.
Présenté au festival de Sundance en début d’année et venant de sortir outre-Atlantique, son nouveau bébé, via un trailer alléchant, semblait annoncer un retour aux sources.
N’ayant encore aucune date de sortie officielle calée dans l’Hexagone (ça sent une énième fois le direct-to-dvd, comme les autres), qu’en est-il vraiment de ce « 31 » ?
Le 30 octobre 1975, une troupe de forains sillonnant les routes des USA à bord d’un van sont kidnappés par de mystérieux agresseurs. Retenus en otage dans un endroit appelé le monde du crime, ils devront – durant la nuit d’Halloween – survivre pendant 12 heures à l’attaque de dangereux maniaques déguisés en clown…
Facture digne par instant d’un téléfilm érotique du M6 de la glorieuse époque, du gore proposant le minimum syndical, des interprètes sans aucune conviction et se livrant au concours de la plus exécrable performance – certains coutumiers comme l’épouse du réalisateur, Sheri Moon ou encore Meg Foster, sans oublier cette vieille baderne de Malcolm McDowell, se croyant toujours dans « ORANGE MÉCANIQUE » -, des enjeux inexistants, des décors fumeux et limite risibles, une symbolique de pacotille…
1 h 42 de pure consternation !
Ce coup-ci, Rob est définitivement devenu Zombie.

 

05

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *