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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 101

ALICE, DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR (3D)

de James Bobin (Mia Wasikoswka, Johnny Depp, Anne Hatahaway)

 

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Écrit en 1865 par Lewis Carroll, « ALICE AU PAYS DES MERVEILLES » a connu moultes adaptations sur grand écran, et ce dès 1903.
Parmi celles à retenir, évidemment, le dessin animé de Walt Disney – que l’on ne se lasse pas de revoir -, une en 1933 où l’on aperçoit Gary Cooper, Cary Grant et W.C Fields en Humpty-Dumpty – signée Norman Z. McLeod (« PLUMES DE CHEVAL », un des bons Marx Brothers) – , et l’étonnante version (une des plus fidèles au livre) de Dallas Bower en 1949 où Carol Marsh (« LE CAUCHEMAR DE DRACULA ») était entourée uniquement de marionnettes.
Citons également « VALÉRIE AU PAYS DES MERVEILLES » (1970) de Jaromil Jires, formidable démarquage surréaliste tchèque mélangeant sexe et religion.
Je tairai par charité chrétienne – et pour les nombreux lecteurs/lectrice sensibles de cette rubrique – l’existence du clip de Franky Vincent ou bien celle des diverses parodies pour adultes, certaines pourtant rigolotes.
« DE L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR », rédigé en 1871, fait suite aux aventures du tome 1 de la jeune fille rêveuse et a été uniquement publié en France au début des années 1930.
Outre un téléfilm américain avec Kate Beckinsale, voici la première mouture pour le cinéma – produite par Tim Burton et faisant suite à son abomination de 2010.
Revenant d’un long périple commercial sur les océans à bord du bateau que lui a légué son défunt père, Alice est confrontée à des difficultés financières. Au cours d’une réception mondaine, elle passe à travers un miroir et se retrouve de nouveau au pays des merveilles. Là, elle apprend que son ami le Chapelier Fou est mourant. Le seul moyen de le sauver est de remonter le temps…
C’est donc James Bobin, tâcheron responsable du laborieux « LES MUPPETS, LE RETOUR », qui prend les rênes après l’auteur de « BEETLEJUICE » et utilise les mêmes comédiens principaux et pratiquement la même équipe technique que lui.
Une nouvelle fois, la firme de Mickey dénature l’oeuvre originale de Carroll, en livrant un produit aseptisé au possible, sans âme, laid et amputé de toute la dimension transgressive et absurde (le travail sur la sémantique) du romancier britannique.
Au côté d’un Johnny Depp toujours aussi insupportable de cabotinage et d’une Anne Hathaway en Reine Blanche ne désirant pas se rappeler d’avoir volé une tartelette (!) durant sa jeunesse et d’avoir fait accusé sa soeur, la Reine de Coeur – joué par Helena Bonham Carter – ce qui expliquerait la méchanceté de cette dernière, le nouvel arrivant Sacha Baron Cohen – en maître du Temps – fait ce qu’il peut et s’avère être le personnage au plus de potentiel (mais inexploité).
Mia Wasikoswka est certes une Alice plus énergique que dans l’opus précédent mais en vain.
Se soldant par une allégorie de l’impérialisme Disney, une gabegie totale.
Quelle triste Bobin.

 

 

LE LENDEMAIN

de Magnus Von Horn (Ulrik Munther, Mats Blomgren, Alexander Nordgren)

 

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Rentrant chez son père après avoir purgé sa peine de prison, John, un ado, aspire à un nouveau départ. Mais la communauté locale n’a ni oublié, ni pardonné son crime. Rejeté par ses anciens amis et abandonné par ses proches, il commence par perdre espoir. Mais sa rencontre avec la jolie Malin lui redonne confiance…
Présenté l’an passé à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, ce drame psychologique – d’après un fait réel – est du à un suédois ayant étudié le 7e art en Pologne à la fameuse École de Lódź, d’où est sorti notamment Andrzej Wajda.
Dans une esthétique très nordique (lumière crue, paysage sec), plongé tout le long dans une tension palpable et électrique, nous assistons au début prometteur devant la caméra d’Ulrik Munther, star de la chanson des pays scandinaves.
Celui-ci porte littéralement le film sur ses épaules, n’hésitant pas à casser son image, tour à tour fragile et inquiétant.
Ici, le réalisateur ne juge pas, il relate simplement et le spectateur constate les dégâts sur les divers protagonistes.
Remarquable.

 

 

APPRENTICE

de Boo Junfeng (Fir Rahman, Mastura Ahmad, Crispian Chan)

 

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Aiman officie dans une prison de haute sécurité. Rahim, le bourreau en chef, y accompagne les derniers jours des condamnés, qu’il pend. Rapidement, il prend le jeune gardien sous son aile et lui apprend les ficelles du métier. Aiman s’avère être un exécutant très appliqué, mais sa conscience et ses véritables motivations le rattrapent peu à peu…
Je vous disais récemment que les films coréens montrés sur la Croisette, depuis quelques années – en sélection officielle ou parallèle –, sont d’une qualité indéniable variant du bon (« A HARD DAY ») à l’excellent (« THE CHASER », « MOTHER », « TRAIN TO BUSAN »).
Voici l’exception.
« APPRENTICE », découvert à Un Certain Regard, le mois dernier, n’est ni fait ni à faire.
Le dénommé Boo Junfeng peine à instaurer un quelconque climat de trouble dans ce thriller basé sur la notion de culpabilité chez l’un des personnages et son absence chez l’autre.
En restant toujours à trop grande distance d’eux, il ne provoque aucune empathie ni immersion, et ne parvient pas à faire du lieu principal, l’établissement pénitentiaire, un acteur à part entière.
Ennuyeux.
Amenez la corde !

 

 

A WAR

de Tobias Lindholm (Pilou Asbæk, Tuva Novotny, Søren Malling)

 

Nach einem Angriff der Taliban zieht Claus Michael Pedersen (Pilou Asbaek) mit einem seiner Männer den verletzten Lasse (Dulfi Al-Jabouri) aus der Schusslinie.

Voilà l’autre production venant du nord, cette semaine, en salle.
Est-elle du même niveau que « LE LENDEMAIN » ?
En charge de faire régner l’ordre dans une province d’Afghanistan, le commandant Claus M. Pedersen – à la tête d’un détachement – doit composer avec la population environnante, pro et anti-taliban. Au Danemark, Maria, sa femme, s’occupe de leurs trois enfants. Lors d’une mission de routine, Claus et ses hommes sont la cible d’une attaque. Pour s’en sortir, notre gradé va prendre une décision qui aura de graves conséquences…
Tout comme avec « HIJACKING » – qui traitait des prises d’otages en mer par les pirates somaliens – Tobias Lindholm réalise une oeuvre inégale, suivant le même procédé narratif : des séquences simultanées se déroulant à des milliers de km de distance, avant une conclusion où tout le monde se réunit.
Si toute la partie « guerrière » comporte de vrais moments d’intensité, il n’en est de même de celle se déroulant dans la vie civile, qui se contente d’empiler les passages obligés (l’aîné qui adopte un comportement difficile du fait de l’absence de son père, la visite à l’hôpital) sans aucune originalité.
Le dernier acte, le procès, est classique mais plutôt efficace.
Moins fort et incontournable que le Magnus Von Horn, vous pouvez néanmoins vous laisser tenter par ce candidat danois au meilleur film étranger lors des derniers Oscars.

Le DVD de la semaine : « LA POUPÉE DIABOLIQUE »

de Lindsay Shonteff / ARTUS FILMS

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ARTUS FILMS n’en finit pas de réjouir les cinéphiles de tout poil.
Possédant un catalogue (déjà maintes fois abordés dans cette chronique) aux choix artistiques divers, variés et souvent pertinents, une de leur dernière fournée est consacrée au fantastique anglais dans leur collection intitulée BRITISH HORROR.
Aux titres déjà édités sous cette appellation, dont les excellents « LA NUIT DES MALÉFICES » de Piers Haggard et « HORROR HOSPITAL (LA GRIFFE DE FRANKENSTEIN ») » d’Anthony Balch, deux ajouts donc.
D’abord « LA TOUR DU DIABLE » (1972) de Jim O’Connolly.
Une groupe composé de scientifiques et d’aventuriers vont enquêter sur une île maudite, lieu d’atroces massacres, où serait caché un trésor phénicien. Ils s’installent dans un phare abandonné…
Produit par Richard Gordon, responsable d’une poignée de séries B sympathiques dont « L’ÎLE DE LA TERREUR » de Terence Fischer, ce pur produit d’exploitation est un petit délice.
Avec une une mise en scène libre, parfois psychédélique, parfois brouillonne et grossière mais toujours au service du récit, O’Connolly (le sublime « LA VALLÉE DE GWANGI » où des cow-boys pourchassent au lasso des dinosaures sur des effets spéciaux de Ray Harryhausen) remplit parfaitement le cahier des charges de l’époque : une bonne dose d’érotisme, de sang et d’effroi.
À signaler la présence du directeur de la photo, l’immense Desmond Dickinson (« HAMLET » de Laurence Olivier).
Du solide travail d’artisan.

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Un concurrent crédible à la HAMMER, compagnie régnant alors presque sans partage sur l’industrie populaire anglaise, avec cependant une concurrence de plus en plus accrue à l’orée de ces seventies.
Ensuite, « LA POUPÉE DIABOLIQUE » (1963) de Lindsay Shonteff.
Un hypnotiseur/ventriloque se produit sur scène, accompagné de son pantin de bois. Ses performances incroyables (au cours d’un numéro, le pantin se déplace tout seul sans l’aide de son maître) attirent les foules. Un journaliste, persuadé d’une supercherie, demande à sa fiancée de séduire l’illusionniste afin de découvrir la vérité…
Shooté dans un noir et blanc assez épuré et arrivant sur le même thème après deux épisodes de la QUATRIÈME DIMENSION et un sketch de ce chef-d’oeuvre qu’est « AU COEUR DE LA NUIT » (1945) de Cavalcanti, Hamer, Chrichton et Dearden, ce métrage ravit et étonne par l’ambiance imposée et ce dès le premier plan.
Bryant Haliday, acteur de théâtre et distributeur de Fellini, Truffaut et Kurosawa aux USA, tient là le rôle marquant de sa carrière.
En ventriloquiste rompu à la magie noire, il est étincelant.
Si la copie de « LA TOUR DU DIABLE » souffre par moment de petits fourmillements de l’image (n’empêchant en rien de savourer le tout dans de bonnes conditions ), celle de « LA POUPÉE DIABOLIQUE » est parfaite.
Pour les bonus, on oscille entre présentations débitées à la va-comme-je-te-pousse et anecdotes nécessaires et instructives sur les conditions de tournage, sans oublier quelques scènes coupées.
Deux galettes à savourer.
Bon appétit.

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