LA BELLE ET LA BETE
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 4

LA BELLE ET LA BETE

de Christophe Gans (Vincent Cassel, Léa Seydoux, Andre Dussollier)

LA BELLE ET LA BETE

 

Obtenant la célébrité grâce à madame Leprince de Beaumont au milieu du XVIIIème siècle, le conte de «LA BELLE ET LA BETE» connut différents destins sur grand écran à commencer, forcément, par la plus envoûtante, celle de Jean Cocteau en 1946.
Il y en eut une, fort agréable, d’origine tchèque, en 1978 par l’excellent Juraj Herz où, curieusement, la bête avait une tête d’oiseau de proie. Celle de Disney en 1991 avait le mérite d’être un des derniers bons dessins animés «classiques» de la firme aux grandes oreilles.
Que pouvait donc bien donner cette nouvelle version due à Christophe Gans, dont la bande-annonce laissait présager du pire ?
Gans, on le sait, est un cinéphile forcené qui, à contrario d’avoir signé de véritables réussites (à l’exception de son remarquable «CRYING FREEMAN») fait preuve d’une véritable sincérité dans son travail.
Que ce soit son «PACTE DES LOUPS», boursouflé, ou bien son adaptation du jeu vidéo «SILENT HILL», visuellement réussie mais bâclée scénaristiquement, force est de reconnaître la louable volonté du bonhomme de redonner ses lettres de noblesse à un certain cinéma populaire.
Le problème chez ce «LA BELLE ET LA BETE»- ci est le manque de chaleur romantique.
Mécaniques et inconsistantes sont les réactions des personnages, par exemple la fuite de Belle (Léa Seydoux, peu convaincante) de chez son père (André Dussollier, aux limites du gâtisme) ou encore le jeu de séduction, hélas inexistant, entre elle et la Bête (Vincent Cassel, un chouïa mou). La musique se révèle parfois trop insistante, grillant les quelques intermèdes comiques centrés autour de Belle, intermèdes, par ailleurs, n’apportant pas grand chose dans le dispositif narratif utilisé.
Alors certes les costumes sont beaux et de temps à autre, de jolis plans furtifs (la photo est à souligner) évoquent Hitchock et «VERTIGO», «JEREMIAH JOHNSON» ou encore Hayao Miyazaki (influence citée par le metteur en scène). Mais ces efforts se perdent dans des décors trop artificiels et dénués de magie.
En vérité, il manque à l’entreprise ce «tout petit supplément d’âme» si cher à France Gall.

 

 

 

ABUS DE FAIBLESSE

de Catherine Breillat (Isabelle Huppert, Kool Shen, Laurence Ursino)

ABUS DE FAIBLESSE
Triste à dire mais depuis son hémorragie cérébrale en 2005, Catherine Breillat peine à remonter la pente. Non pas qu’elle fût très haute dans la hiérarchie qualitative des cinéastes françaises mais elle fit souvent preuve, du moins à ses débuts, d’une singularité intéressante ((re)voyez donc le libertaire et sensuellement new-wave «TAPAGE NOCTURNE» de 1979, comédie de mœurs centrée autour de la quête du plaisir avec la regrettée Dominique Laffin). Passons sur son «ANATOMIE DE L’ENFER», plus décrié par la présence en vedette de l’acteur «X» Rocco Siffredi (déjà utilisé par Breillat pour le joli «ROMANCE» en second couteau) que pour ses rares qualités intrinsèques.
Sa nouvelle œuvre, «ABUS DE FAIBLESSE», s’inspire de sa rencontre malheureuse avec l’escroc des stars hollywoodiennes, Christophe Rocancourt, puisque ce dernier profita de son état de détresse psychologique pour lui soutirer près de 800 000 euros.
Malgré la publication en 2007 d’un livre relatant cette histoire, Breillat a voulu en faire un long-métrage.
Confiant les rôles principaux à Isabelle Huppert et Kool Shen (tous deux nouveaux dans l’univers de la réalisatrice), l’auteur d’ «A MA SŒUR !» échoue à exorciser son passé par le biais de cette fiction.
L’ex-comparse de Joey Starr est assez crédible en arnaqueur tandis qu’Huppert, inégale ici, possède une propension assez horripilante à surjouer les scènes choc.
Mais le comble est que ce film, se voulant pervers, ne l’est jamais.
Triste.

 

 

 

M. PEABODY ET SHERMAN : LES VOYAGES DANS LE TEMPS (3D)

de Rob Minkoff

M PEABODY

 

Monsieur Peabody est un chien et la personne la plus intelligente au monde. Inventeur de toute une série d’inventions plus géniales les unes que les autres, notamment d’une machine à voyager dans le temps, le voici à l’orée d’une nouvelle épreuve, celle de prouver qu’il est un père exemplaire pour son fils adoptif, Sherman, un humain, dont la petite camarade, Penny, vient d’être envoyée accidentellement en Egypte antique…
Après leur démentiel «LES CROODS», les studios DREAMWORKS continuent à prouver leur maestria de plus en plus affirmée dans le domaine de l’animation en confiant à Rob Minkoff (« LE ROI LION », « STUART LITTLE », oui, mais aussi « LE ROYAUME INTERDIT », bof), le soin de nous amuser.
Fluidité du graphisme (la 3D sert), inventivité des gags, calembours de bon aloi et leçon ludique d’histoire à destination des enfants à partir de 10 ans (oui, en-dessous, les autres seront largués) contribuent à faire de cette surprenante production un divertissement de haute tenue.
Et pour une fois, préférez la version française à la v.o, car le doublage de Guillaume Gallienne est imparable.

 

 

 

 

Le DVD de la semaine : «LES INASSOUVIES»

de Jess Franco / ARTUS FILMS

LES INASSOUVIES

 

Les enragés d’ARTUS FILMS continuent leur exploration salvatrice de l’œuvre de Jess Franco avec une nouvelle salve de trois titres : le très pop «SUMURU, LA CITE SANS HOMMES», variation amusante d’un des personnages inventés par l’écrivain Sax Rohmer, «LE MIROIR OBSCENE» en édition double dvd sur les rapports incestueux de deux sœurs qui virent au fantastique et surtout, le meilleur de cette fournée, «LES INASSOUVIES».
Ce dernier, adaptation de «LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR» du marquis de Sade,
constitue une parfaite introduction en la matière pour qui ne connaitrait pas du tout l’univers de cet ancien assistant d’Orson Welles, crédité de plus de 200 réalisations, devenu culte à juste titre pour des générations de cinéphiles déviants et avant tout curieux.
Réalisé en 1970, ce thriller fantastico-érotique et expérimental suit les pérégrinations d’Eugénie, invitée pour le week-end par Marianne, la maîtresse de son père, sur une île où elle réside avec son demi-frère Mirvel. Très vite, notre jeune héroïne va connaître les affres du désir…
Musique impeccable et enivrante de l’immense Bruno Nicolaï, ici échappé de la tutelle d’Ennio Morricone pour lequel il fut un formidable chef d’orchestre, interprètes délicieux dont la ravissante Marie Liljedahl dans la peau d’Eugénie, la non moins sculpturale Maria Rohm, une des égéries du maître, en amie et initiatrice perverse, le troublant Jack Taylor à la carrière hétéroclite allant du méchant de service dans des films de catch mexicains à des compositions d’aristocrates dévoyés et en guest, Christopher Lee en grand maître d’une confrérie dédiée aux préceptes du divin marquis.
Ambiance surréaliste et onirique en diable, telle la scène d’introduction aux teintes rouge-orangé du plus bel effet, parfaite transposition sadienne, un must absolu, un de plus, de notre trublion hispanique préféré, en copie restaurée malgré la subsistance de quelques imperfections (de légers fourmillements dans les arrière-plans) avec en bonus une présentation de l’habituel Alain Petit.
Une acquisition nécessaire, symptomatique d’une époque hélas révolue.
LES INASSOUVIES

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