Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N°140

ALITA : BATTLE ANGEL

de Robert Rodriguez (Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly)

 

Pour faire court, dans les années 90, en France, le manga c’était l’éditeur « Glénat ».
Des fascicules qui sortaient chaque mois dans les kiosques et que l’on attendait fébrilement, la bave aux lèvres.
Il y eût tout d’abord l’incontournable, le grand ancien, « Akira », puis le foutraque « Dragon ball », humoristique au départ, un peu plus sombre par la suite, l’efficace « Appleseed » reprenant les codes du Buddy movie, et enfin « Gunnm » – suivie de très près par « Ghost in The Shell » – l’avénement des cyborgs – sur une intrigue comportant des similitudes mais au traitement graphique différent.
James Cameron – qui s’était déjà essayé avec le succès que l’on sait au genre cyborg avec « TERMINATOR » – a longtemps rêvé d’adapter « Gunnm » de Yukito Kishiro – et dont il s’est inspiré pour sa série télé DARK ANGEL.
Un peu comme Spielberg avec sa marotte « Tintin » que le papa d' »E.T » arriva à concrétiser.
Seulement, pris par les suites de son affreux « AVATAR », Cameron finit par en confier la réalisation à l’inégal Robert Rodriguez.
Capable du pire – « IL ÉTAIT UNE FOIS AU MEXIQUE – DESPERADO 2 », les « MACHETE », insultes pour tous les amoureux de bis, « SIN CITY – J’AI TUÉ POUR ELLE » – comme du meilleur, plus lointain – UNE NUIT EN ENFER », « THE FACULTY » – sérié B bien plus intelligente qu’il n’y parait – notre mexicain a une fâcheuse tendance à se la jouer dilettante alors qu’il est certainement plus doué que son frère/ami Tarantino.
On pouvait donc craindre le pire sur ce projet initié il y a de cela quinze ans et que l’on désepérait de voir se concrétiser un jour.
Alors, le miracle de la tortilla a t’il eu lieu ?
Suite à une catastrophe naturelle due à la collision d’une météorite avec la Terre – amenant l’espèce humaine au bord de l’extinction – le monde se divise dorénavant entre Zalem, une ville suspendue réservée à une élite et Kuzutetsu, la terre qui lui sert de « décharge », où la lie de l’humanité survit dans la violence. Là, un savant trouve une tête de cyborg abandonnée, la ramène chez lui et lui donne un corps. Cette dernière, surnommée Alita, amnésique, mais aux fortes aptitudes de combat, sera vite rattrapée par son passé mystérieux…


Ce qui impressionne de prime abord c’est l’excellente tenue technique du métrage et l’hallucinant travail dont on fait preuve les responsables des effets spéciaux.
Au bout de quelques minutes à peine, l’univers proposé est crédible.
Que ce soit les textures, les éclairages, les bâtiments, on en prend plein les mirettes.
Le plus important étant le personnage principal, fruit de la motion-capture développée par ces génies de « Weta », le studio de Peter Jackson – Gollum du « SEIGNEUR DES ANNEAUX », César du néo « LA PLANÈTE DES SINGES » – qui ne cessent de repousser les limites film après film.
Respectant à la lettre les canons de l’héroïne manga aux grands yeux, nous sommes en présence d’une des plus belles créations de ces derniers temps, à l’humanité transpirant par tous les pores de sa peau synthétique – tout le contraire du ratage de la transposition live de « GHOST IN THE SHELL ».
Si l’on peut déplorer quelques faiblesses – le boyfriend humain d’Alita par exemple, insipide au possible et des raccourcis bien trop rapides de l’intrigue, cédant à une facilité coutumière du sieur Rodriguez – le plaisir est tout de même au rendez-vous.
Peuplé de clins d’oeil au western – notamment ceux de Henry Hathaway et ses bagarres au bar – à des classiques de l’anticipation comme « ROLLERBALL » ou bien de l’animé nippon « WICKED CITY », comportant des combats hyper-réalistes et peuplé d’un bestiaire aussi passionnant à découvrir que celui de « TOTAL RECALL » de Verhoeven, ce premier volet mérite largement le détour.
Hollywood tient sans doute là sa première franchise hypothétique de SF digne d’intérêt depuis des lustres.
Et puis, rien que pour les quelques plans de Jennifer Connelly (‘REQUIEM FOR A DREAM ») en porte-jarretelle…
Oui, ça déGunnm !

 

 

VICE

de Adam McKay (Christian Bale, Amy Adams, Steve Carell)

 

Dick Cheney est un homme de l’ombre qui sut gravir touts les échelons de l’administration politique américaine jusqu’à devenir vice-président de George W. Bush de 2001 à 2009. Voici son histoire…
Le responsable de ce chef d’oeuvre qu’est « FRANGINS MALGRÉ EUX » a, depuis peu, changé son fusil d’épaule en offrant des comédies moins loufoques à la « RON BURGUNDY » mais plus dénonciatrice d’un certain état du monde, confère « THE BIG SHORT – lE CASSE DU SIÈCLE ».
Ici, nous sommes dans le sérieux, le dramatique ponctué à l’occasion d’un humour tout relatif.
En vérité, ce biopic est un modèle de construction ou plutôt de déconstruction de la psyché de tout un chacun et des luttes d’influence inhérent à la gouvernance d’un pays.
Christian Bale est énorme au sens propre comme au figuré dans le rôle titre, doutant de lui souvent mais contraint de prendre les décisions qui lui paraissent les plus adaptées o chaque situation, jamais avec plaisir mais toujours par nécessité.
D’ailleurs tous les comédiens sont fort bons, de Amy Adams en épouse moteur et façonneuse de son mari à Sam Rockwell en Bush Jr, sans oublier Steve Carrell en cynique absolu.
Faux génériques, arrêts sur image, digressions fantasmées, voici une plongée saisissante sur l’envers des arcanes de ce pouvoir dont nous sommes tous tributaires à travers nos vies et que l’on accepte ou pas.
Une oeuvre majeure.

 

 

L’affiche de la semaine : « PET SEMETARY – SIMETIERRE » de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer

Parce que cela pourrait être une bonne surprise.
Parce que la version précédente signée Mary Lambert est très bien certes mais datée et que là, cette relecture du roman de Stephen King semble apporter du sang neuf si l’on se fie au trailer.
Parce qu’enfin ce poster espagnol traduit magnifiquement tout le bien que votre serviteur pense de la Saint-Valentin…

 

 

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