the assassin
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 57

THE ASSASSIN (Compétition Officielle) (sortie prévue le 6 janvier 2016)

de Hou Hsiao-Hsien (Shu Qi, Chang Chen, Yun Zhou)

 

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Il y a, en gros, deux catégories de réalisateurs asiatiques, ceux qui font des films d’auteurs avec un grand A et ceux axés ouvertement vers la série B, ce qui n’empêche pas un certain niveau d’exigence.
Lorsque des grands maîtres comme Wong War-Kai s’exercent au versant populaire de leur art, cela donne parfois des ratés, à l’instar de « THE GRANDMASTER ».
Le taïwanais Hou Hsiao-Hsien, à son tour, tente l’aventure avec « THE ASSASSIN », présenté en sélection officielle.
A t-il également échoué ?
Au IXe siècle, en Chine, Nie Yinniang (Shu Qi), exilée dès son plus jeune âge et élevée par une nonne experte en arts martiaux, est devenue une tueuse redoutable.
Cependant, jugée encore trop tendre par celle qui lui a appris son métier, elle est renvoyée dans sa famille avec pour mission de tuer son cousin et de prouver ainsi qu’elle fait fi de tout sentiment…
Explosant dans les années 80 avec d’incontestables réussites comme l’autobiographique « UN TEMPS POUR VIVRE, UN TEMPS POUR MOURIR » ou encore « POUSSIÈRE DANS LE VENT », Hsiao-Hsien s’était quelque peu égaré dernièrement avec des titres comme « MILLENIUM MAMBO » ou « LE VOYAGE DU BALLON ROUGE ».
Ici, toujours associé à T’ien-wen Chu, son scénariste fétiche, il revient en force avec une oeuvre superbe d’une beauté picturale intense, telle une succession de tableaux aux couleurs harmonieuses et faisant sens au récit raconté.
En effet, « THE ASSASSIN », d’une certaine froideur (paradoxe) ne se savoure pas comme ça d’un coup, immédiatement.
Non, ce serait trop simple.
Il faut se laisser porter et vouloir accompagner la toujours impeccable et magnétique Shu Qi, vêtue d’une tunique noire, toute en intériorité et se rebellant à sa façon dans un Céleste Empire morcelé et soumis à de puissantes provinces résistant à la cour impériale.
Attention, seulement deux-trois courts combats secs vous attendent dans ce drame prenant son temps, qui peut dérouter et laisser de côté.
Mais ceux qui feront les efforts nécessaires seront amplement récompensés.
Une distinction majeure est à souhaiter dimanche soir ou alors c’est à désespérer de tout.

 

 

MOUNTAINS MAY DEPART (Compétition Officielle) (sortie prévue le 9 décembre)

de Jia Zhang-ke (Zhao Tao, Zhang Yi, Jing Dong Liang)

 

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Dans la ville de Fenyang, en 1999, une femme, la vingtaine, est courtisée par ses deux amis d’enfance, un travaillant dans une mine de charbon et l’autre propriétaire d’une station-service.
Hésitante, elle choisira l’un d’eux et scellera ainsi le reste de sa vie et de sa descendance…
Jia Zhang-Ke, déjà récipiendaire du prix de la mise en scène, en 2013, pour l’inégal « A TOUCH OF SIN », revient en compéte et ravit son monde.
En nous proposant de suivre l’évolution de ses personnages sur près de 25 ans (jusqu’en 2024), le metteur en scène de « STILL LIFE » continue de dresser un portrait de son pays en proie à un capitalisme sauvage, mais cette fois pas uniquement d’un point de vue présent, mais également passé et futuriste.
Toujours soucieux de composer ses cadres avec minutie, sous une apparente simplicité, Zhang-ke étonne par la profondeur de son étude avec trois fois rien.
Point de grandiloquence présentement.
Tout passe par des regards, des phrases, des attitudes et de la musique utilisée comme leitmotiv.
Evitant le mauvais mélo parfois de justesse mais avec une intelligence consommée et pouvant compter sur de très bons comédiens, « MOUNTAINS MAY DEPART » se veut un cri d’alarme pertinent et une relation filiale bouleversante.
Il aura donc fallu patienter jusqu’aux ultimes jours du festival pour enfin découvrir des longs métrages réellement dignes d’intérêt de bout en bout.
Remercions l’Asie et souhaitons lui une palme ultime.

 

 

VALLEY OF LOVE (Compétition Officielle) (sortie prévue le 17 juin)

de Guillaume Nicloux (Gérard Depardieu, Isabelle Huppert, Dan Warner)

 

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Pour la première fois à Cannes, Guillaume Nicloux réunit deux monstres sacrés de notre industrie, Huppert et Depardieu, qui ne s’étaient plus cotoyés depuis « LOULOU » de Pialat en 1980.
Gérard et Isabelle, séparés, se rendent dans la Vallée de la Mort, en Californie, suite à la réception d’une lettre écrite par leur fils qui s’est suicidé et qui leur a donné rendez-vous là-bas…
On ne reviendra pas sur la pauvreté générale des représentants français, cette année, sur la Croisette et du coup, on attendait fermement le Nicloux (plein de bonnes choses dont récemment « LA RELIGIEUSE » et le loufoque « L’ENLÈVEMENT DE MICHEL HOUELLBECQ pour redresser la barre.
Malheureusement, peine perdue.
Souffrant d’un déséquilibre de scénario, d’inutilisation concrète des paysages et de performance d’acteurs (Depardieu n’est pas qu’aussi gros qu’un cochon bourré aux stéroides, il est aussi mauvais, jamais concerné, tandis qu’Huppert fait ce qu’elle peut pour sauver les meubles mais souffre de l’écriture de son caractère), « VALLEY OF LOVE » peine à atteindre son but de mélanger la réalité et la fiction et d’émouvoir.
Même lorsque le responsable de « CETTE FEMME-LA » s’essaie au fantastique avec un rapide clin d’oeil à David Lynch, cela ne fonctionne pas.
Un gâchis qui attriste.

 

 

MARGUERITE ET JULIEN (Compétition Officielle) (sortie prévue le 30 septembre)

de Valérie Donzelli (Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm, Frédéric Pierrot)

 

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S’inspirant de la légende de Marguerite et Julien de Ravalet, ayant existé au XVIIe siècle, frère et soeur, s’aimant incestueusement et finissant décapités, Valérie Donzelli, n’ayant fait illusion qu’avec le cocasse « LA REINE DES POMMES » et cinquante minutes de « LA GUERRE EST DÉCLARÉE », confirme là son inutilité en livrant un conte d’une laideur quasi totale où le summum du surréalisme (qui pourtant vantait les mérites de l’amour fou) se réduit à mettre un baby-foot dans un salon d’époque et faire conduire un bourgeois d’alors dans une voiture moderne.
On ne s’acharnera pas sur le cast (Demoustiers, ressaisis-toi, tu vaux mieux !)
Crachant au visage de Jacques Demy et faisant un doigt d’honneur à Truffaut, Donzelli déborde de partout.

 

 

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