into the woods
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 42

INTO THE WOODS : PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS (3D)

de Rob Marshall (James Corden, Anna Kendrick, Meryl Streep)

 

into the woods 3

Si vous lisez des comics, sans doute connaissez-vous « FABLES », la remarquable série créée par Bill Willingham en 2003, qui nous apprend, en gros, que Barbe-Bleue, Pinocchio, Blanche-Neige, les Trois petits cochons et les autres, chassés de leurs royaumes par une terrifiante puissance, vivent secrètement parmi nous, les humains, depuis des siècles et que le Grand Méchant Loup est devenu détective privé.
Il y a, également, le show télé ONCE UPON A TIME, très calibré mais assez charmant.
Mais cette volonté de « pervertir » les contes de fée, connu son heure de gloire en 1986 avec un « musical » à Broadway, au succès retentissant, dû à Stephen Sondheim et James Lapine, qui mélangeait pastiche et psychanalyse inhérente aux desdits contes.
Inévitablement, tout comme d’ailleurs un autre hit de la scène new-yorkaise, « LE FANTÔME DE L’OPÉRA », Hollywood s’en empara pour l’adapter sur grand écran et ce, sous la houlette de Disney.
Le résultat, visible maintenant en salle, s’intitule « INTO THE WOODS : PROMENONS-DANS LES BOIS ».
Dans un royaume imaginaire, un boulanger et sa femme ne peuvent avoir d’enfants suite à une malédiction lancée par une vieille sorcière. Cette dernière leur offre pourtant la possibilité d’inverser les choses si ils s’aventurent dans une forêt et ramènent des objets particuliers, ingrédients nécessaires pour un sortilège censé lui redonner sa jeunesse. Sur son chemin, notre couple croisera le Petit Chaperon rouge, Cendrillon ou encore un enfant nommé Jack…
Chrorégraphe réputé, Rob Marshall s’est particulièrement illustré dans le gros film musical à récompenses, pour le pire (« NINE », hommage frelaté au « HUIT ET DEMI » de Fellini) et le passable (« CHICAGO » où Richard Gere se faisait vampé par Catherine Zeta-Jones et Renée Zellweger au temps de la Prohibition).
Malgré les studios de l’oncle Walt au commande et la crainte légitime d’un produit aseptisé, force est de constater que nous avons affaire là à un divertissement d’une excellente facture globale.
D’une part, l’ensemble de l’équipe technique évite le syndrome des « MISÉRABLES » de Tom Hooper, à savoir des chansons à la longue indigestes et liées à une réalisation peu inspirée.
Ici les mouvements de caméra, certes pas révolutionnaires, virevoltants par moment, épousent de façon légère et efficace les actions se déroulant sous nos yeux et les chansons illustrent parfaitement les états d’âmes des personnages.
D’autre part, saluons l’incroyable travail de Dennis Gassner, prodigieux chef décorateur («BIG FISH», «BARTON FINK») qui livre une des plus belles forêts reconstituées de l’Histoire du septième art, tout en nuance, à égalité avec celle que l’immense Alexandre Trauner avait faite pour «JULIETTE OU LA CLEF DES SONGES» de Marcel Carné.
Enfin, le casting hétéroclite, crédible mais surprenant puisque l’on retrouve aussi bien, brièvement, Johnny Depp en Grand Méchant Loup que Chris Pine, impayable en prince charmant pas si classe que ça, Anna Kendrick en souillon ou encore Meryl Streep, délicieuse en sorcière courant après ses années d’antan et s’autorisant même une référence au «MAGICIEN D’OZ».
Lorsque j’avais huit ans et que ma grand-mère me lisait Perrault ou les frères Grimm, je rêvassais, alors, des images fabuleuses plein la tête.
«INTO THE WOODS», par moment, m’a procuré de nouveau cette sensation.
Une sensation que je croyais à jamais disparu.
Je vous souhaite la même chose.

 

 

IMITATION GAME

de Morten Tyldum (Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode)

 

imitation game 2

La Scandinavie, nouveau pourvoyeur de l’industrie cinématograhique américaine.
En effet, attirés par les sirènes d’outre-Atlantique, nombre de réalisateurs nordiques n’hésitent plus à tenter l’aventure avec des fortunes diverses.
Citons l’islandais Baltasar Kormakur (« CONTRENBANDE » et « 2 GUNS » avec Mark Wahlberg), le suédois Tomas Alfredson (« LA TAUPE »), l’incontournable danois Nicolas Winding Refn (« DRIVE », « ONLY GOD FORGIVE ») ou encore son compatriote Niels Arden Oplev (« DEAD MAN DOWN » avec Colin Farrell).
Voici qu’un nouveau venu s’invite à la danse, Morten Tyldum.
Durant la Seconde Guerre mondiale, des mathématiciens alliés tentent de percer le secret d’Enigma, la machine de cryptage nazie. A leur tête, le brillant Alan Turing qui a l’idée de concevoir une autre machine : Christopher…
Contrairement à « UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS », biopic lui aussi, un de ses concurrents des Oscars dans plusieurs catégories phares et qui choisit un axe bien défini (celui de se pencher sur la lutte d’un couple face à la maladie), « IMITATION GAME » pêche par une ambition trop vaste rapport à son sujet en voulant emprunter plusieurs directions différentes à la fois mais sans en développer véritablement une seule : l’homosexualité, les traumas de l’enfance, la quête de la perfection, le début de l’ordinateur…
Malgré toute la bonne volonté de Benedict Cumberbatch – pourtant très honorable dans la peau du scientifique de génie, dont la première séquence où il apparaît fait irrémédiablement penser à SHERLOCK et qui, rappellons-le, fût un méchant extraordinaire dans « STAR TREK : INTO DARKNESS » – difficile de se passionner pour cette entreprise.
Keira Knightley et Matthew Goode (« STOKER ») sont quasi anecdotiques.
De plus,Tydlum, auteur précédemment de thrillers corrects mais inaboutis en son pays d’origine, dont « HEADHUNTERS », fait preuve d’un académisme des plus classique, qui tient à distance le spectateur.
Cher Morten, écouter, si vous pouvez, « Les démons de Minuit » d’Emile & Images et vous comprendrez ce qu’il vous a manqué ici.

 

 

SNOW THERAPY

de Ruben Östlund (Johannes Bah Kuhnke, Lisa Loven Kongsli, Kristofer Hivju)

 

SNOW THERAPY 2

Dans une station de ski des Alpes françaises, une famille suédoise passe quelques jours de vacances. Lors d’un déjeuner en terrasse d’un restaurant, une avalanche se déclenche et, se rapprochant dangereusement, provoque un mouvement de panique : Toma, le père, s’enfuit tandis qu’Ebba, la mère, reste sur place, protégeant leurs deux enfants. Une fois le retour à la normal, les relations entre le mari et son épouse se distendent…
Présenté dans la section « Un Certain Regard » à Cannes en 2014, sous le titre « FORCE MAJEURE », « SNOW THERAPY » s’avère original à défaut d’être totalement réussi.
En disséquant la montée progressive de la rancoeur d’une femme vis-à-vis de son conjoint refusant de reconnaître son comportement, Ruben Östlund (« HAPPY SWEDEN »), qui s’est inspiré de l’histoire de deux amis, joue sur les silences et s’interroge sur l’instinct de survie de l’être humain, la notion de responsabilité et signe un drame intimiste possédant de vrais instants d’étrangeté provoquant le malaise.
Parasitée par de légers tic de mise en scène un peu trop appuyés comme ces quelques notes de musique classique surlignant la tension, et un jeu des comédiens parfois approximatif, voici néanmoins une curiosité valant le coup d’oeil et qui ne laisse pas insensible.

 

 

PIONEER

de Erik Skjoldbjaerg (Aksel Hennie, Wes Bentley, Stephanie Sigman)

 

pioneer

En 1980, en Norvège, de gigantesques gisements sous-marins de pétrole sont découverts. Aussitôt l’Etat collabore avec les Etats-Unis et monte une équipe de plongeurs afin d’aller extraire la précieuse roche liquide. Petter et son frère en font partie mais, lors d’une descente, un grave accident arrive à l’un d’eux…
Tiré d’un fait réel, Erik Skjoldbjaerg poursuit son exploration des faits divers ayant marqué sa nation.
Après le formidable « HOLD-UP », relatant le plus spectaculaire braquage que les norvégiens connurent (un gang, équipé d’armes lourdes, déroba 51 millions), « PIONEER » est, hélas, une déception.
Obnubilé par faire de belles images, Skjoldbjaerg oublie de travailler l’intrigue policière matinée de tragédie et livre un produit léché sur la forme mais ne possédant rien de neuf sur le fond.
A signaler la prestation habitée d’Aksel Hennie, un acteur stimulant, campant là le héros malheureux et que l’on retrouvera dans le prochain trip SF de Ridley Scott, actuellement en tournage, « THE MARTIAN », dont on attend rien après le catastrophique « PROMETHEUS ».

 

 

L(ES) AFFICHE(S) DE LA SEMAINE : « PIXELS » de Chris Columbus

Des experts en jeux vidéos sont recrutés par l’armée pour lutter contrer Pac-man, Donkey Kong et consorts qui attaquent des villes.
Tel est le pitch prometteur de « PIXELS », le nouveau Chris Columbus avec Adam Sandler, Michelle Monaghan et Peter Dinklage !
Espérons juste que le responsable de « MAMAN, J’AI RATÉ L’AVION ! » retrouve sa lucidité.
Sortie prévue cet été.
Mais déjà rien que pour les posters ci-dessous…

PS : Promis, next time, on reviendra sur le festival de Gérardmer 2015 qui s’achève ce dimanche.

 

PIXELS 2

 

010

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *