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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 20

EDGE OF TOMORROW (3D)

de Doug Liman (Tom Cruise, Emily Blunt, Bill Paxton)

 

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Du « MINORITY REPORT » à « LA GUERRE DES MONDES », tous deux de Spielberg, en passant par le récent et efficace « OBLIVION », la science-fiction et Tom Cruise font plutôt bon ménage.
En sera-t-il pareillement avec « EDGE OF TOMORROW » qui débarque aujourd’hui dans les salles françaises ?
Dans un avenir proche, alors que la Terre est en guerre avec une race féroce d’extraterrestres, William Cage (Cruise), un haut gradé qui s’occuppe du marketing de l’armée mais qui n’a jamais mis les pieds sur un champ de bataille, est envoyé sans explication au front. S’entretuant avec un des envahisseurs lors d’un accrochage sanglant, il se réveille ayant hérité de la capacité de revivre le même combat et de mourir à de nouveau indéfiniment. Son « pouvoir » permettra-t-il à l’humanité de l’emporter ?
Le réalisateur Doug Liman a une qualité devenant de plus en plus rare, celle de savoir filmer avec panache les scènes d’action : les gunfights de « MR. & MRS. SMITH » mais surtout « LA MEMOIRE DANS LA PEAU », le premier et meilleur de la série. Quant celui-ci s’attaque à un sujet plus réfléchi avec une mise-en-scène qui suit, cela donne l’anecdotique « FAIR GAME » avec Sean Penn.
Là, au bout de dix minutes, apparait clairement une volonté de mélanger un gros blockbuster (ce qu’il est évidemment) avec une très légère pointe de profondeur (notre héros saura-t-il utiliser son don à bon escient ?).
Ce mixe nous le devons avant tout à la participation au scénario de Christopher McQuarrie dont sa marque de fabrique principale est de distiller des arrières-fonds psychologiques à des récits d’envergure donnant souvent une étrangeté à l’ensemble : scénarii du certes raté « WALKYRIE » de Bryan Singer mais aussi celui du classique « USUAL SUSPECTS », également pour Singer.
N’oubliant pas le prenant « WAY OF THE GUN » et le bizarre « JACK REACHER » que McQuarrie a lui-même réalisés.
Ici, nous avons un solide équilibre fond/forme pendant les 2/3 du métrage avec un humour ridiculisant Tom Cruise, autoparodiant son personnage d’Ethan Hunt des « MISSION IMPOSSIBLE » (Cruise qui n’est jamais aussi bon que dans ce registre-ci, souvenez-vous de « MAGNOLIA ») et des moments impressionnants de fight avec les aliens à la cinématique jeu-vidéo en référence à METAL GEAR (ah, cette épée maniée par Emily Blunt…). Le tout dans un rythme ne faiblissant pas jusqu’à, hélas, un dernier acte où le plaisir ressenti depuis le début par le spectateur s’estompera avec le retour des impératifs des gros studios, se traduisant par un affreux happy-end.
Un « JOUR SANS FIN » inabouti en somme.

 

 

THE ROVER

de David Michôd (Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy)

 

THE ROVER- photo 1

Savez-vous ce qu’est la Ozploitation ?
Oui ? Alors vous pouvez allez directement trois lignes plus-bas.
Non ? Eh bien ce sont toutes ces séries B australiennes à petits budgets (comédie, thriller, fantastique) qui fleurirent pendant près de deux décennies, dès 1970, de Nicolas Roeg (« WALKABOUT ») au « RAZORBACK » de Russell Mulcahy en passant par George Miller et Mel Gibson, arnaché de cuir, sur sa moto.
Présenté cette année hors-compétition à Cannes, en séance de minuit, voici « THE ROVER » de David Michôd, digne rejeton de cette mouvance.
Dix ans que l’économie mondiale s’est effondrée. L’Australie survit grâce à ses mines mais elle est dévastée. De fait toute une population interlope s’y est installée, constituée d’aventuriers et de brigands. Eric (Pearce), barbu taciturne, se fait voler sa voiture par un gang. Immédiatement, il se lance à leur poursuite, animée d’une colère froide. En chemin, il tombera nez à nez avec Rey (Pattinson), le frère de l’un d’eux…
Michôd avait frappé un gros coup avec son superbe « ANIMAL KINGDOM » en 2011. Nous avions alors découvert un cinéaste très talentueux dont la forte personnalité avait transcendé cette première oeuvre, un thriller vénéneux à souhait.
Réutilisant brillamment Guy Pearce et offrant à Robert Pattinson un rôle où ce dernier s’avère épatant, il récidive avec un suspense hallucinant de tension sourde qui nous scotche littéralement à notre fauteuil. Lorsque la violence éclate, cela s’effectue de manière sèche et violente.
Entrecoupée de sonorités diverses et variées allant de percussions tribales aux synthés et d’une ambiance minimaliste qui n’est pas sans évoquer parfois l’univers d’un Peter Weir période « LES VOITURES QUI ONT MANGE PARIS », cette allégorie filmique désespérée de la « loi de la jungle », où seule la raison du plus fort prévaut, se conclut par une scène d’une émotion rare.
Une réussite magistrale.
Mad Max peut souffler, la relève est là !

 

 

LES POINGS CONTRE LES MURS

de David Mackenzie (Jack O’Connell, Ben Mendelsohn, Rupert Friend)

 

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Eric (encore un), un jeune déliquant tête brûlée, se retrouve dans une prison pour adulte. Entre bastons avec les surveillants pour s’affirmer et se faire respecter, il se mesure également à son propre père, Nev, un bandit renommé qui a passé la majeure partie de sa vie derrière les barreaux. En rejoignant un groupe de prisonniers qui travaillent à canaliser leur haine, Eric apprendra à maîtriser sa rage intérieure…
Vous allez me dire : « Pffft, encore un énième film de prison ».
Et vous pourriez ajouter « Et puis passer après « UN PROPHETE », la série « PRISON BREAK »… »
Ben, vous avez tout faux les aminches car « LES POINGS CONTRE LES MURS » de David Mackenzie, c’est formidable à plus d’un titre.
D’abord par le charisme et l’énergie dégagés par les comédiens : Jack O’Connell (Eric) qui est devenu essentiel chez la Perfide Albion (« SKINS », « HARRY BROWN », « EDEN LAKE ») et qui, ici, posséde un côté Paul Newman de « LUKE LA MAIN FROIDE » et Ben Mendelsohn (Nev), que personnellement j’adore (rappelez-vous de lui dans « COGAN », « THE PLACE BEYOND THE PINES » et surtout « ANIMAL KINGDOM »). Incroyable leur complémentarité à l’écran qui en devient bouleversante.
Ensuite par l’exécution formelle, immersive.
Si Mackenzie sait indéniablement y faire, il avait peiné jusqu’àlors à convaincre pleinement (« ROCK’N’ LOVE » ou « PERFECT SENSE » étaient loin d’être inintéressants mais il leur manquait ce petit quelque chose qui fait toute la différence).
Plus maintenant.

 

 

Le DVD/BLU-RAY de la semaine : «VELVET GOLDMINE»

de Todd Haynes / Carlotta

 

VELVET GOLDMINE - jaquette

Que les moins de trente ans passent leur chemin car nous allons à présent aborder des notions qui leur sont certainement peu familières.
Oh et puis non, au contraire, cher public adulescent, poursuivez donc la lecture de ce qui va suivre, sait-on jamais.
Glam-rock : Style de rock des années 1970-1980 caractérisé par la recherche de la sophistication (définition du dictionnaire Larousse).
Plus sérieusement, David Bowie, Lou Reed, Gary Glitter, Marc Bolan et d’autres viennent ou sont passés par là.
Sorti dans l’Hexagone en 1998, « VELVET GOLDMINE » se voit réedité par CARLOTTA dans une magnifique copie, agrémentée en bonus d’un pénétrant making-of de l’époque où les protagonistes interviewés évitent un tant soi peu de servir la soupe.
L’histoire ?
Nous suivons l’enquête d’un journaliste anglais Arthur (Christian Bale), en 1984, expatrié aux USA et tentant de percer le mystère de la disparition de Brian Slade (Jonathan Rhys Meyers), une star du Glam-rock, son idole quand il était ado à Manchester et sa relation tumultueuse avec une autre légende, elle américaine, Curt Wild (Ewan McGregor). Au gré de ses rencontres avec les survivants du mouvement, notre reporter replonge sans son passé et se souvient…
C’est Todd Haynes qui est derrière la caméra et c’est déjà un gage de qualité.
Que ce soit dans l’évocation des moeurs de l’amérique des « fifties », et hommage à Dougles Sirk, via le sublime « LOIN DU PARADIS » avec Julianne Moore ou dans le film somme sur Bob Dylan « I’M NOT THERE », il excelle à retranscrire les époques dans lesquelles ses oeuvres prennent place.
« VELVET GOLDMINE » ne fait pas exception et impressionne par l’excellence de la reconstitution, des costumes aux décors (ces lumières !) sans oublier, et c’est le principal, le rendu de l’ambiance d’alors grâce à une bande-son impeccablement choisie (T-Rex, Roxy Music pour les anciens et Placebo, The Venus In Furs pour les nouveaux)…
A travers la relation unissant Slade/Wild, c’est un peu, beaucoup, à la folie, celle de Bowie/Reed qui transparait.
Acceptation de soi, libre-arbitre, trahison des ses idéaux, la multitude thématique est passionnante.
Pour tous les mélomanes, les cinéphiles, les nostalgiques ou les curieux, un indispensable.

 

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