Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 110

CIGOGNES & COMPAGNIE (3D)

de Nicholas Stoller et Doug Sweetland (avec les voix de Andy Samberg, Katie Crown, Jennifer Aniston)

 

Décidément, les animaux sont les stars du moment dans le domaine de l’animation.
Rien qu’en 2016, pas moins de sept productions leur font la part belle, avec des résultats divers allant du décevant (« LE MONDE DE DORY ») ou médiocre (« L’ÂGE DE GLACE 5 : LES LOIS DE L’UNIVERS ») au bon (« KUNG FU PANDA 3 »), voir très bon (« COMME DES BÊTES »).
Les studios se livrant une bataille sans merci pour avoir gain de cause – certains ténors se sont récemment ratés à l’instar de PIXAR ou de la 20TH CENTURY FOX – la hiérarchie n’est plus aussi figée qu’il y a une décennie, pour cause de concurrence accrue.
Prenons la WARNER BROS, par exemple.
Elle pourrait être jugée à la ramasse des gros mastodontes pré-cités juste au dessus.
Mais ce serait aller un peu trop vite en besogne et oublier qu’on doit à cette compagnie mythique, notamment, deux chefs-d’oeuvre absolus en la matière : « LE GÉANT DE FER » – qui ressort dans une splendide copie restaurée le 7 décembre prochain – de l’épatant Brad Bird (« À LA POURSUITE DE DEMAIN ») et « HAPPY FEET » de George Miller.
Donc autant dire que sa nouvelle incursion dans l’animé animalier était attendue avec une forte impatience.
Avions-nous raison ?
Pendant longtemps, les cigognes ont livré les bébés. Mais suite à la tentative de l’une d’entre elles de s’enfuir avec son « colis », elles ont arrêté. Maintenant, elles acheminent des paquets pour un géant de l’Internet. Junior, coursier star de l’entreprise, s’apprête à être promu lorsque Tulip, seule humaine autorisée à vivre avec les cigognes, commet une gaffe qui risque de tout remettre en question…
Faisant parti de cette génération de réalisateurs s »épanouissant dans la comédie américaine moderne et produite généralement par le roi en la matière, Judd Apatow, Nicholas Stoller est un cas intéressant qui nous donna de petits bijoux tels « AMERICAN TRIP » avec un Russell Brand déchaîné et surtout « 5 ANS DE REFLEXION », radiographie cocasse et poignante du quotidien de deux fiancés où Jason Segel et la craquante Emily Blunt s’avéraient épatants.
Connaissant une baisse de régime notable avec les récents « NOS PIRES VOISINS 1 et 2 », notre quadragénaire américain revient ici au top.
Si l’animation, brillante, est due à Doug Sweetland, tout le scénario porte la marque de fabrique de Stoller.
Celui-ci parvient brillamment à distiller ses obsessions – le passage à l’âge adulte, le poids des responsabilités, le couple moderne et souvent recomposé – à travers un récit comportant, certes, différents niveaux de lecture, mais plus à destination des adultes que des enfants.
Proposant plusieurs pistes de réflexion, critiquant frontalement la société de consommation et les rapports qu’elle engendre entre les individus, arrivant à faire survenir l’émotion à des moments où l’on ne s’y attend pas – tout en provoquant des éclats de rire (les loups !) – « CIGOGNES & COMPAGNIE » atteint l’excellence et se hisse pratiquement au même niveau que « WALL-E ».
C’est vous dire si c’est Immanquable.

 

 

LA FILLE INCONNUE

de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Louka Minnella)

 

Un soir, après l’heure de fermeture de son cabinet, Jenny, jeune médecin généraliste, entend sonner mais ne va pas ouvrir. Le lendemain, elle apprend par la police qu’on a retrouvé, non loin de là, une ado morte, sans identité. Se sentant responsable, Jenny va enquêter pour en savoir plus…
Le naturalisme chez les Dardenne est un sujet auquel on peut s’intéresser, si l’on prend comme postulat de départ que ce n’est jamais la même chose.
Problème, c’est toujours le même refrain.
Parfois, ça passe (rarement), parfois, ça casse (souvent).
Après l’insupportable « DEUX JOURS, UNE NUIT », ils ont encore eu les honneurs de la compétition officielle cannoise, en mai dernier.
Entre une esthétique toujours aussi laide, des interprètes neutres et peu convaincants, un synopsis con, des répliques risibles, nous ne sommes pas loin d’un mauvais épisode de Derrick où celui-ci serait allé consulter son toubib.
Et ce n’est pas un remontage (7 minutes en moins) décidé par les frangins belges, après les retours désastreux des critiques sur la croisette, qui change quoi que ce soit.
Non, vraiment, cette « FILLE INCONNUE » aurait mérité de le rester.

 

 

DEEPWATER

de Peter Berg (Mark Wahlberg, Kurt Russell, John Malkovich)

 

Peter Berg est, sans aucun doute, un des metteurs en scène US actuels les plus intéressants à suivre.
Brassant tous les genres avec un égal bonheur, il a fourni quelques grosses claques mémorables comme « LE ROYAUME – qui laisse sur le carreau la plupart des thrillers politico-guerriers de ces quinze dernières années – et « DU SANG ET DES LARMES », un classique instantané sur le thème de « la patrouille perdue ».
Et de plus, il a offert à Will Smith son meilleur rôle avec « HANCOCK ».
Donc le talent du bonhomme est indéniable.
Via son nouveau long, il s’attaque au plus grand désastre pétrolier jamais survenu.
Mike Williams, électricien sur la plateforme Deepwater Horizon – tournant non-stop pour tirer profit des 800 millions de litres d’Or noir présents dans les profondeurs du golfe du Mexique – et père de famille, connaît les risques de son métier mais fait confiance au professionnalisme de son patron Jimmy Harrell. Cependant, lorsque la société locataire de la construction décide – contre l’avis des techniciens présents – de la déplacer pour faire plus de profit, le pire survient…
Renouant avec le « film catastrophe » – si usité dans les seventies – Berg signe un thriller inégal.
Si l’empathie avec les personnages ne se fait jamais, c’est pour cause d’absence psychologique de chacun et, rapidement, on se contrefout de ce qui pourra leur arriver.
Le choix d’acteurs aussi typés que Wahlberg ou Kurt Russel est, dans ce cas de figure et de parti-pris narratif, une erreur.
On aurait beaucoup plus adhéré à observer des comédiens inconnus voire non-professionnels.
En revanche, toute la partie à proprement parler « explosive » (la moitié du métrage) est impressionnante de fureur et techniquement très aboutie.
Vous pouvez toujours demander en caisse une réduction de 50 % sur le billet.
Ça se tente.
On ne sait jamais, sur un malentendu…

 

 

L’ODYSSÉE

de Jérôme Salle (Lambert Wilson, Pierre Niney, Audrey Tautou)

 

Qu’est-ce qui est rouge et qui sent la moule ?
Réponse : Le bonnet du commandant Cousteau.
Cette blague, que l’on m’a forcé à retenir – à mon corps défendant – durant ma jeunesse beaucoup trop sage et studieuse, est à l’image de cette production hexagonale.
Au ras des pâquerettes.
Dommage que sur un tel personnage, nous ayons droit à un biopic ultra-consensuel – en même temps venant de TF1, fallait pas s’attendre à autre chose – et écornant avec parcimonie le mythe.
Alors comme ça, Jacque-Yves (Wilson, assez mauvais) trompait sa femme régulièrement (incarnée par Audrey Tautou – on comprend alors pourquoi) et était en conflit avec son fils Philippe (Pierre Niney, qui est partout).
Ok.
Et puis, il a quand même inventé, en 1948, un scaphandre autonome permettant de respirer sous l’eau.
Ensuite la Calypso, les documentaires que l’on a tous vus à la télé le dimanche…
D’accord.
Seulement, ce n’est ni fait, ni à faire.
Sans aucune conviction.
Seules les images sous-marines sont belles.
Le reste – le fond – est inexistant.
On le touche d’ailleurs.
Oui messieurs-dames, réjouissez-vous, cet enfilage de perles est de fabrication française.
Eh bien, ce n’est pas demain la veille que notre industrie va repartir.

 

 

L’affiche de la semaine : « OPPRESSION » de Farren Blackburn

 

Parce que voir cette chère Naomi en pédopsychiatre, coincée avec son beau-fils dans un chalet perdu sous la neige et pétant progressivement les plombs dans une ambiance mâtinée de Stephen King et d’Hitchcock semble prometteur.
Mais surtout, pour l’admirable composition graphique proposée, qui rappelle certains titres des années 80.

 

25

2 comments on "Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 110"

  1. Mystique Purple sur

    J’adore la couleur des critiques sans fard qui ne peuvent laisser indifférent. Rien de mieux si on adhère et j’adhère.
    Inutile d’être consensuel si c’est de la bouse, et il y en a malheureusement pas mal.
    L’esthétique des films des Dardenne est une singularité qui les caractérise pour évoquer l’ordinaire mais c’est vrai que Ken Loach a proposé mieux tout de même.
    Merci Gary de dénoncer les productions (hexagonales) au ras des pâquerettes avec du verbe et de l’adjectif percutant, je suis conquis.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *