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UN PEU DE LECTURE… – N° 3

 

Chez HORS COLLECTION, en association avec LES EDITIONS ALBERT RENE, la suite de l’intégrale consacrée à UDERZO, avec le deuxième volume couvrant la période 1951-1953.
Toujours sous la férule des frénétiques Alain Duchêne et Philippe Cauvin, nous commençons à entrer dans le sérieux puisqu’Albert Uderzo fait la rencontre de René Goscinny, se marie avec Ada Milani et entame une prolifique carrière d’illustrateur dans la presse féminine. Les premières séries d’importance arrivent également avec l’essai d’« Oumpah-Pah » (préfigurant «Astérix», on ne le dira jamais assez), avorté pour mieux revenir, mais surtout « Belloy, chevalier sans armure », blondinet à la force hérculéenne dans un Moyen-Age caustique et « Jehan Pistolet, corsaire du roy » se déroulant au XVIIIème siècle et entraînant un petit serveur d’une auberge dans des aventures trépidantes sur les mers.

INTEGRALE UDERZO

Sont ainsi proposées plusieurs histoires complètes sur les héros susnommés faisant ressortir tout l’admirable talent du noir et blanc d’Uderzo, définitivement plus influencé par l’école américaine que celle issue du Vieux Continent. Chaque planche est superbement reproduite d’après un nettoyage des originaux. Ajoutons-y des photos rares, des anecdotes croustillantes, des documents inédits et l’on obtient un luxueux pavé de plus de 400 pages que tout amateur véritable de bande dessinée se doit de posséder, de par l’importance du travail fourni et pour sa qualité historique.

Vous ne savez pas quoi offrir à vos chères têtes blondes ?

Aucun soucis, LA MARTINIERE, via sa collection JEUNESSE, vous propose de quoi satisfaire toute la famille : le louvre
Tout d’abord, pour celles et ceux qui veulent s’instruire, « LE LOUVRE RACONTE AUX ENFANTS » est une bonne chose. Premièrement, par le choix iconographique, qui passe en revue la plupart des pièces incontournables de « La Joconde » aux « Chevaux de Coustou » sans oublier les Arts premiers. Ensuite par l’auteur même de cet abc éducatif : Nicolas Milovanovic. Ce dernier, conservateur en chef du célèbre musée parisien, n’a pas son pareil pour expliquer les tenants et les aboutissants de chaque oeuvre, via des notules claires et instructives. Un régal même pour nous, les adultes, car on y apprend plein de détails.
« PRINCESSES DE LEGENDE », sous la plume de Martine Laffon, spécialiste de la genèse et docteur en philosophie, compile des contes où des jeunes filles de roi et d’empereur de tout pays, rencontrent le prince charmant. Illustrée par la nantaise Barbara Brun, à l’univers enfantin poétique, un album ravissant.
« PEAU D’ÄNE », une des plus grandes féeries du cinéma français, Catherine Deneuve, ses chansons, Jean Marais. Rien de mieux, pour le faire découvrir à vos enfants que de se procurer le livre du film où l’histoire est agrémentée de photos du long métrage. Idéal pour les initier à l’univers bariolé de Jacques Demy.

Vous connaissez tous « LE VIEIL HOMME ET LA MER » d’Ernest Hemingway.Il y eut une version sur grand écran, admirable, avec Spencer Tracy. Voici maintenant une libre adaptation due à Thierry Murat, qui signe à le vieil homme et la merla fois le scénario et le graphisme  Avec deux voire quatre cases maximum par page, usant d’un trait proche du flou mais précis et accentuant la partie opposant le pêcheur et l’espadon, il signe une épopée, à la tension montant crescendo, qui nous captive dès la première page pour ensuite ne plus nous lâcher. Et puis quelle utilisation des couleurs ! C’est chez FUTUROPOLIS.
Tout comme « LA LUNE EST BLANCHE » de François & Emmanuel Lepage.
En 2011, l’Institut polaire français a invité les frères Lepage à suivre une mission scientifique à destination de la base Dumont d’Urville, en Terre-Adélie, à bord d’un bâteau puis de servir de chauffeurs pour ravitailler une autre station, Concordia, située à 12 000 km de la première.
François, le photographe et Emmanuel, l’homme derrière les crayons, un de nos dessinateurs actuels les plus talentueux, nous offrent une merveille visuelle grâce au mélange de leurs deux arts se complétant, ici, parfaitement. Résultat : une aventure humaine immersive, confondante de beauté et d’un réalisme rare, qui fait, de cet album, un indispensable.

 

TEXTUEL, lui, nous enchante avec la parution de « GRIMM, CONTES CHOISIS », illustrés par Yann Legendre. textuel grimm 2
Legendre est un artiste tout à fait passionnant.
Orléanais d’origine, monté à Paris en qualité de designer, il s’installe à son compte et développe une technique basée sur l’éclectisme des motifs apparaissant sous nos yeux. Travaillant pour la publicité et des magazines, il déménage à Chicago où il réside à présent tout en continuant ses activités.
En s’attaquant, là, aussi bien aux célèbres « Petit Chaperon Rouge », « Cendrillon » ou « Blanche Neige » qu’à des récits moins connus comme « Le roi de la montagne d’or » ou « Les six cygnes », il arrive à créer une imagerie toute personnelle, emprunt de pop-art et de gravure.
On sait la liste des grands qui se sont coltinés aux contes de Grimm : Rackham, Charles Robinson, Dulac… Dorénavant, il faudra y ajouter un nom.

 

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Si vous avez adoré Jean-Pierre Marielle en ogre dans LE PETIT POUCET (1972) de Michel Boisrond, alors jetez-vous, sans plus tarder, chez ANKAMA, sur « UN HOMME DE GOUT » par le duo Cha & El Diablo, déjà responsable du rigolo « PIZZA ROADTRIP », démarquage habile de l’oublié et pourtant agréable MES AMIS de Michel Hazanavicius, pas encore star avec ses OSS 117.Au Guatemala, une ex-flic, Jamie Colgate, met la main sur Nekros, un tueur de la pire espèce qu’elle traque depuis des années. Elle est loin de se douter qu’elle est est face à un véritable monstre, dans tous les sens du terme, qui va lui raconter son histoire.Délicieuse transposition de la chasse au nazi en Amérique du Sud, Cha, un nouvelle fois, est en adéquation totale avec El Diablo et chaque dessin va à l’essentiel et sert le propos.Et puis le bourreau apparent n’est pas forcément celui qu’on croit.
Camille Rose Garcia est ses peintures dignes de l’underground américain des seventies, un bon article sur les « Misemono-goya », autrement dit les « Freak shows » japonais, qui date du XIVème siècle et quasi inexistant de nos jours, avec moultes bannières sublimes pour attirer le chaland, l’étonnante Deborah Simon et ses sculptures d’ours à fourrure, écorché, une réédition revue et augmentée d’une bible pour tout tatoueur qui se respecte, des interviews, plein de photos…, bref, c’est l’indispensable « HEY ! » n°19.

Jeune artiste tourangelle de talent, Carine Achard est ce que l’on peut appeler une chanteuse à texte dans la belle tradition de Barbara : voix posée, limpide, textes qui font mouche (« Aux pays des rêves ») et arrangements travaillés. Son premier album « AVANT L’AURORE » est disponible. Le mieux est de passer par ADAM Communication & Média (promo@adam-media.fr) pour tout savoir (date, concert…) sur elle.                                                                                                                                                                                                                                                     JOHN MEURT A LA FIN

Quand des drogués partent frénétiquement, tels des personnages à la Shelton, à la recherche de leurs doses dans un univers rempli de zombies affamés de chair fraîche, cela donne « DECHIRES », un impayable roman de Peter Stenson.
Sous l’humour noir, l’émotion affleure souvent comme si nous étions chez Hulbert Selby Jr et la façon d’utiliser le «je» fait immanquablement penser à Hunter Thompson, l’inventeur du journalisme gonzo.
Mais l’incontestable réussite de cette fournée, que l’on doit aux éditions SUPER 8, est « JOHN MEURT A LA FIN » de David Wong.
Faisant planer le mystère autour de sa véritable identité, Wong est en tout en cas le rédacteur en chef du site de divertissement allumé cracked.com et posséde une plume efficace.
Comme je n’ai pas trop envie de vous en dévoiler beaucoup, sachez juste qu’il y est question d’une sauce soja, qui, une fois ingurgitée, provoque des effets inattendus et pour le moins hallucinants. Un héros, des monstres, de l’action, de l’effroi, des rires et surtout des scènes qui hanteront longtemps vos esprits et n’ayant rien à envier aux peintures de Jérôme Bosch. Un long, assez fun, en a été tiré, réalisé par Don Coscarelli (les cultes PHANTASM et BUBBA HO-TEP).

 

bernie wrightsonPour terminer, deux sorties, là aussi d’importance (je vous rassure, je ne suis pas payé par les éditeurs, je ne suis même pas payé du tout) concernant la BD outre-Atlantique.
« EERIE & CREEPY PRESENTENT BERNIE WRIGHTSON », chez DELIRIUM est un must to have : anthologie de certaines des meilleures histoires (ambiance à la Poe, Lovecraft) de ce géant qu’est Wrightson bénéficiant d’une qualité de reproduction impériale et avec la presque totalité des frontispices parus dans les magazines de l’écurie Warren. Seul léger bémol, la présence d’une infime poignée de récits, anecdotiques, où Bernie travaille pourtant en collaboration avec un autre géant, Carmine Infantino. Mais rien que pour le reste…
« WALLACE WALLY WOOD, SI C’ETAIT A REFAIRE » de Guillaume Laborie est enfin l’ouvrage en français que tous les fans de Wood attendaient. Merci PLG.
Pour celles et ceux qui n’auraient jamais entendu parler de Wallace Wood, imaginez qu’il a apporté autant au Neuvième Art (style, narration, invention) que Franquin.
Si vous plongez dans ce livre, vous découvrirez alors tout sur ce surdoué graphique (ah, ces fusées, sacrebleu, ces armures) qui participa au E.C Comics (son « Flesh Garden », parodie de « Flash Gordon » est un sommet !), MAD, annonçant Crumb, Corben et les autres. Il finit sa carrière, cramé. L’iconographie choisie, un peu maigre, permet toute fois de se rendre compte de son éclectisme.
Wrightson disait de lui : « Wood aurait pu avoir le monde à ses pieds à un certain moment, mais il ne l’a pas fait. Il est simplement resté dans le domaine des comics, restant l’un des meilleurs, peut-être le meilleur qui n’ait jamais existé. Il était simplement un homme triste, désabusé et amer. Pour un long moment, probablement les trente dernières années de sa vie. »
Dont acte.

 

wood arc

 

 

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