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Krons

Quoi de neuf du côté des docs – N°6

 Un petit tour d’horizon avec la sortie de livres sur Paul Klee et Le Velvet Underground actuellement à l’honneur dans des expos (hélas …) Parisiennes, un ouvrage sur la représentation féminine dans les arts de rue, un autre sur le magnifique projet de poésie urbaine qui a magnifié la ville de Mons en Belgique l’an dernier… Les arts sous toutes leurs formes sont à l’honneur ! Mais pas seulement car les robots, le Front Populaire, les découvertes scientifiques qui n’ont servi à rien et un guide sur le jardinage naturel (printemps oblige !) complètent cette nouvelle série de chroniques !

 

 

la phrase

 

Rendre les poètes à la ville où ils ont vécu, mettre les mots dans la rue, les rendre accessibles aux flâneurs comme aux gens pressés, leur donnant la liberté de s’inviter à leur lecture comme à celle de ne pas s’y attarder…C’est le magnifique projet qui est né de la réflexion de Karelle Ménine (écrivain journaliste) et de Ruedi Baur (designer) et qui a vu le jour dans la ville de Mons, en Belgique. Mons n’a pas été choisie par hasard mais pour la richesse de son passé littéraire … Verlaine y a séjourné bien malgré lui dans ses geôles après avoir tiré sur Rimbaud. Il y a purgé une peine de deux ans qu’il a mise à profit pour écrire de nombreux poèmes… Émile Verhaeren y avait une résidence secondaire où il a reçu d’illustres visiteurs tels que Rilke, Zweig, Rodin, Maeterlinck ou encore Mallarmé … Fernand Dumont et Marguerite Bervoets, deux auteurs moins illustres, résistants pendant la seconde guerre mondiale et qui ont laissé leur vie dans leur combat pour la liberté étaient également natifs de Mons. Sans oublier le groupe surréaliste « Rupture » qui y est né avec la particularité d’être le seul « provincial » du mouvement. Tous ces paramètres faisaient de Mons la ville idéale pour y installer ce projet pharaonique de poésie urbaine : Pas moins de dix kilomètres d’espace public où la phrase s’est déployée sur les murs ou la chaussée, pendant une année entière…Composée de fragments d’œuvres littéraires parfois en relation avec l’actualité (attentats, racisme, migrants …), réalisée en différentes graphies (majoritairement en typo Garaje) et exécutée par trois peintres de lettres, cette œuvre poétique à ciel ouvert a permis aux mots d’exister dans une réalité quotidienne, le but étant que les habitants ressentent son manque à son retrait (quand l’imprévu devient indispensable …). Deux œuvres plus pérennes ont été réalisées dans le même temps devant et dans la prison de Mons. : Une mosaïque de Judith Delville apposée à son entrée principale et une fresque créée par les détenus dans une salle de visite. Les murs de la médiathèque ont également gardé des traces de cette belle initiative. La chanteuse et poétesse Patti Smith a été conviée au projet, elle s’est rendue à Mons et a rencontré les détenus qui doivent garder un souvenir durable de son chant à capella de « Because the night » repris en chœur par tous … Ce magnifique ouvrage relate cette expérience par la voix de ses deux créateurs et de ceux qui s’y sont associés, laissant la part belle aux photos des fragments de cette phrase (avec les textes en leur entier), seul témoignage d’une expérience humaine et littéraire de haut niveau… Vous pouvez également visionner le film documentaire que Zéphyr Haution et Théau Varlet ont consacré à cet évènement. Petit clin d’œil… Au détour d’une rue, on aperçoit une matriochka de Sara Conti…

La phrase : une expérience de poésie urbaine de Karelle Ménine et Ruedi Baur, Editions Alternatives, 2016 / 19€

 

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Initialement très masculin, le street art s’ouvre de plus en plus aux femmes tant sur le plan des artistes que sur la représentation féminine dans les œuvres exposées. Cet ouvrage fait le tour de la question de manière fort brillante en présentant un historique de la féminité et de sa représentation à travers les âges du point de vue philosophique, artistique ou religieux puis en donnant la parole à dix huit artistes, qu’ils soient hommes ou femmes, venant d’horizons différents tant géographiquement que culturellement et utilisant des techniques variées (collages, peinture, pochoir, origami et même tricot !) De ces entretiens ressortent les motivations principales de ces artistes militants pour la cause féminine (ils ne se revendiquent pas forcément du féminisme mais plutôt de l’humanisme), leur besoin d’offrir une vision de la femme hors de la représentation qu’en fait la publicité, d’exposer la force émanant des femmes, leur droit à disposer de leur corps, de leur donner du « powered » (autonomie et pouvoir rendu). Leurs œuvres (on peut les découvrir en fin d’ouvrage et je vous invite à visiter leurs sites Internet), empreintes d’humour, de poésie et de tolérance sont autant de messages d’espoir et de paix : Les femmes aux yeux immenses et à la chevelure abondante de Vinie Graffiti, les matriochkas de Sara Conti, les reines de Keflione, les déesses d’Alice Mizrachi, les femmes libérées et sexy de Fafi, les icônes du cinéma américain des années 50/60 de FKDL, les femmes fragiles et vulnérables de Jen Caviola, les fresques de la pionnière Lady Pink, les créatures torturées d’Eric Lacan, les femmes voilées de BR1, les personnages mi-hommes, mi-femmes de Madame Moustache,  les corps féminins à têtes d’hommes de Kashink, les créatures érotiques de Mode 2, les Stabby Women de Kid Acne, la souffrance et les émotions des femmes de Konny, les origamis de Mademoiselle Maurice qui milite pour l’environnement, les pin-up de Paddy et les travaux du collectif France Tricot qui habille statues et mobilier urbain de lainages…. Ces artistes exaltent chacun à leur manière, colorée ou plus sombre, la femme dans tous ses états avec un talent époustouflant. Superbe !!!

L’art se rue 3 de Karen Brunel-Lafargue, Editions h’Artpon, 2016 / 28€

 

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Ce livre d’art est une pure merveille … Non seulement les illustrations pleine page sont à couper le souffle, mais il est en plus très complet et relate la vie de Paul Klee de A à Z… Né à Berne en 1879 de parents musiciens, Klee a montré très jeune des talents de dessinateur mais aussi de violoniste talentueux. La conjugaison de ces deux passions le torturera d’ailleurs une partie de sa vie, avant qu’il ne choisisse définitivement de se consacrer à la peinture. Plutôt autodidacte, il a quand même suivi durant son adolescence des cours de dessin à Munich. C’est là qu’il rencontrera Lily Stumpf, l’amour de sa vie avec qui il aura un unique enfant, un garçon prénommé Félix. Au début de leur mariage en 1906 et pendant de longues années, ce sera Lily qui fera bouillir la marmite et Klee aura le rôle du papa poule qui lui conviendra d’ailleurs à merveille ! Durant tout ce temps, bien sûr, il ne cessera de peindre mais ne commencera à connaître la notoriété qu’en 1911 et à exposer sérieusement en 1912. Un voyage qu’il effectuera en Tunisie deux ans plus tard lui apportera une véritable révélation sur le travail de la couleur. Quand la guerre éclata, Klee, grâce à son statut d’artiste renommé, ne sera pas envoyé au front (il avait la nationalité allemande) et restera plutôt planqué durant tout le conflit. A partir de 1917, Klee commencera véritablement à vivre de son art. En 1921, il devient maître au sein du prestigieux Bauhaus, puis sera professeur à l’académie d’art de Düsseldorf d’où il sera licencié en 1934 pour son implication au Bauhaus d’une part mais aussi à cause de ses origines : son grand-père maternel (qui n’a jamais reconnu sa mère) était semble-t-il originaire d’Afrique du Nord (ce dont il était très fier). Il part s’installer avec sa famille en Suisse, dans la maison familiale. En 1935 la maladie qui l’emportera cinq ans plus tard commence à le dévorer… C’est pourtant en 1939 qu’il produira sa plus grosse production d’œuvres (366, quand même !) En feuilletant cet ouvrage, vous découvrirez également ses dessins d’enfance, ses carnets d’esquisses, des extraits de son journal et vous pourrez juger de l’évolution de ce grand maître à travers ses œuvres réalisées tout au long de sa vie … Une exposition lui est consacrée jusqu’au 1er août prochain au centre Pompidou, à Paris.

Klee de Boris Friedewald, Citadelles & Mazenod, 2016 / 95€

 

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velvet underground

 

Davantage qu’une biographie, c’est plutôt à un essai que nous convient les auteurs de ce livre, une plongée en apnée dans l’univers de ce groupe hors du commun qui a influencé le mouvement punk, le rock alternatif anglais de première bourre comme la new-wave. Initialement, Lou Reed, Sterling Morrison, John Cale et Moe Tucker avaient choisi comme nom de groupe « The falling spikes » (Les seringues tombantes, tout est dit !). C’est complètement fortuitement qu’ils ont pris le nom de Velvet Underground, titre d’un roman de gare oublié dans leur local par un ami… Le Velvet, c’est avant tout une posture, un concept novateur, un groupe de musiciens visionnaires qui ont repoussé les limites du son et de l’improvisation. Sulfureux, transgressifs, précurseurs, ils ont révolutionné la musique et l’on peut affirmer sans crainte qu’ils ont apporté les bases de tout ce que l’on peut écouter de qualité aujourd’hui. Aussi fou que cela puisse paraître, le Velvet a été éreinté autant par les critiques que par le public quand il se produisait … Aujourd’hui, il est adulé même par les nouvelles générations… Fans absolus de la première heure, Philippe Azoury et Joseph Ghosn nous dévoilent « leur » Velvet de ses origines jusqu’à Warhol et la Factory, en explorant avec un fervent enthousiasme ce groupe « so culte ». Passionnant ! Une exposition « The Velvet Underground Extravaganza » est visible à la philharmonie de Paris jusqu’au 21 août prochain…

The Velvet Underground de Philippe Azoury et Joseph Ghosn, Actes Sud, 2016 / 16,90€

 

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collègue robot

 

Ils sont déjà un peu partout, sur les chaînes d’assemblages des usines, dans les supermarchés, dans certains hôpitaux, dans les banques, les postes et même au téléphone quand on tente de joindre désespérément un service public… Et ce n’est qu’un début … La robotique avance de jour en jour et gagne du terrain sur l’humain. Leur coût encore élevé ne cesse de baisser et entre en compétition avec n’importe quel employé de façon déloyale puisqu’il peut être amorti en moins de deux ans ! Jamais malades ni en grève, pas de congés, les robots peuvent travailler 24/24 heures, 365 jours par an… Ce qui peut séduire et inciter à s’équiper bon nombre de patrons pour rester dans la sacro-sainte compétitivité ! C’est avec un humour salvateur qui adoucit le côté anxiogène du sujet que Valéry Bonneau nous dépeint l’état des lieux d’un futur de plus en plus proche puisque c’est déjà hier, demain ou après-demain. Il nous dresse tout d’abord un petit historique de la robotique puis, secteur par secteur expose leur implantation (Agriculture, industrie, commerce, transports, service à la personne, sécurité … et même culture !). Peu de métiers seront épargnés !!!! Alors ? Allons-nous entrer de plein fouet dans une civilisation des loisirs où le travail sera obsolète ? Ou dans le plus grand chaos avec des millions de chômeurs dans le monde entier ? Tout reste à écrire… Deux chemins vont s’ouvrir à nous, espérons que nous prendrons le bon…

Mon collègue est un robot de Valéry Bonneau, Editions Alternatives, 2016 / 18€

 

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Front populaire_

 

C’est par de nombreux articles du « Populaire » (dirigé par Léon Blum) et une iconographie impressionnante par sa richesse que cet ouvrage retrace les évènements qui amenèrent le front populaire au pouvoir. Sur fond de crise politique et économique, de montée du fascisme et d’affrontements avec le front National (déjà …), on suit chronologiquement ce qui a amené le peuple à se révolter : grèves monstres, manifestations de grande envergure contre la corruption des politiques et le capitalisme sauvage. Ces mouvements ont paralysé le pays jusqu’à l’arrivée au pouvoir du front populaire mené par Blum et son gouvernement. S’ensuivirent des réformes sociales d’importance sur lesquelles nous avons vécu jusqu’à aujourd’hui : droit syndical, semaine de quarante heures, congés payés et scolarisation obligatoire pour les enfants jusqu’à l’âge de quatorze ans … C’est par les luttes acharnées de millions de travailleurs que nous avons pu vivre des décennies entières sur ces acquis sociaux…Aujourd’hui plus que jamais dans la période difficile que nous traversons, ils sont menacés et il est bon de regarder dans le rétroviseur et de s’inspirer des luttes de nos aînés. Car rien n’est jamais acquis… Un document exceptionnel pour ne pas oublier et garder intact notre volonté de lutter contre les injustices !

Les victoires du Front Populaire de Nicole Masson, Le Chêne, 2016 / 24,90€

 

Frontpopulaire

 

 

top 14 découvertes

 

On imagine le monde des chercheurs plutôt austère et sérieux. Des grosses têtes penchées sur leurs travaux persistant à chercher et parfois à trouver des découvertes fondamentales pour l’humanité. Pour parodier les tontons flingueurs, y en a ! Mais il existe aussi une autre race de scientifiques, peut-être moins utiles (encore que…) faisant des recherches sur des sujets hautement improbables. Un homme, Marc Abrahams, a eu l’idée loufoque de créer un organisme « Les annales de l’improbable recherche » qui décerne l’IG-Nobel (prix ignoble) à des découvertes extravagantes. Au cours d’une cérémonie que ne renieraient pas les Monty Python’s, ils sont distribués (par certains « vrais » prix Nobel) dans une ambiance potache et délirante. J’en ai pour ma part retenu quelques-unes particulièrement gratinées : l’étude du phénomène des enlèvements par des extra-terrestres, la méthode pour stopper le hoquet récalcitrant par massage rectal, le repoussoir à adolescent, la recherche sur les spaghettis brisés, l’étude sur les puces de chien qui sauteraient plus haut que celles des chats ou bien encore les explications sur le fait que les piverts martelant toute la journée des troncs d’arbre ne connaissent pas de migraines ! A vous de juger de l’utilité de ces recherches déclinées dans cet ouvrage où science, ce n’est pas si fréquent, rime avec humour !

Le top 14 des découvertes scientifiques qui n’ont servi à rien d’Aleksandra Kroh et Madeleine Veyssié, Flammarion, 2016 / 17€

 

 

potager naturel

 

Vous disposez d’un petit lopin de terre ? Et si vous profitiez de cette opportunité pour vous lancer dans la culture de vos propres légumes ? C’est pas le rêve, ça de manger sa propre production, d’aller cueillir sa salade, toute fraiche, sans cochonneries et autres poisons ? Si vous avez envie de tenter l’aventure, Jean-Marie Lespinasse, de manière simple et claire, vous propose grâce à cet ouvrage plein de conseils utiles. Travail sur buttes, techniques d’enrichissement (naturel) du sol, engrais verts, compost, non retournement du sol (fini la bêche !), contrôle de l’arrosage, conseils de cultures et récolte de graines, respect de la nature, Lespinasse vous donne clé en mains les fondamentaux du jardinage naturel. Bon, Y a plus qu’à se lancer ! Retroussez vos manches et …Hardi !!!

Cultiver son potager naturel avec Jean-Marie Lespinasse de Danielle Depierre et Jean-Marie Lespinasse, Le Rouergue, 2016 / 24,50€

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