Le_Potager_Electro
Interviews

LE POTAGER ELECTRONIQUE

Le potager électronique

Gratuit, intime et intense !

Rencontre avec Audrey Pruvot,  membre de l’association Les Hommes Verts et fondatrice du festival Le Potager Electronique, dont la prochaine édition se tiendra les 27 et 28 juin prochains. Où il est question du festival, de gratuité, de la scène (extra)locale et de l’ardeur de créer… entretien en terrasse.

 

Peux-tu nous présenter brièvement l’association Les Hommes Verts ?

L’association est née en 2007, à l’origine pour promouvoir un groupe de musique dont le nom était les Hommes Verts. De fil en aiguille nous sommes devenus une association programmant d’autres groupes. Après leur séparation, on a continué, organisé une soirée quai Paul Bert qui s’appelait Cryopolis, et très rapidement nous avons atterri au potager de la Gloriette. Pour une soirée au départ… ça fait sept ans cette année !

 

Le site de la Gloriette a-t-il ancré l’identité du festival ?

Complètement. Le nom du Potager Electronique est né de ce site. On avait vraiment envie d’être dans un lieu différent, et c’est sur cette envie que s’est construite l’identité du festival.

 

Qu’est-ce que ça représente sept ans de gratuité pour vous ?

On ne s’attendait bien sûr pas à partir sur une telle longévité. On est fiers d’avoir maintenu la gratuité pendant sept ans, en rémunérant tout le monde. On dépend énormément de la météo et de l’affluence des gens, on sait très bien qu’un orage peut mettre fin au Potager Electronique. Le fait qu’on soit gratuit permet à tous de venir, une famille avec des enfants, pour une heure ou plus…  Après, il y a des contraintes financière importantes. Mais la dimension politique existe, celle de promouvoir la gratuité d’événements comme le nôtre.

 

Vous aviez fait appel à du financement participatif pour la cinquième édition, via le site Ulule…

Oui. Cela avait permis en partie de financer le festival. Demander de l’argent avec des contreparties est une chose, mais nous préférons l’alternative du concert de soutien, comme en décembre dernier. Cela avait du sens de demander aux artistes ayant déjà joué pour nous de venir ce soir-là. Tous ont répondu présent, et le concert a été un succès.

 

Vous faites part d’une sensibilité éco-citoyenne. Que représente pour toi le fait d’organiser un événement en l’associant à une dimension responsable ?

C’était le point de départ. On ne porte pas le nom des Hommes Verts innocemment, nous ne voulions pas donner de message, mais partir sur la notion d’écologie, d’alternative à ce monde emmuré… et le lieu, de toute façon, nous a contraints à respecter un maximum de choses. Nous nous sommes rapidement rendu compte que le public, à l’intérieur du site de la Gloriette, n’avait pas envie de faire n’importe quoi. Nous n’avons jamais déplorés de dégâts, très peu de déchets les lendemains de concerts. On avait peur au tout départ d’un carnage de fleurs et de légumes, or il n’en a rien été. Plus les années passent plus l’affluence augmente, et toujours pas de catastrophes ! Tout se fait simplement.

 

Peux-tu nous parler de la programmation de cette année ?

Il s’agit d’une année très éclectique. Il y a un groupe de Lyon, Pethrol, qui fait une pop punk indescriptible et énergique. Le Common Diamond est un duo venant de Toulouse. Côté région, nous présenterons Minou, les Boys In Lillies, Arnaud Aymard et son spectacle Les Chevaliers de l’Espace-Temps, Peter Pitches, Sapiens Sapiens, Futur… On a plus de formations que les années précédentes.

 

Le festival prend-il un virage exponentiel ?

Oui et non. Nous avons par exemple fait le choix de ne pas reporter la grande scène, on ne voulait plus cette opposition face aux gens. On revient à une scène plus basse, afin de rapprocher public et artistes. On avait envie de retrouver quelque chose de plus intime, favorisant l’écoute et la rencontre. Pour la première fois également, le site du festival va inclure le potager de la Gloriette, qui d’habitude est fermé pour des questions de sécurité.

 

Avec l’association, vous faites également un travail de suivi pour certains groupes locaux, au travers de résidences. Que pensez-vous de la scène locale actuelle, et plus globalement des conditions dans lesquelles elle vit, s’émancipe… ?

La scène locale actuelle est très riche, il y a vraiment un grand vivier à Tours et en Indre-et-Loire. On dit que Tours est une ville canapé, où l’on aime s’installer, peut-être que ça favorise l’émergence de talents… je pense que chaque projet s’émancipe par le travail, la volonté d’y arriver, d’espérer vivre de son art, ou tout du moins de sortir un album… il y a beaucoup d’institutions qui supportent ces groupes, mais tout le monde n’a pas sa place, il y a un manque de lieux pour énormément de musiciens. Nous organisons peu de résidences, cela dépend des rencontres, des échanges avec les artistes. C’est une chose à laquelle nous tenons, pour soutenir les artistes que nous aimons, sans prétention.

 

Vous avez programmé le groupe anglais A Band Of Buriers chez l’habitant, ces derniers mois. Est-ce une expérience que vous souhaitez reconduire à l’avenir ?

Oui ! Mais A band Of Buriers n’était pas le premier coup d’essai. La prochaine session sera en septembre avec deux Américains. C’est sûr que la dynamique d’un concert chez l’habitant est vraiment différente ; cela peut permettre à un artiste de travailler différemment son set, d’appréhender de nouvelles compositions en petite jauge. Nous sommes plusieurs structures à organiser ce genre d’événements, et on rejoint le problème précédent, à savoir le manque de lieux. Avec la politique anti-bruit il se passe beaucoup moins de choses en ville, organiser un concert devient vraiment difficile. Chez l’habitant, avec un peu de courtoisie à l’égard des voisins, on peut être plus libre.

 

Vous avez réalisé une belle vidéo revenant sur ce concert de A Band Of Buriers, avec extraits du concert, interview… que représente pour vous ce genre de traces ?

On souhaite garder de ces moments de beaux souvenirs, dont le groupe puisse aussi bénéficier. Notre principe pour les concerts en appartement, c’est la gratuité, public et artistes compris. On cherche donc à immortaliser du mieux possible ces moments rares, qui laissent rarement les artistes indifférents. De plus, dans l’association nous sommes plusieurs à travailler l’image, ce qui facilite cette implication.

 

L’intimité, maître mot des Hommes Verts et du Potager Electronique ?

Oui. On a commencé comme ça, avant de se laisser séduire par des conditions plus importantes, et se rendre compte  finalement que ce n’était pas notre volonté initiale. Nous voulions retrouver une vraie proximité, parfois intimidante pour les artistes, mais qui laisse rétrospectivement de fortes impressions chez ceux qui ont répondu présent.

 

Des surprises à venir pour l’édition 2014?

Oui ! Plein de choses le samedi après-midi. Il faudra être présent dès 16h pour bien en profiter. Et rester le soir, évidemment !

 

(Propos recueillis par Romain Benard)

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