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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 77

007 SPECTRE

de Sam Mendes (Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux)

 

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Drôle de saga que celle des « James Bond ».
En effet, depuis l’ère Pierce Brosnan (dès 1995 avec « GOLDENEYE »), tel Woody Allen, seul un épisode sur deux de 007 est réussi.
Après avoir touché le fond avec « MEURS UN AUTRE JOUR », Daniel Craig est arrivé pour redonner un coup de neuf à l’espion le plus célèbre du Royaume-Uni.
Cela nous valu l’excellent « CASINO ROYALE » qui renouait avec l’esprit littéraire des romans de Ian Fleming, le créateur.
Et puis, patatraque, l’horrible « QUANTUM OF SOLACE » torpillait l’effort précédent.
Après, il y a trois ans, nous eûmes droit à « SKYFALL », chef-d’oeuvre (n’ayons pas peur des mots) d’une noirceur bienvenue, réalisé par Sam Mendes (pour rappel « AMERICAN BEAUTY » mais surtout « LES NOCES REBELLES).
Celui-ci, toujours derrière la caméra, nous propose maintenant un des films-évènements de cette fin d’année (l’autre étant, évidemment « LE GOÛT DES MERVEILLES » avec Virginie Efira, euh pardon, le prochain « STAR WARS »).
Notre anglais de service est-il parvenu à rompre la terrible malédiction des statistiques ?
Menant toujours, aux quatre coins du globe, une vendetta personnelle contre les responsables de la mort de Vesper Lynd et de l’ancienne « M », Bond va se retrouver à devoir infiltrer une dangereuse et puissante organisation criminelle internationale, tandis qu’à Londres l’existence du service des agents 00 est menacé d’être supprimé par un haut-membre du gouvernement…
Autant le dire immédiatement, « SPECTRE » est un divertissement honnête mais sans plus, loin de ce que l’on était en droit d’attendre légitimement au vu des perspectives proposées par le précédent opus.
Pourtant, il y a d’indéniables qualités.
En premier lieu, une volonté clairement affichée (et ce dès la séquence de pré-générique, impressionnante de tension et d’efficacité) de renouer avec l’esprit du début, du temps de Sean Connery, dans le rythme, l’esthétique, la lumière utilisée, le double sens de certains dialogues et Enst Stavor Blofeld (campé par un suave Christoph Walz) némésis juré de notre héros, accompagné de son éternel chat blanc.
Et ensuite, le titre même de cet épisode, prophétique, nous offre plein de clins d’oeil aux anciens chapitres, ouvertement cités ou moins facile à repérer, de « BON BAISERS DE RUSSIE » (la scène du train) à « L’ESPION QUI M’AIMAIT » (le gros méchant indestructible), en passant par « DR NO » (la tunique au col mao de Waltz lors de la séquence d’opération chirurgicale) sans oublier « VIVRE ET LAISSER MOURIR » (l’ambiance « vaudou » de l’ouverture pendant le carnaval), « AU SERVICE SECRET DE SA MAJESTÉ » et j’en oublie.
Le gros hic, en plus d’un scénario inabouti et maladroit, notamment sur la relation entre Bond et Blofeld, c’est Léa Seydoux.
Cette « fille de » (également en ce moment à l’affiche de « THE LOBSTER ») a étonné pour de louables raisons dans un seul long métrage, l’envoûtant « BELLE ÉPINE » (2010) de Rebecca Zlotowski.
Depuis…
Dingue tout de même de la voir à ce point fadasse en James Bond Girl (même Sophie Marceau s’en tirait mieux !), débitant ses répliques sans grande conviction, sexy comme un sachet de soupe lyophilisée Knorr.
Dingue surtout que Sam Mendes ne se soit pas aperçu que cette mauvaise prestation nuit à l’ensemble – tout comme celles de Marion « je dois pleurer à chaque fois » Cotillard, autre française partie à Hollywood.
Cela rend encore plus incompréhensible le dénouement auquel on ne croit pas un seul instant.
Alors, erreur de casting ou, suite au piratage de Sony – conduisant au vol d’une version de l’histoire – une réécriture de l’intrigue ?
Les hackers ont bon dos.

 

 

LES ANARCHISTES

de Elie Wajeman (Tahar Rahim, Adèle Exarchopoulos, Swann Arlaud)

 

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Dans le Paris de 1899, des anarchistes sévissent à Paris. Jean Albertini (Tahr Rahim), brigadier de son état, est chargé de les infiltrer. Tout en établissant des rapports transmis à ses supérieurs, celui-ci commence à développer des sentiments pour Esther (Adèle Exarchopoulos, d’une fausseté), la principale fille de la bande…
Responsable précédemment de « ALIYAH », joli drame sur la rédemption d’un dealer de drogue interprété par Pio Marmaï, voici le second long métrage d’Elie Wajeman, « LES ANARCHISTES » qui a ouvert la Semaine de la Critique, cette année, à Cannes.
Et c’est une déception.
Nous sommes face à une oeuvre sans réelle atmosphère (Proudhon et Bakounine s’en retournent dans leurs tombes), certes soignée pour les décors et costumes, mais d’où ne s’échappe aucune émotion tant les personnages sont sans aspérités (les comédiens ne parvenant pas à les transcender, à l’exception de la tourangelle Aurélia Poirier – l’impulsive Jane dans la série télé LAZY COMPANY-, hélas que dans deux trop courtes scènes) et souffrant également d’un récit ultra balisé.
Après le poussiéreux « LA PRINCESSE DE MONTPENSIER » de Bertrand Tavernier, voila une autre production historique qui sent bon la naphtaline.
Mite alors !

 

 

L’ÉTAGE DU DESSOUS

de Radu Muntean (Teodor Corban, Iulian Postelnicu, Oxana Moravec)

 

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Le 7e art roumain est l’un des plus intéressants d’Europe de l’Est depuis dix ans.
On le retrouve souvent dans les grandes manifestations internationales, parfois récompensé à l’instar d’un Cristian Mungiu (« 4 MOIS, 3 SEMAINES ET 2 JOURS »), d’un Calin Peter Netzer (« MÈRE ET FILS ») ou d’un Corneliu Porumboiu (« 12 H 08 À L’EST DE BUCAREST »).
Radu Muntean (« MARDI APRÈS NOËL »), lui aussi figure de proue de cette « nouvelle vague », était en mai dernier, en compétition dans la section « Un Certain Regard ».
Pătrașcu a un business assez prospère de cartes grises pour voitures. Passionné de concours de chien, il entraîne le sien régulièrement. Sa femme l’aide dans son travail et son ado de fils s’abruti aux jeux vidéos. Il habite un appartement dans un immeuble. Un soir, en rentrant de son boulot, il entend dans l’appart juste en dessous de chez lui, les bruits d’une violente querelle d’amoureux. Le lendemain matin, on découvre le corps d’une jeune femmes. Pătrașcu soupçonne un de ses voisins d’être l’auteur du crime, mais ne va pas prévenir la police…
Une copine, productrice et présentatrice connue de France Inter, Christine M., m’avait fortement vanté ce thriller psychologique qui l’avait tétanisée.
Centré sur le thème de la conscience et de son questionnement, « L’ÉTAGE DU DESSOUS » échoue à instaurer un climat un tant prenant (alors que tous les ingrédients sont pourtant là), faute d’une trop grande distance mise avec son personnage central et qui empêche le spectateur de se mettre à la place de celui-ci et de se demander comment il aurait réagi.
En dépit de la solidité du casting, on trouve le temps long.
C’est décidé, je n’écouterai plus la radio.

 

 

BAD BOY BUBBY (Réédition)

de Rolf de Heer (Nicolas Hope, Claire Benito, Syd Brisbane)

 

Bad Boy Bubby

C’est vrai, je ne parle jamais assez des reprises.
C’est fort dommage surtout que ce coup là, le meilleur film dans les salles en est une et nous vient d’Australie.
Séquestré par sa mère depuis sa naissance dans un petit deux-pièces, Bubby (qui veut dire « nichon ») est un trentenaire – mais à la mentalité d’un enfant de 5 ans – qui ignore tout du monde extérieur qu’il croit empoisonné. Le retour de son père, qui l’avait abandonné à la naissance, va bouleverser son existence. Suite à un acte terrible, il sortira enfin dehors…
Datant de 1993, « BAD BOY BUBBY » est signé Rolf de Heer, un cinéaste passionnant à qui l’on doit, il y a peu le poignant « CHARLIE’S COUNTRY ».
Iconoclaste, fou, déstabilisant, transgressif, violent, poétique, aux solutions visuelles sidérantes (différentes focales jouant sur les perspectives pour mieux traduire l’état d’esprit de Bubby), ce conte initiatique déviant mais émouvant est un véritable tour de force technique.
Pas moins d’une trentaine de chefs opérateurs se sont succédés sur les deux ans dont a nécessité le tournage et pourtant le résultat est d’une cohérence confondante.
Nicholas Hope (sorte de Jack Nicholson halluciné) est éblouissant en Bubby, à la fois inquiétant et touchant, et fût équipé d’un microphone particulier de chaque côté de sa tête donnant, ce qui donne comme résultat une bande son où l’on peut entendre les mêmes bruits que notre malheureux héros.
Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise, à l’époque.
Aussi important que, quinze années auparavant, « MAD MAX ».
Une oeuvre, parfaitement restaurée, que vous vous devez de mater d’urgence.

 

 

L’affiche de la semaine : « MOONWALKERS » de Antoine Bardou-Jacquet

Digne d’une pochette d’album de la période psychédélique de tous ces groupes britanniques, des Stones aux Beatles, en passant par King Crimson et consorts, le poster américain de « MOONWALKERS » annonce la couleur.
Racontant, dans le Swinging London, la mission d’un agent de la CIA qui doit convaincre Stanley Kubrick de filmer un faux alunissage au cas où Apollo XI échouerait, cette hilarante comédie (proposée au Marché du Film cannois) avec un Ron Perlman savoureux sortira sur les écrans, le 27 janvier 2016.
Cocher la date.

 

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