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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 61

LA BATAILLE DE LA MONTAGNE DU TIGRE (3D)

de Tsui Hark (Hanyu Zhang, Tony Ka Fai Leung, Kenny Lin)

 

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20 ans.
Oui, cela fait 20 ans que Tsui Hark asséna « THE BLADE », monument du Wu Xi Pian (film de sabre chinois) qui révolutionna le genre.
Pourtant l’homme avait déjà ravi son monde avec « L’ENFER DES ARMES », « ZU, LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE » et la saga des « IL ÉTAIT UNE FOIS EN CHINE » avec un Jet Li débutant.
Producteur avisé et parfois malheureux, ce réalisateur hong-kongais d’origine vietnamienne se tenta l’expérience américaine, comme d’autres, avec des « Vandammeries » (« DOUBLE TEAM ») où il limitait le désastre avec son brio des scènes d’action. Mais au contraire de son confrère et ami, John Woo, il rentra rapidement chez lui où il reprit du poil de la bête et poursuivit une carrière riche et passionnante, confère dernièrement ses superbes « DÉTECTIVE DEE », feuilletonesques à souhait.
Souvent épris d’un certain nationalisme, en le glorifiant mais également en le questionnant et l’égratignant parfois, voici qu’il adapte une histoire authentique avec une grosse production : « LA BATAILLE DE LA MONTAGNE DU TIGRE », projet qu’il nourrissait depuis des années.
1946. Après le retrait des troupes japonaises, la Chine est en proie à la guerre civile. Le Nord-Est de l’état est occupé par des gangs de bandits. Le plus puissant d’entre-eux, dirigé par Lord Hawk, est retranché dans une forteresse réputée imprenable, au sommet de la Montagne du Tigre. L’Unité 203 de l’Armée de Libération, à partir d’un village régulièrement pillé, va s’employer à détruire cette organisation de criminels…
Tiré d’un roman écrit en 1957 par Qu Bo, journaliste envoyé au front à l’époque des faits relatés, et adapté auparavant à l’Opéra de Pékin dans les « sixties », maître Tsui nous offre un magnifique divertissement, intelligent et sensible.
A l’heure où les metteurs en scène de blockbusters, dans 90 % des cas, ne savent plus raconter et nous gratifie de personnages sans relief, l’auteur de « TIME AND TIDE », à l’instar de George Miller et son « MAD MAX : FURY ROAD », donne une leçon de savoir-faire.
Conteur hors-pair, usant de touches de naïveté qui s’avéreraient ridicules chez beaucoup, il parvient à immerger le spectateur, en ayant compris, comme Scorsese, l’apport de la 3D lorsqu’elle est bien utilisée, avec du beau spectacle et l’on ne compte plus les morceaux de bravoure (la scène avec le tigre, l’attaque du village renvoyant au « 7 MERCENAIRES », l’assaut final).
Se servant du numérique avec pertinence, la plupart des cascades utilisent (comme souvent chez lui) des filins qui furent ensuite « gommés », et nous régalant de chorégraphies, Hark, en commençant son récit à l’époque contemporaine, n’oublie pas de s’interroger sur la place des traditions et le poids du passé quant à notre avenir.
Véritable pied de nez aux productions hollywoodiennes de super-héros, allez donc savourez ce bel hommage à tous les anonymes qui marquèrent l’Histoire.

 

 

SPY

de Paul Feig (Melissa McCarthy, Jude Law, Rose Byrne)

 

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Susan Cooper (Melissa McCarthy) travaille à la CIA. Non pas sur le terrain, comme elle le voudrait, mais en assistant depuis son bureau, l’un des éléments les plus performants de la compagnie, Bradley Fine, dans ses missions. Mais un jour, lors d’une enquête sur de dangereux trafiquants, celui-ci disparait. Dès lors, elle va se retrouver à poursuivre elle-même la tâche de son mentor en devenant espion…
Cette comédie est avant tout un « véhicule » pour une actrice fort rigolote, Melissa McCarthy, qui retrouve ici pour la troisième fois, Paul Feig, après le fendard « MES MEILLEURES AMIES » et le moins réussi « LES FLINGUEUSES ».
Pastiche affirmé, et ce dès le générique des « James-Bond » (imaginez Miss Moneypenny grassouillette remplaçant 007 mais sachant néanmoins se battre), souffrant de quelques longueurs, « SPY » vaut le détour surtout pour l’abattage de McCarthy, ensuite pour la suavité de Jude Law et, enfin, dans un contre-emploi amusant, Jason Statham en bourrin décérébré.
Pas aussi jouissif que « KINGSMAN : SERVICES SECRETS » mais assez plaisant.

 

 

VICE-VERSA

de Pete Docter et Ronaldo Del Carmen (avec les voix de Amy Poehler, Phyllis Smith, Lewis Black)

 

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Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, les studios PIXAR se doivent d’essayer de maintenir un certain niveau d’excellence.
Or, après une période faste où ils enchainèrent pépites sur pépites, leurs réussites sont devenues moins fréquentes, un peu plus aléatoires.
Pour un « TOY STORY 3 » impeccable, nous eurent « CARS 2 », « REBELLE » ou encore « MONSTRES ACADEMY », ce dernier certes sympathique mais décevant eu égard au standard habituel de la compagnie.
Et les progrès notables, notamment des rivaux de DREAMWORKS, qui nous donnèrent coup sur coup les formidables « LES CROODS » et « DRAGONS 2 », ont bouleversé la donne-
Leur nouveau bébé « VICE-VERSA » rassure-t-il ?
Saviez-vous que dans nos cerveaux, les Émotions sont de minuscules êtres vivants qui opèrent dans un centre de contrôle ? Prenez par exemple, Riley, 11 ans. Dans sa tête, il y a Joie, Tristesse, Peur, Dégoût et Colère. Tous tentent de travailler en bonne harmonie pour le bien de la petite fille et la guider, elle qui vient d’emménager dans une grande ville. Mais un jour, lors d’un incident technique, Joie et Tristesse se retrouvent dans les recoins les plus reculés de l’esprit de Riley, avec certains de ses souvenirs essentiels. Elles devront impérativement tenter de revenir à leur base sous peine de voir la fillette devenir asociale…
Maestria et fluidité de l’animation au service d’un scénario incroyablement profond, gags et répliques hilarantes, un boulot sur les couleurs et les textures épatants et qui change de ce que John Lasseter et consorts avaient coutume de délivrer jusqu’à présent, telles sont les qualités ressortant ici.
Aux manettes, principalement, Pete Docter, le réalisateur de « MONSTRES ET CIE » et « LÀ-HAUT », rien que deux des meilleures productions de la firme américaine et cela ce sent.
En effet, cette façon unique de savoir s’adresser ainsi aux adultes avec cette tendresse qui touche en plein coeur (yeux humides à prévoir), tout en faisant rire, et avec un respect total du spectateur, c’est bel et bien lui.
Lasseter (« TOY STORY 1 et 2 »), le patron, est plus enfantin.
Docter se rapprocherait plutôt d’Andrew Stanton (« LE MONDE DE NEMO », « WALL-E ») mais avec plus d’imagination.
Et là on se régale, entre les clins d’oeil à l’industrie du cinéma, les trouvailles visuelles et l’inventivité générale.
Attention, les têtes blondes (en dessous de 10 ans) risquent de décrocher.
« VICE-VERSA », c’est la rencontre de Tex Avery et de Roald Dahl.
Un chef-d’oeuvre !

 

 

MUSTANG

de Deniz Gamze Ergüven (Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit İşcan)

 

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Au fin fond de la Turquie, dans une bourgade, aux prémisses de l’été, cinq soeurs rentrent de l’école en jouant sur la plage avec des garçons. Elles se font punir par leur grand-mère, les élevant depuis la mort de leurs parents, leur reprochant une attitude indécente. La maison familiale prend alors de plus en plus des allures de prison…
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en mai dernier, ce très joli drame, en partie autobiographique, marque la naissance d’une réalisatrice turque à suivre, ayant étudié à la FEMIS et traitant de l’éducation plus que de la condition féminine.
Contrairement à ce que vous pourrez peut-être lire ailleurs, ce n’est pas un « VIRGIN SUICIDES » à la Proche-Orient.
Là, beaucoup plus de vitalité que chez Sofia Coppola.
Menton spéciale au quintet de jeunes comédiennes, lumineuses, d’une grande beauté et fruit de longues recherches.
Cocasse, poétique, dure, « MUSTANG » ou une chevauchée infernale.

 

 

VALLEY OF LOVE

de Guillaume Nicloux (Gérard Depardieu, Isabelle Huppert, Dan Warner)

 

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Pour la première fois à Cannes, en Compétition Officielle, Guillaume Nicloux a réuni deux monstres sacrés de notre industrie, Huppert et Depardieu, qui ne s’étaient plus cotoyés depuis « LOULOU » de Pialat en 1980.
Gérard et Isabelle, séparés, se rendent dans la Vallée de la Mort, en Californie, suite à la réception d’une lettre écrite par leur fils qui s’est suicidé et qui leur a donné rendez-vous là-bas…
On ne reviendra pas sur la pauvreté générale des représentants français, cette année, sur la Croisette et du coup, on attendait fermement le Nicloux (plein de bonnes choses dont récemment « LA RELIGIEUSE » et le loufoque « L’ENLÈVEMENT DE MICHEL HOUELLBECQ pour redresser la barre.
Malheureusement, peine perdue.
Souffrant d’un déséquilibre de scénario, d’inutilisation concrète des paysages et de performance d’acteurs (Depardieu n’est pas qu’aussi gros qu’un cochon bourré aux stéroides, il est aussi mauvais, jamais concerné, tandis qu’Huppert fait ce qu’elle peut pour sauver les meubles mais souffre de l’écriture de son caractère), « VALLEY OF LOVE » peine à atteindre son but de mélanger la réalité et la fiction et d’émouvoir.
Même lorsque le responsable de « CETTE FEMME-LA » s’essaie au fantastique avec un rapide clin d’oeil à David Lynch, cela ne fonctionne pas.
Un gâchis attristant.

 

 

L’affiche de la semaine : « LES PEANUTS – LE FILM » de Steve Martino

 

L’ancêtre fondateur, dû au génial Charles M. Schulz, sans qui « Calvin & Hobbes » et  « Garfield » n’auraient probablement pas existé, bientôt sur grand écran.
Snoopy, Charlie Brown et les autres.
Forcément oui.

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2 comments on "Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 61"

  1. Detective Dee 2 : le meilleur blockbuster de l’été l’année dernière !
    Des idées à la pelle, une réal à couper le souffle et une des meilleures 3D jamais vues. J’ai hâte de voir La Bataille de la montagne du tigre.

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