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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 45

BIRDMAN

de Alejandro González Iñárritu (Michael Keaton, Edward Norton, Emma Stone)

 

naomi watts
Au même titre que Guillermo del Toro, Carlos Reygadas ou encore Alfonso Cuarón, Alejandro González Iñárritu porte haut les couleurs du Mexique au cinéma.
Pour des résultats divers.
Car, outre « AMOURS CHIENNES » – ses débuts assez bruts de décoffrage en 2000 – difficile, depuis, de ne pas reconnaître un virage assez putassier, explosant avec l’insupportable et misérabiliste à outrance « BIUTIFUL » (même Bardem ne pouvait rien y faire).
Déjà avec « 21 GRAMMES », en dépit des qualités esthétiques indéniables – que l’on retrouve dans toutes ses oeuvres – on sentait poindre les grosses ficelles.
Tout cela pour dire que, malgré une bande annonce prometteuse et une affiche pas mal du tout, c’était avec une légère pointe de circonspection que je me rendais à la projection de « BIRDMAN ».
Riggan Thomson (Michael Keaton), ex-star mondialement connue pour son rôle de super-héros en costume d’oiseau dans des séries B à succès, tente d’adapter une pièce de Raymond Carver à Broadway, et ce, afin de renouer avec sa gloire passée. Sa fille, Sam (Emma Stone), lui servant d’assistante, son producteur Jake (Zach Galifianakis) le protégeant et les comédiens choisis, Leslie (Naomi Watts) et Mike (Edward Norton), sont tous derrière lui. Pourtant rien ne semble se passer exactement comme il l’avait prévu…
Carver, c’est de la même veine que Spillane – pas que pour la bouteille – au niveau de l’écriture (d’ailleurs, le premier a longtemps lu le second) : une certaine sécheresse allant à l’essentiel et évitant si possible le superflu.
Ce qui est passionnant avec ce « BIRDMAN », inégal, c’est la tentative de l’auteur de « BABEL » de mélanger sa maestria technique avec les propos qu’il souhaite traiter avec minimalisme, à l’instar de Raymond Carver
En effet, par de virtuoses plans séquences, empruntant quelques « trucs » à « LA CORDE » d’Hitchcock, épaulés par un travail assez épatant, sur la lumière, crépusculaire – Oscar de la meilleure photo pour Emmanuel Lubezki, même si Dick Pope pour « MR.TURNER »… – et reflétant les étâts âmes des principaux protagonistes, nous assistons aux tribulations d’une bande de déchus de l’industrie américaine et comment chacun gère la situation à sa façon.
Mais justement, le gros bémol de cette entreprise concerne le fond.
Si l’ensemble du casting prend manifestement plaisir à jouer, l’écriture même de leur caractère est là où le bâs blesse.
Exemples :
– Keaton (buriné, ferait un excellent « Mike Hammer ») est certes formidable (parallèle évident avec la propre trajectoire de l’interprète du « BATMAN » de Tim Burton), sa schizophrénie n’est pas assez approfondie et les quelques rares scènes fantastiques, rêvées ou réelles (ne serait-ce que l’ouverture du film) laisse envisager une direction, qui, hélas, ne verra jamais le jour.
– Naomi Watts, en actrice de seconde zone, lorsqu’elle se rend compte de son parcours raté, nous gratifie de son instant « Marion Cotillard », en larme et d’une fausseté incroyable, tombant comme un cheveu sur la soupe et montrant les limites de l’art narratif du cinéaste.
Même si Iñárritu ne transforme pas totalement l’essai de ce projet ambitieux, celui-ci vaut amplement le coup d’oeil et les récompenses majeures glanées (meilleur réalisateur et meilleur film), dimache soir, lors de la grande messe hollywoodienne, sont méritées.
Après « GRAVITY » (Cuarón) l’an passé, « BIRDMAN » donc, on conseillera fortement, aux futurs gagnants de l’année prochaine, une fois nominés, de se renseigner fissa sur les conditions d’obtention de la « Green Card », quitte à renoncer à leur nationalité US acquise à la naissance.
Sait-on jamais…

 

 

LE DERNIER LOUP (3D)

de Jean-Jacques Annaud (Feng Shaofeng, Shawn Dou, Basen Zhabu)

 

le dernier loup

ANNAUD.
Un nom mythique du septième art français (captivant en interview, surtout dans ses bureaux parisiens, remplis d’objets rapportés de ses nombreux voyages).
« COUP DE TÊTE », l’épatant et mésestimé « LA VICTOIRE EN CHANTANT », « LE NOM DE LA ROSE », « LA GUERRE DU FEU »… et puis aussi le catastrophique « SA MAJESTÉ MINOR ».
Récemment « OR NOIR », bel hommage aux grandes épopées à la « LAWRENCE D’ARABIE ».
Et, à présent, « LE DERNIER LOUP ».
1969. La Révolution culturelle bat son plein chez Mao. Deux étudiants de Pékin, Chen Zen et Yang Ke, sont envoyés en Mongolie-intérieure, au sein d’une tribu nomade afin d’enseigner le chinois aux enfants. Très vite, ils se rendent compte que les coutumes de ces bergers sont emprunt de croyances ancestrales immuables comme celle les reliant aux loups, craints et vénérés. Chen Zen, le plus sensible, désirant en savoir plus sur ces animaux qui le fascinent, capture un petit et décide de l’élever en secret…
En portant à l’écran un best-seller (vendu à 20 millions d’exemplaires) de Jian Rong, un romancier de l’Empire du Milieu , l’ami Jean-Jacques renoue avec l’esprit de « L’OURS » et signe un fort joli film d’aventures, magnifiant la nature comme il sait si bien le faire, à coup de grands panoramas de paysages somptueux.
Tourné directement en 3D, le relief, ici, est véritablement un plus, immergeant le spectateur qui a droit à plusieurs morceaux de bravoure dont une course-poursuite entre loups et chevaux.
Refusant tout effet numérique et tournant avec de vrais bêtes, le responsable de « STALINGRAD », évitant dans l’ensemble tout pathos, nous émeut sans tricher.
ANNAUD, essentiel.

 

 

LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE – LA LÉGENDE DU SANCTUAIRE

de Keichi Sato (Avec les voix de Nobuhiko Okamoto, Kenji Nojima, Rikiya Koyama)

 

les chevaliers du zodiqua

Alors que nombre d’animés japonais de qualité sortent directement en DVD et que seul, à juste titre, Miyazaki, Matsumoto, Takata et une poignée d’autres connaissent une distribution en salle, était-il nécessaire que cela soit également le cas pour « LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE – LA LÉGENDE DU SANCTUAIRE » ?
Penchons-nous briévement sur la question.
Saori, une jeune fille recueillie à sa naissance par un riche homme d’affaires, s’avère être la réincarnation de la déesse Athéna, chargée de protéger la Terre. Régnant sur le Sanctuaire, le Grand Pope, désireux de la détruire, envoi ses sbires la tuer. Mais elle est sauvée par ses gardiens, des chevaliers aux armures de bronze. Ceux-ci vont se rendre à la base du Grand Pope et affronter d’autres chevaliers, en Or, extrêment puissants et représentant chacun une constellation…
Avec un graphisme évoquant parfois, pour le pire, « FINAL FANTASY, LES CRÉATURES DE L’ESPRIT » et bénéficiant, pour le meilleur, d’une animation de haute qualité, Keichi Sato – à qui l’on doit TIGER & BUNNY , une série télé très rigolote décrivant un monde où les super-héros sont sponsorisés par des marques – essaie de condenser l’équivalent de soixante-dix épisodes de 25mn du modèle d’origine, SAINT SEIYA, qui fit le bonheur du Club Dorothée, en 1h30 !
Peine perdue car tous les enjeux dramatiques sont, du coup, inexistants et la nostalgie ne fonctionne pas.
C’est comme ça.

 

 

PROJET ALMANAC

de Dean Israelite (Johnny Weston, Sofia Black D’Elia, Sam Lerner)

 

PROJET ALMANAC 2

David Raskin est un génie en électronique. A tel point qu’il tente d’intégrer la prestigieuse MIT (Institut de Technologie du Massachussets). Accepté, il doit cependant s’acquitter d’une somme d’argent importante pour les frais d’inscirption et de scolarité. Vivant seul avec sa mère qui ramène déjà juste de quoi se nourrir et ayant eu son père mourir alors qu’il était enfant, il ne sait comment faire. En cherchant dans son grenier des babioles à vendre, il trouve un vieux camescope avec une vidéo où on le voit, lui adulte, alors qu’il fête son huitième anniversaire. Suite à cela, il tombe avec ses amis sur une machine à remonter le temps, cachée dans sa cave…
N’ayez pas peur avec un tel résumé (je fais ce que je peux) car « PROJET ALMANAC », combinant, façon « found footage » (caméra subjective à la « BLAIR WITCH »), le teen movie style « PROJET X » et « RETOUR VERS LE FUTUR » est plutôt sympathique, prenant dans sa première moitié, se délitant quelque peu vers la fin, et comportant des effets spéciaux réussis.
Les comédiens ne sont pas trop têtes à claques et relativement charismatiques, surtout le dénommé Johnny Weston.
Recommandable.

 

 

L’affiche de la semaine : MAUVAIS GENRE 2015

 

AFFCIHE MAUVAIS GENRE 2015

 

Du 1er au 6 avril prochain, aura lieu la neuvième édition de Mauvais Genre, le festival international de cinéma de Tours.
Au menu, des compétitions de longs et courts métrages inédits en France, voire en Europe, allant de la comédie au thriller, en passant par le fantastique, les films d’animation, le drame.
Plein de réalisateurs nationaux et étrangers seront présents et répondront aux questions du public, toujours plus nombreux, chaque année.
Mega Cgr Centre et le Petit Faucheux pour les projections, à l’exception de la séance scolaire, qui se déroulera au cinéma Studios.
Nuit thématique, ciné-concert…
La grande salle polyvalente des Halles accueillera, elle, le « Village », un endroit rempli de stands où des écrivains de littérature, des dessinateurs de bd, des artistes locaux et régionaux, des groupes de musique, des exposants, des commerçants de Tours, seront là, impatients de rencontrer les gens et de discuter avec eux.
A noter une exposition d’originaux de bande dessinée sur les maîtres américains de la discipline : Jack Kirby, Milton Caniff, Joe Kubert, Alex Raymond, Mignola… à la mairie de Tours, avec des documents présentés, pour la plupart, pour la première fois au monde.
Un jury, un jury jeune et un jury composé de critiques cinématographiques français et étrangers tenteront de départager des oeuvres venant de Corée du Sud, d’Allemagne, d’Argentine, d’Irlande, de France, bref d’une bonne douzaine de pays.
Une quinzaine de longs et une trentaine de courts métrages, proposés en vostf, vous feront passer par toutes les émotions.

Allez, quelques titres que vous pourrez savourer au festival :

WILD FLOWERS, un drame coréen : https://www.youtube.com/watch?v=EcMlQvJdAgQ

BACKCOUNTRY, un thriller canadien : https://www.youtube.com/watch?v=DX-33I7rZyc

A HITMAN’S SOLITUDE BEFORE THE SHOT, une comédie d’espionnage allemande : https://www.youtube.com/watch?v=ZwcZQhtpYI4

La totalité de la programmation, bientôt, sur www.festivalmauvaisgenre.com

 

wild flowers

hitman solitudebackcountry

 

 

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