Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N°121

YOU WERE NEVER REALLY HERE (Compétition Officielle) (sortie indéterminée)

de Lynne Ramsay (Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola)

 

Trois.
Elles sont trois, cette année, à concourir pour la récompense ultime.
Deux ont déjà eu leurs films présentés : Naomi Kawase avec son superficiel « VERS LA LUMIÈRE » – malgré un sujet fort – et Sofia Coppola et ses « PROIES » ridicules (voir, à ce propos, la chronique n°118).
Au tour, maintenant, de Lynne Ramsay, qui clôt la compétition.
Remarqué par ses courts métrages primés dans différents festivals, cette écossaise se révéla réellement aux yeux du monde entier avec « RATCATCHER », chronique touchante sur un gosse de douze ans se créant son « chez-lui », mention spéciale à Un Certain Regard.
Par la suite, elle réalisa « LE VOYAGE DE MORVERN CALLAR » et le moins réussi « WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN », également présentés à Cannes.
Sera t’elle enfin la première femme a remporté la palme d’or depuis Jane Campion et sa « LEÇON DE PIANO » en 1993 ?
Joe est un vétéran de guerre brutal, en proie à des cauchemars, qui loue ses services aux plus offrants. La fille d’un sénateur disparaît. Engagé pour la retrouver, il est alors loin de se douter de ce qui l’attend…
En adaptant un roman de Jonathan Ames, notre quadragénaire de service nous assène une claque magistrale.
Tout est déjà dans le titre.
Le fait de ne « jamais avoir véritablement été là » renvoie tant au cheminement mental du protagoniste principal, Joe donc – véritable fantôme errant – que la jeune fille prisonnière d’un réseau de prostitution, sans oublier le spectateur comme pour épargner à celui-ci le sordide qui le frappe tout le long.
Car, oui, on en prend plein la tronche, psychologiquement et physiquement.
La violence, sourde et se déchainant par instant, est là, omniprésente – corollaire inéluctable du monde dans lequel nous vivons.
Pour notre « héros », il n’y a pas de rédemption possible et c’est un statut que celui-ci accepte petit à petit tout au long de son chemin de croix.
Se rattachant à la petite lueur d’humanité qui somnole en lui, incarné par sa mère – même si le modèle parental est dynamité – il fait face à une société qui conchie ses proscrits.
On pense à « HARDCORE » de Paul Schrader, mais également à « TAXI DRIVER ».
Lynne Ramsay traite encore du rapport adulte/enfant, mais avec une acuité qui n’était pas aussi aboutie dans ses précédentes oeuvres.
Adoptant une mise en scène inventive et au cordeau, elle sublime un dantesque Joaquim Phoenix, au corps imposant, meurtri par son passé tumultueux, à l’empathie immédiate en dépit de ses exactions.
L’Or effectivement, ou bien celle de l’interprétation masculine.
Difficile de trancher.
En tout cas, c’est fort.
Très, très fort.

 

 

THE VILLAINESS (Hors Compétition) (sortie indéterminée)

de Byeong-gil Jeong (Ok-bin Kim, Seo-hyung Kim, Ha-kyun Shin)

 

Depuis l’enfance, Sook-hee a été entraînée pour devenir une tueuse sans pitié. Lorsque Madame Kwon, chef du Service des renseignements sud-coréen, l’engage comme agent dormant, elle lui offre une seconde chance…
Vague remake coréen de « NIKITA », cet actionneur vaut éventuellement pour ces bastons sanglantes et cette démesure propre aux serviteurs du Pays du Matin calme – même si on peut s’en lasser et que l’on a déjà admiré mieux ailleurs.
Entrecoupé de moments creux et stériles, autant vous dire que ce n’est pas la panacée.
Négligeable.

 

 

BRIGSBY BEAR (Semaine de la Critique) (sortie indéterminée)

de Dave McCary (Kyle Mooney, Mark Hamill, Claire Danes)

 

Pour la faire extrêmement courte, si vous avez adoré « SOYEZ-SYMPAS, REMBOBINEZ » de Gondry, si vous êtes un cinéphile ayant du coeur, si votre famille a joué un rôle important dans votre amour du 7e art, alors vous serez comblés et vos yeux humides à la vision de ce drame indé américain – rigolo et émouvant – autour d’un homme kidnappé dans sa jeunesse, fan d’un show télé sur les aventures fantastiques d’un ours spatial, et retrouvant ses proches.
La naissance d’un talent à suivre de près.

 

 

PALMARÈS PERSONNEL :

Palme d’Or : « YOU WERE REALLY HERE » de Lynne Ramsay

Grand Prix : « LA LUNE DE JUPITER » de Kornél Mundruczó

Prix du Jury : « 120 BATTEMENTS PAR MINUTE » de Robin Campillo

Prix Spécial du 70e : « OKJA » de Bong Joon-Ho

Prix d’interprétation masculine : Joaquim Phoenix (« YOU WERE NEVER REALLY HERE »)

Prix d’interprétation féminine : Diane Kruger (« IN THE FADE »)

Prix de la mise en scène : « MISE À MORT DU CERF SACRÉ » de Yórgos Lánthimos

Prix du scénario : « WONDERSTRUCK » de Todd Haynes

Caméra d’Or : « BRIGSBY BEAR » de Dave McCary

 

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