L’AMANT DOUBLE (Compétition Officielle) (en salle aujourd’hui)
de François Ozon (Marine Vacth, Jérémie Renier, Jacqueline Bisset)
Ozon, j’y ai cru longtemps.
Car, bon sang, ce n’était pas tous les jours qu’un élève sortant de la FEMIS promettait – même si, depuis, on peut mentionner Julia Decourneau et son miraculeux « GRAVE ».
Il y eut « LES AMANTS CRIMINELS » et, surtout, « GOUTTES D’EAU SUR PIERRES BRULANTES », d’après une pièce de Werner Fassbinder.
Et puis, après « 8 FEMMES », son cinéma commença progressivement à se déliter – du consternant « RICKY », véritable supplice pour tout amateur de fantastique, en passant par le surestimé « DANS LA MAISON », grossier et tape-à-l’oeil, pour arriver à l’aseptisé « FRANTZ ».
Enchaînant les projets (7 films depuis 2009), voilà que débarque aujourd’hui dans les salles – en même temps que sa présentation sur la croisette – son nouvel opus.
Alors qu’elle entame une psychanalyse, une jeune femme fragile et dépressive s’éprend de son psy. Quelques mois plus tard, alors qu’ils s’installent ensemble, elle découvre que son compagnon lui a caché l’existence d’un frère jumeau…
Il s’agit d’une adaptation très personnelle de l’ouvrage de la romancière new-yorkaise Joyce Carol Oates, déjà transposé librement par David Cronenberg qui en tira son « FAUX-SEMBLANTS » avec Jeremy Irons.
Retrouvant son actrice de « JEUNE ET JOLIE » et l’un de ses acteurs de « POTICHE », le copain François signe un hallucinant nanar érotique, indigne des télefilms de deuxième partie de soirée, le dimanche soir d’antan, sur M6.
Ne comprenant rien au sujet qu’il veut traiter, la gémellité cannibale et ses conséquences psychiques sur la libido, – et ce malgré l’énorme potentiel intrinsèque de celui-ci – il offre au spectateur une succession de scènes où le grotesque côtoie le néant et provoque souvent – au détour de dialogues cons comme la lune ou tout simplement par le jeu même des comédiens (mention spéciale à Jérémie Renier, en semi-bûche) – un fou rire involontaire, mais salvateur pour supporter cette abomination.
Celles et ceux qui verraient encore du Hitchcock, chez le metteur en scène, feraient bien d’aller s’énucléer illico-presto et de se greffer, ensuite, une autre paire d’yeux.
« L’AMANT DOUBLE » est à la compétition cannoise ce que Guy Montagné est à l’humour.
IN THE FADE (Compétition Officielle) (sortie indéterminée)
de Fatih Akin (Diane Kruger, Numan Acar, Denis Moschitto)
Katja a épousé Nuri, un ancien trafiquant de drogue turc, qui s’est rangé. Ayant un enfant ensemble, Rocco, ils coulent des jours paisibles à Hambourg. Mais un jour, un attentat à la bombe tuent son mari et son petit garçon. Vient alors le temps de la douleur, du deuil, du procès et de la justice…
Diane Kruger est absolument grandiose dans ce drame, et c’est presque le seul élément à sauver.
Akin (« THE CUT ») nous avait pourtant habitué à une élégance visuelle que là nous ne retrouvons pas du tout.
C’est laid et, outre les dix premières minutes – shootées caméra à l’épaule, immersives – nous sombrons rapidement dans le tout-venant allemand de la production standard, avec plus de budget, mais les mêmes travers : un montage plat, une réalisation didactique, des couleurs ternes.
De plus, le traitement du thème abordé de la vengeance s’avère maladroit et appuyé.
On atteint même le ridicule lors du final, au bord de la mer, dans une caravane.
Il manque également le point de vue des accusés, ce qui donne un p’tit côté unilatérale – à cette charge anti-extrémiste – pouvant gratter un peu.
C’est ce qu’on appelle un film raté.