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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 100

ELLE (Compétition Officielle) (sortie prévue le 25 mai)

de Paul Verhoeven (Isabelle Huppert, Laurent Laffite, Charles Berling)

 

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Verhoeven est un cinéaste passionnant, au parcours et à la carrière chaotique.
Ses débuts, chez lui – aux Pays-Bas -, dans les 70’s, marquèrent les esprits : « TURKISH DELIGHT » avec son acteur fétiche, Rutger Hauer (l’immortel Roy de « BLADE RUNNER »), « SOLDIER OF ORANGE » – la Seconde Guerre mondiale vue à travers les yeux d’étudiants allemands de l’époque -, le superbe « SPETTERS » – chronique douce-amère d’une bande de motards -, et le déstabilisant mais remarquable « LE QUATRIÈME HOMME » – qui entérina son surnom du « Hollandais violent ».
Puis, milieu des années 80, il émigra aux USA où il voulu traiter de mêmes thématiques, en tentant le moins possible de se faire bouffer par le système hollywoodien : le brutal « LA CHAIR ET LE SANG » – avec un des Moyen Âge les plus crédibles qui soit -, sa trilogie impeccable de science-fiction – « ROBOCOP », « TOTAL RECALL » et « STARSHIP TROOPER » -, « BASIC INSTINCT » – son gros succès à l’international -, le mal aimé « SHOWGIRLS » – pourtant digne d’intérêt -, et « HOLLOW MAN » – une commande ratée.
Retour à la maison avec « BLACK BOOK » (2006) – sorte de « TO BE OR NOT TO BE » sérieux et grave – et « TRICKED », projet financé par les internautes, d’une durée de 55 mn, inédit chez nous, mineur mais pas mal.
Bref, c’est un peu l’équivalent des Lang, Siodmak et autre Tourneur, ces européens qui quittèrent le Vieux Continent (eux pour des raisons politiques) afin de poursuivre leurs travaux.
Un itinérant.
Des allers et retours permanents.
Des voyages qui finirent par le conduire en France.
Adaptant un roman de Philippe Djian, il y réalisa ce nouveau projet, présenté ce matin en sélection cannoise.
Poursuivit par une enfance marquée par l’horreur, Michèle, à la tête d’une entreprise de jeu vidéo, paraît inébranlable. D’une froideur tant dans son travail que dans l’intime, elle se fait un jour sauvagement agressée à son domicile et violée par un homme cagoulé. Étrangement, elle ne parle de cet incident ni à la police, ni à son entourage, et continue sa vie comme si de rien n’était…

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Une des grandes forces de Paul Verhoven, c’est de pouvoir s’accomoder des contraintes de chaucun de ses tournages, la plupart du temps avec réussite.
Ici, c’est indiscutablement le cas.
Partant d’un livre pas si facile que ça à transposer, il s’en sort admirablement en prenant quelques libertés judicieusement choisies.
Tirant le meilleur d’un casting de comédiens d’horizons éloignés (Laffite et Berling sont étonnants de justesse), il offre à Isabelle Huppert une de ses plus intenses performances – pourtant moins hystérique qu’ailleurs – tout en retenue et qui joue beaucoup avec son regard.
Rapidement, le spectateur peut deviner qui est l’auteur de l’effraction car notre batave de service ne cherche pas à surprendre de ce côté-là.
Non, il préfére plutôt se concentrer sur le mental de son personnage principal et montrer quelles répercussions ses actions peuvent engendrer en périphérie.
Parsemé de scènes cocasses (l’accouchement, le repas de Noël) laissant éclater tout le mordant sarcastique et l’humour grinçant dont peut faire preuve le néerlandais, accompagné de répliques savoureuses et doté d’une mise en scène faussement académique, « ELLE » est la très bonne surprise de cette fin de festival.
Un thriller psychologique pervers de ce niveau est trop rare dans le cinoche hexagonal pour passer à côté.
Dites-le vous.

 

 

THE NEON DEMON (Compétition Officielle) (sortie prévue le 8 juin)

de Nicolas Winding Refn (Elle Fanning, Jenna Malone, Keanu Reeves)

 

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Jesse, une jeune fille débarque à Los-Angeles et rêve de devenir mannequin. Connaissant une ascension fulgurante, sa beauté et sa jeunesse très vite provoquent des jalousies parmi ses collègues et rivales, prêtes à tout pour rester au sommet…
J’ai souvent défendu Refn.
Certes, pas eu besoin pour « DRIVE » unanimement salué par la critique et le public – alors que ce n’est pas son plus abouti.
Mais plutôt pour « VALHALA RISING – LE GUERRIER SILENCIEUX », magnifique et tellurique, pour « BRONSON », métaphore intense sur la création artistique, et surtout pour « ONLY GOD FORGIVES », géniale confrontation entre philosophie occidentale et orientale.
Déjà annoncé, il y a un an, qu’il serait sur la croisette, le suédois était fortement attendu avec ce « THE NEON DEMON ».
Défenseur donc du bonhomme, mais présentement ce n’est vraiment pas possible.
Baignant son long-métrage dans une esthétique qui ferait passer les pubs les plus criardes des eighties pour des modèles de sobriété et d’inventivité, le truffant de séquences interminables et d’une vacuité quasi-totale, proposant un fantastique indigne de Jean Rollin, et en dépit d’Elle Fanning – Nicolas Winding Refn s’est perdu corps et âme dans un trip arty, consternant de prétention – citant sans jamais les comprendre De Palma, Argento et Ferrara.
Vous connaissez la fable du Boeuf et de la Grenouille ?

 

 

THE LAST FACE (Compétition Officielle) (sortie indéterminée)

de Sean Penn (Charlize Theron, Javier Bardem)

 

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Au Libéria, pays d’Afrique ravagé par la guerre, le docteur Miguel Leon, médecin humanitaire, et le docteur Wren Petersen, directrice d’une ONG, tombent passionnément amoureux l’un de l’autre.
S’ils sont tous les deux engagés corps et âme dans leur mission, ils n’en sont pas moins profondément divisés sur les politiques à adopter pour tenter de régler le conflit qui fait rage.
Ils devront surmonter leurs clivages et le chaos qui menace d’emporter le pays tout entier – sous peine de voir leur amour voler en éclat…
Hahaha, Hohoho, Hihihi.
Une grosse blague, putassière, lourdingue et neuneu, sponsorisée par HARLEQUIN et l’ONU.
Bardem et Theron sont mauvais comme des cochons, tout comme Adèle Exarchopoulos – dans deux rapides scènes – et Jean Reno – pléonasme – avec un caractère intitulé Dr Love (!)
Le grotesque élevé au rang d’art.
Ce n’est pas la Penn.

 

 

JUSTE LA FIN DU MONDE (Compétition Officielle) (sortie prévue le 21 septembre)

de Xavier Dolan (Gaspard Ulliel, Léa Seydoux, Vincent Cassel)

 

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Issu de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, ce drame raconte l’après-midi en famille d’un auteur, la trentaine, qui, après 12 ans d’absence, retourne dans son village natal afin d’annoncer aux siens sa mort prochaine…
Les fidèles de cette rubrique, le savent, je ne suis pas un thuriféraire de Dolan même si j’ai apprécié « J’AI TUÉ MA MÈRE » et « TOM À LA FERME ».
En revanche, je conchie « MOMMY », « LAURENCE ANYWAYS » ou encore « LES AMOURS IMAGINAIRES ».
Contrairement à nombre de mes confrères couvrant aussi Cannes, qui l’ont descendu, j’ai trouvé « JUSTE LA FIN DU MONDE » assez sympathique, grâce à une économie, un côté « raisonnable » de la forme (à l’exception d’un flash-back risible et de l’ultime plan, ridicule) qui me parle plus que les fresques auteurisantes précédentes du canadien.
Le plus problématique reste l’interprétation.
Les acteurs, en roue libre et forçant, vont du bon (Ulliel en retrait, Cassel en frère meurtri s’avérant touchant) au pas terrible (Nathalie Baye, Léa Seydoux et Cotillard versant forcément sa larme).
Surpris de ne pas détester.
C’est l’âge, on devient indulgent.

 

 

PALMARÈS PERSONNEL :

Palme d’Or : « BACCALAUREAT » de Cristian Mungiu

Grand Prix : « JULIETA » de Pedro Almodovar

Prix du jury : « RESTER VERTICAL » de Alain Guiraudie

Prix d’interprétation masculine : Shia LaBeouf (« AMERICAN HONEY ») / Gaspard Ulliel (« JUSTE LA FIN DU MONDE »)

Prix d’interprétation féminine : Sonia Braga (« AQUARIUS ») / Isabelle Huppert (« ELLE »)

Prix de la mise en scène : « MADEMOISELLE » de Park Chan-wook

Prix du scénario : « PERSONAL SHOPPER » de Olivier Assayas

Caméra d’Or : « DOGS » de Bogdan Mirica (même si « MA VIE DE COURGETTE » de Claude Baras mérite tout autant malgré que ce soit de l’animation)

 

 

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