Voici dix ans qu’il monte en puissance, tranquillement, s’imposant de plus en plus dans la chanson française. Après plusieurs albums, « Les affranchis », en 2009, le fait connaître, et c’est tant mieux, à un public plus large. Son concert fut à son image : généreux, engagé et souvent drôle…
J’ai l’impression que l’on revient à un besoin de qualité… Des gens comme toi, Barbara Carlotti, Bertrand Belin, Dominique A, qui sont depuis longtemps dans la musique, commencent à avoir les faveurs et du public, et des médias…
Brel disait, et c’est ma phrase de chevet : « Le talent, c’est l’envie de faire quelque chose ». Tous ces artistes que tu cites s’inscrivent dans la durée et continueront de faire de la musique et des chansons, quoiqu’il advienne. Dominique A, ce sont les médias qui sont venus le chercher. Tout est tellement surinformé qu’on a besoin de se retrouver dans des artistes qui ne sont pas dans l’ultra médiatisation. On a besoin d’entendre des artistes qui nous disent qui ils sont, je pense que c’est le défi aujourd’hui de la chanson française. On traverse des crises d’identité fortes, la chanson est un vecteur magnifique de parler de qui on est. Moi je suis une fourmi, un artisan, je ne suis pas un artiste du buzz. Etre vivant est une aventure en soi, cela permet de continuer de s’étonner, faire des chansons permet d’arrêter les processus de blaserie.
Tu as écrit une très belle chanson, « Coming out », qui est plus que jamais d’actualité. Que penses-tu du climat actuel ?
Je pense qu’au-delà de la question qui génère ces événements, il y a une division entre 2 France qui ne demandait qu’à s’exprimer. On sait que c’est la marotte de la droite de sortir dans la rue pour ces questions de société. Son rêve est que rien n’évolue, elle reste sur des schémas de plusieurs siècles. Mais la société bouge… On dit souvent que s’il y avait un referendum sur la peine de mort il y aurait fort à parier qu’il y aurait une majorité de « oui », c’est bien triste… Le parlement sert à ça, faire avancer les choses. Je suis écœuré de ces gens qui défilent dans la rue et qui provoquent des violences, je trouve ça abject. C’est dur de voir que des gens refusent des droits à d’autres. Mais je trouve apaisant qu’un pays assez malade prenne ce genre de décisions.
Alexis HK – Coming Out