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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 94

RESTER VERTICAL (Compétition Officielle) (sortie prévue le 24 août)

de Alain Guiraudie (Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry)

 

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Hasard ou coïncidence, deux des meilleurs réalisateurs français de ces dix dernières années sont en compétition cannoise ce coup-ci.
Bruno Dumont avec « MA LOUTE » – dont je vous parlerai demain – et Alain Guiraudie, qui ouvre le bal.
Tous deux pratiquent un cinéma libre, parfois exigeant (surtout pour Dumont), anarchiste, utopiste.
Guiraudie, lui, a vu son audience s’accroître quelque peu grâce à « L’INCONNU DU LAC », proposé dans la sélection « Un Certain Regard » en 2013.
Pourtant, ses précédents opus, que ce soit le génial « LE ROI DE L’ÉVASION », le mésestimé « DU SOLEIL POUR LES GUEUX » ou encore « VOICI VENU LE TEMPS », exhalaient déjà un parfum de liberté salutaire dans le paysage du 7e art hexagonal, rappelant les quelques ovnis que produisit notre beau pays dans les 70’s.
Son dernier travail, « RESTER VERTICAL », déroge-t-il à la règle ?
Leo, la quarantaine, sorte d’écrivain bohème, se balade sur les monts en Lozère à la recherche d’un loup. Il croise Marie, une bergère qui le ramène chez elle, dans sa ferme. Coup de foudre. Un bébé naîtra de leur rencontre. Ne supportant plus ce nouveau-né qui ne fait que pleurer, sa condition de vie et les allers-retours incessants de Leo, Marie les abandonne soudainement tous les deux. Commence alors, pour le « jeune » papa, un chemin de croix composé de rencontres incongrues, de bonheurs fugaces et de désillusions…
Homosexuel lui-même, Alain Guiraudie a toujours traité de cette question du genre et, de façon plus général, de la question de l’identité.
Ici, le metteur en scène nous régale avec un drame iconoclaste, culotté, fantaisiste et poétique, ponctué de séquences choc – justifiées quoiqu’en diront certains – comme un accouchement frontal, qui prendra sens peu après, ou bien l’une des plus belles morts qu’il m’ait été donné d’observer sur grand écran de mon existence (sans doute également une des morts les plus nobles de l’Histoire).
Oui, par moment, c’est foutraque, fait – comme d’habitude avec lui – de trois bouts de ficelle, mais quelle audace, quelle prise de risque.
Et puis, encore une fois, des trognes incroyables et des comédiens épatants – non professionnels pour la plupart (à l’exception de l’intéressant Damien Bonnard aperçu dans « HORS-LA-LOI »).
Plus que jamais, thématiquement ancré dans la réalité sociétale des moeurs d’aujourd’hui, Guiraudie signe une oeuvre incroyable et forte.
Une récompense majeure, dimanche 22 mai prochain, au soir, est à souhaiter et ne serait qu’amplement méritée.
Mr George Miller, à bon entendeur…

 

 

SIERANEVADA (Compétition Officielle) (sortie non déterminée)

de Cristi Puiu (Mimi Branescu, Judith State, Bogdan Dumitrache)

 

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Quelque part à Bucarest, trois jours après l’attentat contre Charlie Hebdo et quarante jours après la mort de son père, Lary – 40 ans, docteur en médecine – va passer son samedi au sein de la famille réunie à l’occasion de la commémoration du défunt. L’évènement, pourtant, ne se déroule pas comme prévu. Les débats sont vifs, les avis divergent. Forcé à affronter ses peurs et son passé et contraint de reconsidérer la place qu’il occupe à l’intérieur de la famille, Lary sera conduit à dire sa part de vérité…
Il faut défendre les productions venant de Roumanie, lorsqu’elles le mérite, comme « 4 MOIS, 3 SEMAINES ET 2 JOURS » de Cristian Mungiu – dont j’attend beaucoup de son « BACALAUREAT », proposé en compét’ dans quelques jours, « MÈRE ET FILS » de Calin Peter Netzer ou bien « 12 H 08 À L’EST DE BUCAREST » de Corneliu Porumboiu.
Présentement, à l’instar du récent et mauvais « L’ÉTAGE DU DESSOUS » de Radu Muntean, nous sommes dans le cas typique de ce que l’on appelle communément « le film estampillé festival ».
C’est à dire, un long métrage prétentieux dans sa forme, faussemment subversif et bien trop long.
Non seulement, avant d’avoir dix minutes réellement pertinentes (la confession du protagoniste principal), il faut attendre 2 heures – sur une durée de 3 – mais la réunion familiale et ses heurts a été autrement mieux traitée, de « FESTEN » de Vinterberg à « UN CONTE DE NOËL » de Desplechin.
Là, chaque personnage incarne une composante actuelle du peuple roumain, de la grand-mère ayant connue le communisme à la jeune fille, ado rebelle, au militaire droit dans ses bottes, en passant par les cadres supérieurs.
Le problème c’est que l’on demeure consterné par les banalités échangées, des propos conspirationnistes aux heurts entre maris et femmes.
Aucune invention, aucune conviction pour le fond.
La forme, elle, vaniteuse, se réduit à de panoramiques droite-gauche-droite-gauche espérant capter une authenticité de l’action qui jamais ne passionne.
Purge ? Vous avez dit purge ?

 

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