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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 82

LE 23 DÉCEMBRE

 

SNOOPY ET LES PEANUTS – LE FILM

de Steve Martino (avec les voix de Noah Schnapp, Bill Melendez, Rebecca Bloom)

 

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Près de 18 000 strips (bandes quotidiennes paraissant dans les journaux américains) et 2 500 pages du dimanche en 50 ans d’activité, tel est le bilan colossal de Charles M.Schultz, un auteur de comics qui a révolutionné son domaine, au même titre que ses confrères Will Eisner (« The Spirit ») ou Milton Caniff (« Terry et les pirates »).
Sa série, nous l’avons tous lue, enfant ou adulte.
Déjà maintes fois adaptée pour la télé en dessins animés – le dernier date de 1980 – cette célébrissime saga se voit maintenant retranscrire sur grand écran. Mais au contraire du récent « ANNIE » avec Jamie Foxx, tiré également d’un autre fameux comic strip et tourné avec des acteurs de chair et d’os, « SNOOPY ET LES PEANUTS – LE FILM », lui, reste en animation.
Charly Brown est un petit garçon, maladroit et malchanceux, qui déprime facilement. Son chien blanc Snoopy – quand il n’est pas occupé, sur le toit de sa niche, à se prendre pour un pilote de chasse de la première guerre mondiale – essaie de remonter le moral de son maître. Une nouvelle élève arrive dans la classe de Charly Brown qui tombe immédiatement amoureux…
Véritable institution, la crainte était que l’esprit de ce monument soit altéré comme souvent dans ce genre d’entreprise.
Il n’en est rien car Steve Martino, directeur talentueux à qui l’on doit notamment « L’ÂGE DE GLACE : LA DÉRIVE DES CONTINENTS » – le meilleur des 4 – parvint à conserver les points forts de la BD de Schultz : un graphisme élégant et travaillé, une ode à la tolérance et à la persévérance, des gags surréalistes, un charme intemporel.
Sympa comme tout.

 

 

À PEINE J’OUVRE LES YEUX

de Leyla Bouzid (Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari)

 

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Le 7e art nord-africain fait actuellement preuve d’une vitalité et d’une qualité impressionnantes, si ce n’est sa répartition géographique.
Le Maroc se taille la part du lion.
Citons le remarquable « C’EST EUX LES CHIENS… » de Hicham Lasri, les jolis mais durs « LES CHEVAUX DE DIEU » et « MUCH LOVED » de Nabil Ayouch ou encore « GOODBYE MOROCCO » de Nadir Moknèche.
L’Algérie est un peu en retrait en dépit de la dominance de Merzak Allouache (« LE REPENTI », « LES TERRASSES »).
Quant à la Tunisie, outre des documentaires, peu de fictions.
Pour cette dernière, cela tombe bien, voici qu’un des ces rares représentants en la matière nous parvient : « À PEINE J’OUVRE LES YEUX ».
Eté 2010, à Tunis, quelques mois avant la Révolution. Farah, 18 ans, est en terminale, éprise de musique et de chant, et fait parti d’un groupe de rock engagé qui donne des concerts dans des cafés. Elle va tenter de s’affirmer malgré les interdits…
Proposant un pénétrant état des lieux de la jeunesse sous l’ère Ben Ali (qui a quitté sa fonction de président en janvier 2011), Leyla Bouzid – pour son début dans le long métrage – dresse avant tout de poignants portraits de femmes intergénérationelles : Farah, campée par l’épatante Baya Madhaffar – comédienne non professionnelle – avide de liberté comme tous ses amis, et Hayet (Ghalia Benali), sa mère, plus en retrait, ayant emprunté le même chemin que sa fille des années auparavant, conscient des risques que celle-ci encourt et voulant donc la protéger.
Accompagné d’une bande-son envoûtante, ce pamphlet contre la censure et l’autoritarisme fait mouche.
Une très belle réussite.

 

 

MOUNTAINS MAY DEPART

de Jia Zhang-ke (Zhao Tao, Zhang Yi, Jing Dong Liang)

 

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Dans la ville de Fenyang, en 1999, une femme, la vingtaine, est courtisée par ses deux amis d’enfance, un travaillant dans une mine de charbon et l’autre propriétaire d’une station-service. Hésitante, elle choisira l’un d’eux et scellera ainsi le reste de sa vie et de sa descendance…
Jia Zhang-Ke, déjà récipiendaire du prix de la mise en scène à Cannes, en 2013, pour l’inégal « A TOUCH OF SIN », est revenu en mai dernier en compétition et apporta un vent de fraicheur sur la croisette.
En nous proposant de suivre l’évolution de ses personnages sur près de 25 ans (jusqu’en 2024), le metteur en scène de « STILL LIFE » continue de dresser un portrait de son pays en proie à un capitalisme sauvage, mais cette fois pas uniquement d’un point de vue présent, mais également passé et futuriste.
Toujours soucieux de composer ses cadres avec minutie, sous une apparente simplicité, Zhang-ke étonne par la profondeur de son étude avec trois fois rien.
Point de grandiloquence présentement.
Tout passe par des regards, des phrases, des attitudes et de la musique utilisée comme leitmotiv.
Evitant le mauvais mélo, parfois de justesse mais avec une intelligence consommée, et pouvant compter sur de très bons comédiens, « MOUNTAINS MAY DEPART » se veut un cri d’alarme pertinent et une relation filiale bouleversante.
Une fois encore, remercions l’Asie qui sait comme peu ravir son monde.

 

LE 30 DÉCEMBRE

 

JOY

de David O. Russell (Jennifer Lawrence, Édgar Ramirez, Bradley Cooper)

 

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Années 1990. Joy Mangano est femme au foyer, parent, divorcée, et évolue dans un environnement perturbant : sa maman passe sont temps, allongée sur son lit, à regarder du soap opera, son père, tenant un garage autrefois florissant, fait des allers et retours à leur domicile selon l’humeur de ses maîtresses, sa demi-soeur la déteste et son ex-mari est installé à la cave. Pourtant, Joy ne se laisse pas abattre et décide de changer de vie en inventant un balai serpillière révolutionnaire…
Après « AMERICAN BLUFF » et « HAPPINESS THERAPY », David O. Russell poursuit l’exploration de la thématique récurrente à son oeuvre, celle de la place des marginaux dans notre société et de leur regard.
Ici, s’inspirant de la véritable Joy Mangano, entrepreneuse partie de rien et ayant bâti un empire d’un milliard de dollars, il donne à sa complice Jennifer Lawrence, sans doute sa plus belle prestation.
Tentant de s’affirmer dans un monde capitaliste volontiers masculin et faisant fi des préjugés, l’héroïne de « HUNGER GAMES » gravira progressivement les échelons tout en conciliant sa vie familiale mouvementée.
En terme de réalisation, on retrouve la patte de O. Russell, mélange de réalisme et théâtralité.
Si les seconds rôles habituels depuis quelque temps chez le responsable des « ROIS DU DÉSERT » (De Niro, Bradley Cooper) sont au rendez-vous et sont solides, saluons l’arrivée assez remarquable des nouveaux venus : Édgar Ramirez (« CARLOS »), Virginia Madsen (« HOT SPOT ») et la divine Isabella Rossellini.
Drôle (l’intervention du plombier haïtien), tendre, « JOY » n’évite cependant pas quelques facilités scénaristiques et même passages obligés propres à toute « success story » qui se respecte.
Néanmoins, ce « conte de fées » est une bonne illustration des miracles façon Oncle Sam.

 

 

TANGERINE

de Sean Baker (Kitana Kiki Rodriguez, Mya Taylor, Karren Karagulian)

 

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À Los Angeles, Sin-Dee, transexuelle, apprend de la part d’Alexandra, trans également, que son souteneur et amant Chester l’a trompée. Rentrant dans une rage folle, elle part, accompagnée de son amie, à la recherche de son mac indélicat. Parallèlement à cela, Razmik, un chauffeur de taxi arménien, cherche lui du réconfort…
Sean Baker est un artisan intéressant du cinoche indépendant US qui n’hésite pas à traiter de la question de la représentation sexuelle et de ses répercussions dans la vie de ses protagonistes.
Dans « PRINCE OF BROADWAY », un prostitué/arnaqueur se découvrait père.
Dans « STARLET », flirtant avec l’industrie pornographique, une actrice se liait d’amitié avec une vieille dame.
Doté d’un budget ridicule de 100 000 dollars, « TANGERINE », au contraire de « DALLAS BUYERS CLUB » ou de « THE DANISH GIRL » – pas encore sorti chez nous -, est interprété par des hommes transgenres, tous remarquables, accentuant ainsi la véracité de ce qui nous est proposé.
Tourné à l’aide de trois iPhones 5s (ainsi qu’un adaptateur anamorphique, une lentille et une application pour téléphones intelligents pour améliorer la stabilité et le format de l’image), cette comédie dramatique bénéficie d’une photo magnifique.
Bourrée d’énergie dans une première partie avant de se poser dans une seconde, plus contemplative et plus hésitante, voici indéniablement la curiosité de cette fin d’année.

 

 

THE BEAST

de Hans Herbots (Geert Van Rampelberg, Ina Geerts, Johan van Assche)

 

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Nick Cafmeyer est inspecteur de police à Anvers et performant dans son boulot. Lors d’une enquête sur la disparition d’un petit garçon, des similitudes le renvoie aux incidents qui ont entrainé la disparition jamais élucidée de son jeune frère. Il se plonge alors corps et âmes dans l’affaire…
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce bijou d’une noirceur totale mais sachez juste qu’il s’agit d’une adaptation de la formidable romancière de polar Mo Hayder, que les acteurs sont parfaits et que cela enterre « SEVEN » de David Fincher.
Je vous laisse le découvrir.

 

LES TOPS/FLOPS 2015

 

Ce classement ne concerne que les oeuvres sorties dans les salles.

FLOPS 2015 :

10 – « QUEEN AND COUNTRY » de John Boorman / « LE PONT DES ESPIONS » de Steven Spielberg
9 – « UNE FAMILLE À LOUER » de Jean-Pierre Améris / « LA BELLE SAISON » de Catherine Corsini
8 – « AMERICAN SNIPER » de Clint Eastwood
7 – « L’HOMME IRRATIONNEL » de Woody Allen
6 – « DHEEPAN » de Jacques Audiard / « TAJ MAHAL » de Nicolas Saada
5 – « LA LOI DU MARCHÉ » de Stéphane Brizé
4 – « ROBIN DES BOIS, LA VÉRITABLE HISTOIRE » de Anthony Marciano / « LES NOUVELLES AVENTURES D’ALADIN » de Arthur Benzaquen
Podium :
3 – « BIG EYES » de Tim Burton / « STAR WARS – LE RÉVEIL DE LA FORCE » de J.J Abrams
2 – « THE VOICES » de Marjane Satrapi
1 – « KNIGHT OF CUPS » de Terrence Malick

TOPS 2015 :

10 – « UNFRIENDED » de Levan Gabriadze / « IT FOLLOWS » de David Robert Mitchell
9 – « PAPA OU MAMAN » de Martin Bourboulon
8 – « DER SAMURAI » de Till Kleinert
7 – « MUSTANG » de Deniz Gamze Ergüven / « À PEINE J’OUVRE LES YEUX » de Leyla Bouzid
6 – « THE BEAST » de Hans Herbots
5 – « KINGSMAN : SERVICES SECRETS » de Matthew Vaughn / « AU COEUR DE L’OCÉAN » de Ron Howard
4 – « SHAUN LE MOUTON » de Richard Starzak et Mark Burton / « VICE VERSA » de Pete Docter
Podium :
3 – « LA BATAILLE DE LA MONTAGNE DU TIGRE » de Tsui Hark
2 – « MAD MAX – FURY ROAD » de George Miller / « À LA POURSUITE DE DEMAIN » de Brad Bird
1 – « LOVE & MERCY » de Bill Polhad

On se retrouve, le 6 janvier, avec le pénible « LES HUIT SALOPARDS » de Quentin Tarantino.

Joyeuses fêtes à tous d’ici là.

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