HYENA 3
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 50

HYENA

de Gerard Johnson (Peter Ferdinando, Elisa Lasowski, Stephen Graham)

 

HYENA 3

Lorsque l’on parle de film policier anglais, on pense d’abord souvent aux adaptations faites des romans d’Agatha Christie et, éventuellement, des premiers Alfred Hitchcock.
Mais loin des petits gâteaux secs et du thé servi avec élégance, il existe un autre versant du polar britannique, plus nerveux, plus sec qui se rapproche un tout petit peu (mais en étant délibérément social) de son homologue américain , celui que l’on qualifie d’« hard-boiled », centré généralement autour d’un détective privé ou d’un bandit, qui prend des coups et en donne et à qui Hammet et Chandler donnèrent ses lettres de noblesse.
Citons, un des pionniers du genre, Mike Hodges, avec le mythique « LA LOI DU MILIEU » en 1971 où Michael Caine vengeait son frère à coup de fusil à chasse.
Autre exemple, Antonia Bird, dont le superbe « FACE » faisait plonger un Robert Carlyle dans le monde dangereux des braqueurs de banque.
Ou bien, dans un registre ouvertement plus parodique, les début de Guy Ritchie (« ARNAQUES, CRIMES ET BOTANIQUE », « SNATCH »).
Et comment ne pas mentionner également Matthew Vaughn (oui, l’auteur de « KICK-ASS» et du récent et jouissif « KINGSMAN : SERVICES SECRETS ») qui, via l’excellent « LAYER CAKE », donna à Daniel Craig (pas encore « James Bond », mais déjà crevant l’écran) un rôle de dealer de drogue gravissant les échelons de la réussite.
Mais voici qu’arrive, maintenant, « HYENA » de Gerard Johnson.
Michael Logan, un inspecteur de police londonien corrompu et quelque porté sur la bouteille, assiste à l’arrivée d’une mafia venant d’Albanie, plus brutale et impitoyable que ceux en place, qui révolutionne la donne. Il tente alors de s’adapter à cette nouvelle loi de la jungle…
Auteur en 2009 d’un suspense saisissant, « TONY », déjà avec le même acteur principal, sur un paumé cherchant sa place dans la société et virant serial killer, Johnson continue son exploration de la violence latente chez tout être humain.
Qu’elle soit psychologique ou physique, celle-ci organise le comportement des individus qui agissent ou réagissent en fonction de leur intérêt personnel.
Bénéficiant d’une magnifique photo crue, bleutée parfois, réaliste souvent, nous sommes invités à une véritable plongée en apnée dans les arcanes d’un Londres interlope rarement rendu ainsi au cinéma.
D’une tension omniprésente hallucinante, au accent de documentaire, immersif, aurélolé d’une bande-son hypnotique de Matt Johnson du groupe « The The », ce cauchemar éveillé est porté par une troupe de comédiens incroyables, Peter Ferdinando en tête, en ripoux dépassé par les évènements et voulant sauver sa peau.
Ce véritable uppercut sensoriel, rappelant l’univers de Ferrara, période « BAD LIEUTENANT » ou celui de Winding Refn (« PUSHER », « DRIVE »), a d’ailleurs fait dire à ce dernier que « le futur du thriller a un nom : HYENA ».
Erreur, cher Nicolas, c’est bel et bien le présent…

 

 

UN PEU, BEAUCOUP, AVEUGLÉMENT

de Clovis Cornillac (Clovis Cornillac, Mélanie Bernier, Lilou Fogli)

 

un peu beaucoup

On m’impose un quota français et donc, je dois vous parler d’« UN PEU, BEAUCOUP, AVEUGLÉMENT », l’essai au long de Clovis Cornillac.
Machin (Cornillac) passe son temps à bricoler des inventions, Machine (Bernier), pianiste émérite se prépare à passer un concours de musique important. Ils habitent l’un à côté de l’autre, séparés par une mince cloison où ils entendent tout. Ils vont apprendre à se connaître et tomber amoureux sans se voir…
Rien de déshonorant mais rien de très folichon non plus concernant cette comédie romantique calibrée pour plaire aux amateurs d’« AMÉLIE POULAIN », le talent de Jeunet en moins.

 

 

PARTISAN

de Ariel Kleiman (Vincent Cassel, Jeremy Chabriel, Florence Mezzara)

 

PARTISAN 2

« PARTISAN », présenté lors du dernier festival de Sundance et auréolé d’une réputation flatteuse, débarque aujourd’hui chez nous.
Grégori règne sur une communauté retranchée du monde extérieure, avec femmes et enfants.
Alexandre, fêtant son onzième anniversaire, a grandi selon les préceptes inculqués par ce gourou au nom russe. Mais une série d’évènements vont peu à peu faire lui prendre conscience que tout n’est peut-être pas ce qu’il semble être…
Il y a peu, les sectes sur grand écran ont pullulé et ont donné des oeuvres très inégales, que ce soit « MARTHA MARCY MAY MARLENE » de Sean Durkin,, « RED STATE » de Kevin Smith ou encore « ELECTRIK CHILDREN » de Rebecca Thomas.
Dans le cas qui nous occupe, hélas, le metteur en scène loupe le coche, en dépit de quelques idées intéressantes de scénario mais trop peu exploitées (comme ses enfants-soldats) et d’un background totalement absent et qui s’avère assez problématique pour se prendre d’empathie avec les personnages.
Cassel est inquiétant mais joue trop de son regard et balance des banalités pseudo-philosophiques.
Jeremy Chabriel, campant Alexandre, est certes photogénique mais ne parvient pas à nous émouvoir, trop en intériorité.
Il y avait pourtant tout ce qu’il faut pour aboutir à un métrage palpitant et ce n’est pas l’ultime séquence qui nous fera mentir.
Néanmoins, on surveillera la suite de la carrière d’Ariel Kleiman.

 

 

MELODY

de Bernard Bellefroid (Lucie Debay, Rachael Blake, Don Gallagher)

 

MELODY

Une SDF est coiffeuse chez les particuliers afin de récolter de l’argent et de pouvoir assouvir son rêve : ouvrir son propre salon. Prête à tout, elle accepte, contre une grosse somme d’argent, de porter le bébé d’Emily, une richissime femme d’affaires de Grande-Bretagne, qui ne peut en avoir…
D’un sujet complexe, les mères porteuses, le belge Bernard Bellefroid livre un fort joli drame et continue, après « LA RÉGATE », de se passionner pour la filiation.
En évitant les poncifs, il sublime un duo de comédiennes, la jeune Lucie Debay, venant du théâtre, lumineuse et sensible, et Rachael Blake, australienne, à la présence tout aussi forte, émouvante, déjà aperçue dans l’envoûtant « SLEEPING BEAUTY » de Julia Leigh.
Un air que l’on retient longtemps après être sorti de la salle.

 

 

PYRAMIDE

de Grégory Levasseur (Ashley Hinshaw, Denis O’Hare, James Buckley)

 

pyramide 3

Ami de longue date d’Alejandre Aja et scénariste sur « FURIA », « HAUTE TENSION » et « LA COLLINE A DES YEUX », Grégory Levasseur, touchant aussi à la production (« PIRANHA 3D »), a décidé de passer lui-même derrière la caméra.
En Egypte, des archéologues mettent à jour une pyramide qui comporte uniquement trois côtés. Ils y pénétrent et vont se rendre compte à quel point ils ont eu une mauvaise idée…
Malgré une évidente sincérité de la part du réalisateur, nourri comme beaucoup aux séries B fantastiques des années 80 (hommage, ici, notamment à « INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT »), difficle de sauver quoique ce soit dans ce produit proche du Z (tous les protagonistes sont censés avoir des caméra sur eux et, parfois, ils apparaissent tous dans le même plan (!)) où les interprètes, faute d’une direction artistique convenable, sombre dans le grotesque et la pantalonnade est atteinte avec le design de la créature qui aurait gagné, comme pour le « ALIEN » de 1979, a apparaître le moins possible.
Du haut de cette « PYRAMIDE », 1h29 évitable vous contemple.

 

 

L’affiche de la semaine : « YOUTH » de Paolo Sorrentino

 

Pourquoi ?
Parce que l’on adore Paolo Sorrentino et pas uniquement pour « LA GRANDE BELLAZA » mais aussi pour ces précédents (« IL DIVO », « THIS MUST BE THE PLACE »….)
Parce que avoir les grands Michael Caine et Harvey Keitel, côte à côte, en vieillards sentant la fin arriver et désireux d’en profiter encore, nous fait saliver.
Parce qu’un visuel montrant une belle paire de fesses féminine est toujour un bonheur et que le regard de nos deux loustics promettent énormément.
Parce que nous aurons la chance de pouvoir admirer en direct la chose lors du Festival de Cannes et que nous vous ferons régulièrement, dès le 13 mai, des comptes rendus des films fermement attendus qui seront projetés (le Gaspar Noé, le Jaco Van Dormael…), à commencer par « MAD MAD : FURY ROAD », mercredi prochain.

 

YOUTH

 

 

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