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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 23

TRANSFORMERS : L’AGE DE L’EXTINCTION (3D) (le 16 juillet)

de Michael Bay (Mark Wahlberg, Nicola Peltz, Stanley Tucci)

 

TRANSFORMERS 4 (2)

On en revient toujours pas mais on le répéte, « NO PAIN NO GAIN » de Michael Bay, sorti il y a moins d’un an, est réellement un excellent film pour différentes raisons déjà évoquées ici-même.
Nous crûmes ce « miracle », concernant Michael, possible annonciateur d’un changement plus qualitatif pour la suite de sa carrière.
Naïf que nous étions car le voici revenu aux manettes de sa franchise vedette « TRANSFORMERS » avec un quatrième épisode intitulé « L’AGE DE L’EXTINCTION ».
Cade Yeader (Mark Wahlberg), bricoleur de génie à la petite semelle, vit avec sa fille, Tessa, et un ami dans une fermette, au fond du Texas, où il passe ses journées à récupérer différents objets en tentant d’en faire des inventions révolutionnaires. Un beau matin, il récupére un vieux camion abîmé qui s’avère être Optimus Prime, le chef des Autobots (les gentils), pourchassé par un groupe d’humains aux moyens technologiques importants décidé à les anéantir. Les Décepticons (les méchants robots) refont leur apparition…
Pour celles et ceux qui auraient, les chanceux, échappé à la première trilogie sur les exploits de ces jouets à succès de la firme HASBRO, sachez que les évènements relatés ici se situent quatre ans après le troisième opus, « TRANSFORMERS : LA FACE CACHEE DE LA LUNE », et que vous pouvez malgré tout, si le coeur vous en dit, embrayé sur celui-ci directement.
Bon, exit le fadasse Shia LaBeouf dans le rôle du héros remplacé par Mark Wahlberg, à la présence plus indéniable.
Moins porté que les opus précédents sur l’humour systématique, souvent bas de gamme et incarné auparavant par John Turturro et les parents du caractère joué par Shia , on note néanmoins l’introduction de nouveaux Autobots dont un expert en armement portant la barbe et fumant les cigares et un autre, en samouraï, pouvant se transformer en voiture de collection (!).
Le délire véritable du film est de montrer pendant 2h40 les théories de Darwin revues à la sauce du responsable de « PEARL HARBOR ».
Dèjà, la courte séquence d’ouverture, est éloquente.
Ensuite, étonnamment, on se retrouve avec un rythme assez « calme » pour du Michael Bay jusqu’à, inévitablement, un trop plein qui explose pendant l’ultime demi-heure où là, le comble est atteint via un croisement entre « JURASSIC PARK » et « TERMINATOR ».
Avec une conclusion (léger spoil) où Optimus Prime décide d’aller dans l’espace à la recherche de son créateur, « Dieu » peut légitimement se faire du soucis pour la suite.
Et nous aussi.

 

 

DES CHEVAUX ET DES HOMMES (le 23 juillet)

de Benedikt Erlingsson (Ingvar Eggert Sigurösson, Charlotte Boving)

 

DES CHEVAUX ET DES HOMMES

L’Islande n’est certes pas le pays le plus fécond du monde en matière de cinéma mais ce serait oublier que ce petit état nous donna Gunnar Hansen, acteur qui restera à jamais dans les mémoires pour avoir incarné Leatherface, le tueur brutal au masque fait de peau humaine de « MASSACRE A LA TRONCONNEUSE ». Mentionnons également un réalisateur inégal mais assez intéressant : Baltasar Kormakur (« JAR CITY », « CONTREBANDE »).
Nous pouvons désormais ajouter Benedikt Erlingsson, qui fait ses débuts, ici, avec « DES CHEVAUX ET DES HOMMES ».
Kolbeinn, cavalier émérite, aime Solveig mais adore également Grana, sa jument, qu’il monte régulièrement pour se balader. Solveig, elle, amoureuse tout autant de Kolbeinn, posséde un étalon, Brünn qui ne laisse pas insensible Grana. Vernhardur, lui, a un penchant pour la vodka au point de traverser avec son cheval la mer pour s’en procurer…
Originale, décalée, poétique, drôle, tendre, surprenante, parfois féroce, portée par des comédiens impeccables, cette comédie dramatique, composée de différents sketches, la plupart complémentaires, offre, à travers le regards des équidés présents, une enthousiasmante dénonciation de l’absurdité de la condition humaine et ses effets.
Coup de coeur absolu.

 

 

THE RAID 2 (le 23 juillet)

de Gareth Evans (Iko Uwais, Tio Pakusodewo, Ryuhei Matsuda)

 

THE RAID 2

Il y a deux ans, débarquait sur nos écrans, « THE RAID », actionner nerveux indonésien qui impressionna à juste titre son monde par la violence et le réalisme de ses bastons.
Au vu du succès recueilli un peu partout, une suite fût aussitôt mise en chantier, pour laquelle, Gareth Evans, le metteur en scène gallois, promettait d’élever encore le niveau.
Qu’en est-il ?
Rama, jeune policier sorti de justesse indemne de sa précédente mission (déloger un chef de gang cloîtré dans un immeuble infesté de fous furieux armés de machettes), s’en voit assigner une autre : celle d’infiltrer et de démanteler un puissant syndicat du crime, composé de la mafia indonésienne et de yakuzas. Pour ce faire, il se fait arrêter et emprisonné dans un pénitencier de haute sécurité où se trouve le fils d’un des caïds…
Autrement plus ambitieux scénaristiquement que « THE RAID » (qui était, il est vrai, assez simpliste et renvoyait directement aux jeux vidéos avec ce franchissement successif d’étages jusqu’au gros boss de fin de niveau), « THE RAID 2 », en payant son tribut à Coppola, Melville et John Woo, tente de développer des arcs narratifs secondaires misant sur la caractérisation psychologique de certains protagonistes. Essai plus ou moins réussi en fonction des personnages, mais dans l’ensemble cela passe assez bien.
Le côté le plus achevé reste le plus important : les bagarres. Celles-ci, nécessitant un an et demi de préparation pour les chorégraphies, et tournées à trois caméras, sont des ballets et indéniablement l’oeuvre d’un amoureux de cette discipline martiale qu’est le pencak-silat, Gareth Evans, qui le sublima dès son second long-métrage, « MERANTAU », en 2009.
A signaler pour les morceaux de bravoures, nombreux, une spectaculaire poursuite de voitures et un hallucinant duel final dans une cuisine d’un grand restaurant.
Contrairement au premier chapitre qui ne souffrait d’aucuns temps morts avec une tension permanente, « THE RAID 2 » est plus aéré et marque comme l’arrivée à maturation d’un artisan filmique ayant réussi, à l’instar d’un de ses confrères (Nicolas Winding Refn pour ne pas le nommer avec son splendide et incompris « ONLY GOD FORGIVES »), une fusion Extrême-Orient/Occident.

 

 

NOS PIRES VOISINS (le 6 août)

de Nicholas Stoller (Seth Rogen, Zac Efron, Rose Byrne)

 

NOS PIRES VOISINS

Jeunes parents, Mac (Seth Rogen) et Kelly (Rose Byrne) vivent en toute quiétude dans un quartier résidentiel avec leur petite Stella. Une maison juste à côté de la leur est à louer. Un matin, ils s’apercoivent que ladite demeure vient de se trouver des locataires, une confrérie d’étudiants, dirigés par Teddy (Zac Efron). Soucieux de leur tranquilité et essayant de faire ami-ami avec ces nouveaux arrivants, notre couple va vite s’apercevoir de l’impossibilité de la chose…
Faisant parti de cette génération de réalisateurs trentenaires oeuvrant dans la comédie américaine moderne et produite généralement par le roi en la matière, Judd Apatow, Nicholas Stoller est un cas intéressant qui nous donna de petits bijoux tels « AMERICAN TRIP » avec un Russell Brand déchaîné et surtout « 5 ANS DE REFLEXION », radiographie cocasse et poignante du quotidien de deux fiancés où Jason Segel et la craquante Emily Blunt s’avéraient épatants.
« NOS PIRES VOISINS » se veut une méditation sur la nostalgie de la fin de l’adolescence avant le basculement à l’âge adulte et comment le fait d’avoir un enfant responsabilise.
Hélas, c’est une déception car le mélange proposé entre le comique pur et l’intime ne prend jamais, faute de trouver un équilibre adéquat.
Tout est en demie-teinte, Stoller hésitant à prendre une direction bien précise.
Alors certes, on esquisse, ici et là, quelques sourires, mais les gags sont, dans l’ensemble, peu inspirés, tout comme, les comédiens, étrangement amorphes.
On en attendait tellement plus.

 

 

THE DOUBLE (le 13 août)

de Richard Ayoade (Jesse Eisenberg, Mia Wasikowska, Yasmin Paige)

 

THE DOUBLE

Né d’une mère norvégienne et d’un père nigérian, Richard Ayoade a hérité, pour son cinéma, de la beauté froide de la première et de la chaleur du second. Paradoxal, tout ça, me direz-vous. Vous avez raison et pourtant cela fonctionne. Outre des séries télé et un bon documentaire sur les Artic Monkeys en concert au mythique Appollo, Ayoade est l’auteur de l’excellent « SUBMARINE », drame barré sur la volonté d’un collégien d’une petite bourgade anglaise de perdre sa virginité avec sa meilleure amie.
Avec « THE DOUBLE », il adapte Dostoievski.
Simon (Jesse Eisenberg), garçon timide, introverti, travaille dans une compagnie de communication. Ignoré de ses collégues, devant s’occuper de sa mère internée dans un établissement spécialisé et laissant indifférent la femme de ses rêves, son existence lui est douloureuse. L’arrivée d’un nouveau collégue, James, lui ressemblant comme deux gouttes d’eau, ne va pas arranger la situation…
La notion de « sosie » a souvent été exploitée par le septième art, de « LA DOUBLE ENIGME » de Robert Siodmak au plus récent « MOON » de Duncan Jones en passant par « FAUX-SEMBLANTS » de Cronenberg.
A l’aide d’une sublime photographie, de cadres anxiogènes évoquant « LE PROCES » d’Orson Welles et certaines toiles symbolistes de Böcklin, Ayoade capte d’emblée l’attention du spectateur et arrive à créer un sentiment d’immersion pendant un premier tiers. Ensuite, il s’essouffle lors de l’introduction du double proprement dit en n’arrivant pas à maintenir une dramaturgie suffisament forte, avant de se reprendre in extrémis sur la fin.
A défaut d’être donc totalement convaincant, « THE DOUBLE » n’en reste pas moins digne d’intérêt.

 

 

THE SALVATION (le 27 août)

de Kristian Levring (Mads Mikkelsen, eva Green, Jeffrey dean Morgan)

 

THE SALVATION

Mads Mikkelsen campe John, un pionnier arrivé dans l’ouest américain des cow-boys pour faire fortune. Originaire du nord de l’Europe, il fait venir sa femme. Lors du trajet entre la gare et son habitation, leur diligence est attaquée par des bandits, son épouse violée et tuée. Forcément, Mads, en colère, va la venger…
Si vous êtes un amateur véritable de western, comme votre humble serviteur, passez votre chemin tant celui-ci pompe allégrement les « classiques » du genre sans jamais parvenir à une réelle originalité.
On ne peut même pas sauver la photo tant celle-ci, ocre, est caractéristique, et de fait cliché, de tout ce cinéma scandinave de genre actuel.
Les paysages et les panoramiques sont là, les colts crachent le minimum syndical, le méchant est sacrément méchant et stupide, Eric Cantona (en homme de main) se la joue actor’s studio, la belle Eva Green, insipide, comme le brave de service, les péripéties convenues.
Bref, « THE SALVATION », présentée en séance de minuit à Cannes cette année, est une perte de temps.
I’m a poor lonesome spectateur…

 

 

22 JUMP STREET (le 27 août)

de Phil Lord et Chris Miller (Jonah Hill, Channing Tatum, Brie Larson)

 

22 JUMP STREET - photo

Après un honnête « 21 JUMP STREET », Phil Lord et Chris Miller remettent le couvert avec cette séquelle, « 22 JUMP STREET ».
Les flics Schmidt et Jenko sont de retour. Cette fois, ils retournent à la fac pour débusquer un dealer responsable de la mort d’une étudiante. Les deux verront leur vie sentimentale prendre un tournant…
Le tandem Lord/Miller, avant tout, s’illustre brillamment dans le domaine de l’animation confère « TEMPETE DE BOULETTES GEANTES » et « LA GRANDE AVENTURE LEGO ».
Leur passage à la fiction est de qualité moindre et, présentement, on descend de plusieurs crans.
Néanmoins, louable est leur intention de vouloir privilégier le versant intimiste de nos joyeux drilles censés faire respecter la loi mais tout comme l’autre grosse comédie estivale, « NOS PIRES VOISINS », le liant ne se fait pas avec l’humour potache.
Jonah Hill est celui qui s’en sort le mieux mais cette volonté de ne pas assumer une orientation générale jusqu’au bout risque de déboussoler un public pour qui les versions cinéma du show télé « 21 JUMP STREET » riment avec gaudriole.
Nos héros ne sont décidément plus ce qu’ils étaient.

 

 

ENEMY (le 27 août)

de Denis Villeneuve (Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Sarah Gadon)

 

ENEMY - photo 3

Denis Villeneuve est un des rares artistes contemporains à avoir réussi un quasi sans-faute dans sa filmographie.
Beaucoup l’ont découvert avec « INCENDIES » et ensuite « PRISONERS ».
Mais déjà avec le tétanisant « POLYTECHNIQUE », relatant le massacre de 1989, à Montréal, dans la branche canadienne de la fameuse école (et qui vaut bien « ELEPHANT » de Gus Van Sant) et « MAELSTRÖM » sur le bouleversement que connait une riche jeune femme suite à un accident de la route, il fait des prodiges.
« ENEMY » en est un autre.
Professeur d’université, Adam (Jake Gyllenhaal) mène une existence paisible avec sa copine Mary (Mélanie Laurent) jusqu’à la découverte, un jour, en regardant une vidéo, de son sosie en la personne d’Anthony, un acteur de seconde zone à la petite renommée. Profondément troublé, il enquête sur la vie de ce double…
Persévérant dans le thriller, Villeneuve, une fois encore, livre une oeuvre incroyable de perversion, à l’atmosphére lourde et vénéneuse, transcendée par un Jake Gyllenhaal tout en retenu et magnétique.
Ajoutons à cela une maitrise technique qui sert, à chaque plan, le récit et chacun explicitera à sa manière, le propose exposé.
Si David Lynch couchait avec David Cronenberg, leur « bébé » ressemblerait à ça.
Certains jugeront probablement l’ensemble trop obscur.
Qu’importe.
Masterpiece.

 

 

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