LA GRANDE MURAILLE (3D)
de Zhang Yimou (Matt Damon, Jing Tian, Pedro Pascal)
Construction humaine indépassable en taille et en temps de construction – plus de sept mille km de long et ayant nécessité dix-sept siècles, la Grande Muraille de Chine avait pour but principal de protéger le nord du Pays de tout type d’invasion.
Après cette très brève notice d’introduction « wikipédique » permettant uniquement de poser la première pierre à l’édifice de la chronique rédigée par votre auguste serviteur, que dire sur ce film dont je vous avais rabattu les oreilles l’an passé ?
Plein de choses.
D’abord, léger focus sur Zhang Yimou.
Avec Hou Hsio Hsien – et hors Corée – Yimou est l’un des cinéastes asiatiques les plus formidables du moment.
Non, en fait, il a quasiment toujours été passionnant car, contrairement à d’autres, il a rarement déçu.
Lui – qui a connu la Révolution Culturelle et s’est retrouvé du coup à l’âge de 16 ans à trimer dans les champs – a souvent analysé le pouvoir et son influence sur les êtres.
D’incontestables réussites – « EPOUSES & CONCUBINES », « SHANGHAI TRIAD », « LE SORGHO ROUGE » et, très récemment, le sublime « COMING HOME » – parsèment son parcours.
Très peu de déchets à relever si ce n’est « PAS UN DE MOINS », pourtant Lion d’Or à Venise et un ou deux autres.
S’étant déjà essayé avec bonheur à la fresque épique (« LE SECRET DES POIGNARDS VOLANTS » ou « HERO » malgré quelques facilités), il y revient, ici, avec le plus gros budget qu’il ait jamais eu entre les mains et un casting international comportant des noms clinquants – coproduction américaine oblige
Contrairement à John Woo, qui – hormis « VOLTE/FACE » – ne convainquit guère en bossant avec les serviteurs de l’Oncle Sam, le sieur Zhang s’en est-il mieux tiré ?
Au Moyen-Age, un groupe de mercenaires européens part dans l’Empire du Milieu à la recherche de la poudre noire, une arme objet de toutes les convoitises. Sur place, deux d’entre eux vont se retrouver au milieu d’un conflit séculaire opposant les gardiens de la Muraille – détenteurs de la fameuse poudre – à de terrifiantes créatures issues d’une météorite s’étant écrasée sur Terre…
Une bonne grosse BD.
Oui, il faut le voir tel quel.
De splendides paysages, de l’action fort bien troussée, de remarquables armures évoquant ce chef d’oeuvre qu’est « ZU – LES GUERRIERS DE LA MONTAGNE MAGIQUE », des effets spéciaux efficaces, un design des monstres réussi, des acteurs (dont Matt Damon qui a un côté très Errol Flynn) faisant le job – à l’exception peut-être de Willem Defoe -, quelques blagues juste à point, un rythme empruntant aussi bien au serial à la Louis Feuillade (« FANTÔMAS ») qu’à Alexandre Dumas père et d’autres choses encore.
Aussi ludique que les « DETECTIVE DEE » de Tsui Hark et…
Comment, vous êtes encore là ?
THE LAST FACE
de Sean Penn (Charlize Theron, Javier Bardem)
Au Libéria, état d’Afrique ravagé par la guerre, le docteur Miguel Leon, médecin humanitaire, et le docteur Wren Petersen, directrice d’une ONG, tombent passionnément amoureux l’un de l’autre. S’ils sont tous les deux engagés corps et âme dans leur mission, ils n’en sont pas moins profondément divisés sur les politiques à adopter pour tenter de régler le conflit qui fait rage. Ils devront surmonter leurs clivages et le chaos qui menace d’emporter le pays tout entier – sous peine de voir leur amour voler en éclat…
Hahaha, Hohoho, Hihihi.
Une grosse blague, putassière, lourdingue et neuneu, sponsorisée par HARLEQUIN et l’ONU – qui eût les honneurs de la compétition officielle lors du dernier festival de Cannes.
Bardem et Theron sont mauvais comme des cochons, tout comme Adèle Exarchopoulos – dans deux rapides scènes – et Jean Reno – pléonasme – avec un personnage intitulé Dr Love (!)
Le grotesque élevé au rang d’art.
Ce n’est vraiment pas la Penn.
THE BIRTH OF A NATION
de Nate Parker (Nate Parker, Armie Hammer, Penelope Ann Miller)
Bon, on va se la jouer courte.
Rien à voir évidemment avec le monument homonyme de Griffith, aussi contestable soit-il parfois sur le fond.
Mais force est de constater qu’après le surestimé « 12 YEARS A SLAVE », « LA COULEUR DES SENTIMENTS », « LE MAJORDOME » ou encore « SELMA », le pays de l’Oncle Sam trébuche encore sur la question raciale avec le destin de ce prédicateur noir devenu figure légendaire de la lutte contre les esclavagistes juste avant la Guerre de Sécession.
Entre une imagerie sulpicienne appuyée et relevant de la faute de goût la plus totale à des problèmes de scénario – et malgré quelques bonnes idées dont cette tentative de mettre en avant les racines africaines des malheureux devant récolter le coton – et un réalisateur qui fait l’erreur d’interpréter le rôle principal, cela n’est guère palpitant.
Le véritable problème ne serait-il pas que les cinéastes noirs anglo-saxons actuels, trop revanchards, manquent de recul par rapport aux sujets touchant directement à leurs histoire ?
Allez, vous avez trois heures et on ramassera les copies.
OUVERT LA NUIT
de Edouard Baer (Edouard Baer, Sabrina Ouazani, Audrey Tautou)
Un directeur de théâtre miteux et minable sillonne Paris dans une déambulation non-sensique et profondément poétique, et fait des rencontres divers et variées en attendant de pouvoir payer sa troupe…
Oublions le ratage »AKOIBON ».
Ultime rôle du regretté Michel Galabru, hommage à Topor et aux surréalistes, une oeuvre folle.
Baer, présentement, touche au génie.
Qu’on se le dise.
L’affiche de la semaine : « LA LA LAND » de Damien Chazelle
Parce que non seulement le film est éblouissant (et sort dans deux semaines chez nous) mais parce que surtout, voir de nos jours un poster dessiné à la main, rappelant l’âge d’or des Mascii et autre Constantin Belinsky, est un plaisir incommensurable.