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Krons

A vos marques … Pages !

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Simon, rapporteur de la commission des libertés publiques, a une petite manie : il fantasme sur Natacha, qui dévoile ses charmes sur le site « poupées russes ». Rien de bien méchant, jusqu’au jour où un comité féministe demande que soient sanctionnés les consommateurs de ces sites déviants… Au cours d’une émission de radio où il est invité à débattre sur le sujet, Simon lance, hors antenne, une phrase malheureuse qui va déclencher un énorme scandale et mettre en péril sa belle carrière de haut fonctionnaire, jusqu’ici irréprochable …. Dans le même temps, internet devient fou, et les mails des uns atterrissent sur les messageries des autres, occasionnant un beau bordel généralisé ! Puis, Simon meurt … Il se retrouve, tout en ayant conscience qu’il est bel et bien mort, dans un lieu étrange, ressemblant plus à une salle d’attente de la sécu, avec ses guichets, ses fausses plantes et ses affiches publicitaires vantant des destinations lointaines et paradisiaques …. Il devra passer par plusieurs interlocuteurs pour gagner sa place au paradis : enquête de moralité, psy et avocat, pour plaider sa cause auprès de Saint-Pierre… Mais le paradis ressemble furieusement au monde qu’il vient de quitter, dans ce qu’il a de moins bandant… Et l’enfer semble beaucoup plus attrayant ! Sous couvert d’humour, Duteurtre nous propose une réflexion ludique sur nos sociétés, où la fièvre de l’économie néolibérale semble même avoir contaminé le très haut. Si pour Sartre, l’enfer, c’est les autres, pour Duteurtre, l’enfer, c’est le paradis ! Je sais pas vous, mais moi, j’ai bien envie de commettre quelques péchés, pour gagner ma place en enfer ! On ne sait jamais …
L’ordinateur du paradis de Benoît Duteurtre (Gallimard, 2014, 17,50€)

 

 

Une éducation catholique

Cusset, dans ce roman mêlant fiction et autobiographie, raconte l’enfance et l’adolescence de Marie, entre un père catho pratiquant quelque peu autoritaire et une mère plus parisienne que juive et complètement athée. Marie suivra donc docilement une éducation catholique, messe, caté, communion et tutti quanti, la foi chevillée au corps. A l’adolescence, ça se gâte. Marie découvre son corps, supporte mal sa personnalité (âge ingrat oblige) et recherche son identité sexuelle à travers ses premiers émois amoureux avec sa meilleure amie, Ximena. Puis, ce sera la rencontre avec Samuel, sorte de Christ rédempteur qui lui pardonnera tout, y compris ses infidélités (La chair est faible !). Certes, elle écrit bien, même très bien, Catherine Cusset. Je ne mettrai certainement pas en cause ni sa sincérité ni son style.Mais bon, je me suis lassée des états d’âme de son héroïne, et je me suis assez vite ennuyée. Le ton plus mordant de l’auteur de « La haine de la famille » m’avait autrement convaincue. Déçue !

Une éducation catholique de Catherine Cusset (Gallimard, 2014, 15,90€)

 

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Je n’avais jamais lu Eric Reinhardt. J’avoue que la lecture des trente- huit premières pages de « L’amour et les forêts », m’a paru quelque peu fastidieuse … L’auteur y explique la genèse de son roman, ponctué de réflexions sur l’acte d’écrire, pas inintéressantes, mais d’une écriture un peu ampoulée. Et enfin, à la trente-neuvième page, on plonge ! Car il s’agit bien là d’une immersion. On est happé, hypnotisé par le destin tragique de son héroïne, Bénédicte, petit bout de femme, instruite et cultivée, mariée à un pervers narcissique qui va faire de sa vie un enfer …Reinhardt décrit avec une grande sensibilité la spirale infernale qui va mener Bénédicte à la désespérance. Avec des mots justes, il raconte le déni de Bénédicte, motivé par la honte d’être aussi faible et son besoin de respectabilité et de normalité, qui n’a pas permis à son entourage de soupçonner la torture mentale, et parfois même la violence physique, qu’elle a subies. Dans les rares moments de répit où Bénédicte s’autorise à être libre et heureuse, on a envie de lui crier, sauve toi ! On dit que « L’amour et les forêts » sera LE roman de la rentrée. Jusque là, je suis assez d’accord. Bouleversant…

L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt (Gallimard, 2014, 21,90€)

 

 

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