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Krons

Et si on coinçait la bulle ?

Vermines

 

Pénélope, chanteuse de charme, revient dans sa ville natale, Blattaville, pour y régler quelques comptes. Elle y retrouve son premier amour, Gégé, artiste peintre égocentrique en recherche perpétuelle de reconnaissance et d’une galerie qui voudrait bien exposer ses œuvres. Gégé, toujours flanqué de son pote Markoz dont le rêve est de devenir un grand écrivain. Autour de ces personnages gravitent une multitude de bestioles dont le dénominateur commun serait … la loose !  Ah ! Bégon, le parrain du crime ! Sucette, la meilleure amie de Pénélope, qui suce tout et n’importe quoi (sic !), Maya l’abeille qui termine sa brillante carrière dans la prostitution ! Vermines fourmille (ah ah !) de personnages truculents, qui, s’ils n’en n’ont pas l’apparence, ressemblent furieusement à nous, pauvres humains, dans leur quête d’amour et de reconnaissance. Guerse et Pichelin revisitent en passant le petit monde de la culture « provinciale » par le biais de leurs mouches, cafards et autres cancrelats. Look années 50, dessins dans les tons de vert et marron, dialogues à l’humour décapant, cet album édité par les Requins Marteaux est cynique, sombre et jubilatoire tout à la fois ! Vivement le tome 2, je suis impatiente de lire la suite des aventures de Pénélope et consœurs qui n’ont décidément rien à envier à la nature humaine.

Vermines: épisode 1: Le retour de Pénélope (Les Requins Marteaux, 2014 /24€)

 

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Lulu, mariée, trois enfants, décide de ne pas rentrer chez elle après un entretien d’embauche qui, une fois de plus, n’aboutit à rien. Elle part, sans but précis et sans un sou en poche. Au cours de cette fugue, elle va s’offrir une parenthèse au temps, vivre, vraiment, et pour elle seule. Sur son chemin, elle va croiser Charles, qui va lui rappeler que son corps et son cœur sont toujours capables d’exulter, et puis Marthe, vieille dame excentrique qui va l’aider à prendre les bonnes décisions pour ne plus replonger dans sa vie terne et triste… Davodeau a le don de mettre en lumière des personnages et des situations du quotidien, avec une réelle grâce et une belle humanité. Il m’avait conquise avec ces paysans expatriés par un projet d’autoroute dans « Rural ! », et m’avait instruite sans me barber dans les vignes d’un agriculteur bio dans « Les ignorants ». Il signe là un beau portrait de femme qui, de fragile et vulnérable, va trouver la force, grâce à l’amour et à l’amitié, de s’émanciper de son quotidien. « Lulu femme nue » a également été adapté au cinéma par Solveig Anspach. Karin Viard y campe une Lulu très touchante, avec à ses côtés les excellents Bouli Lanners et Claude Gensac dans les rôles de Charles et Marthe. Ne passez pas à côté de cette superbe Lulu, que ce soit sur papier ou sur grand écran, ce serait dommage …

Lulu femme nue: l’intégrale (Futuropolis, 2014 /24€)

 

 

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grande guerre

 

Joe Sacco est un artiste engagé. Ses BD traitent de la Palestine (l’excellentissime « Gaza 1956 »), de la Bosnie (« Gorazde, derniers jours de guerre ») ou des laissés pour compte du rêve américain (« Jours de destruction »). Avec « La grande guerre » il relate, avec un sens du détail hallucinant, le premier jour de la bataille de la Somme, le 1er juillet 1916. Sans dialogues, donc sans parti pris, il retrace les faits de cette journée qui fut particulièrement sanglante. Il dit s’être inspiré de la tapisserie de Bayeux pour la présentation de son livre qui se déplie comme une fresque en accordéon sur 7 mètres de long… Un livret l’accompagne, écrit par l’historien américain Adam Hochschild, qui explique heure par heure le déroulement de cette journée historique. Les Parisiens, cet été, ont eu la chance de voir cette fresque déployée sur 130 mètres de long dans les couloirs du métro Montparnasse : les veinards ! Véritable travail d’investigation donc, et prouesse technique, pour cet auteur inclassable qui a déjà dans ses cartons  un nouveau projet qui aura pour cadre la Mésopotamie ancienne. Il n’a donc pas fini de nous étonner, Joe Sacco, et ce, pour notre plus grande curiosité !

La grande guerre (Joe Sacco, Futuropolis,2014 /25€)

 

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Les enfants d’Ernest le placent en maison de retraite. Pas par lâcheté, non, mais parce que cela devient impossible pour eux de s’occuper du vieux monsieur qui commence à perdre la tête, car même si Ernest  n’en n’a pas conscience, la maladie d’Alzheimer s’installe doucement mais sûrement…Ernest n’est bien évidemment pas ravi de se retrouver au milieu de ces pauvres vieux qui, entre deux repas, roupillent toute la journée. Heureusement, il y a Émile, personnage haut en couleurs, roublard, farceur et cleptomane avec qui Ernest va se lier d’amitié. Grâce à lui, il va tenter de cacher aux soignants l’étendue de sa maladie,et retarder le moment où, quand les symptômes seront trop flagrants, il sera transféré au second étage, là où se trouvent les plus atteints. Le sujet n’est pas des plus gais, je vous l’accorde ! Mais, si Paco Roca dépeint sans complaisance le quotidien d’une maison de retraite dans tout ce qu’elle peut avoir de terrible, il donne aussi à ses personnages l’humanité et l’humour  qui adoucissent, un peu ce sujet qui nous concerne, hélas, tous … Un film d’animation réalisé par Ignacio Ferreras a été adapté de ce petit bijou.

La tête en l’air (Paco Roca, Delcourt, 2013 / 14,95€)

 

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