Interviews

MASSILIA SOUND SYSTEM, INTERVIEW, TDS 2015

 

Interview Massilia Sound System par Marie Lansade (Tête-à-tête groupé)

Après ces 30 ans…

31, je rectifie !

Que voudrais-tu dire ?
Eh bien parler de ce qui va se passer encore, les choses ne sont pas fixes ! On dit que l’on chante Marseille, mais on chante les Marseillais, et c’est complètement différent ! Les Marseillais se renouvellent, il y aura de nouvelles merdes, de nouvelles joies, et pas que les Marseillais. Moi qui suis de La Ciotat, j’ai un peu de recul sur Marseille. Il y a encore des milliers de choses que je n’ai pas dites. On n’est pas des journalistes, dans la chanson il y a un contenu mais aussi une espèce de déclic qu’il faut avoir, donc j’espère en avoir beaucoup encore, sinon c’est grave et j’arrête !

Est-ce que votre but aussi est d’éveiller des consciences citoyennes ?
L’objectif premier est de faire passer un bon moment aux gens. Après, comme notre inspiration vient de la vie quotidienne, ce sont les luttes, mais aussi la drague, les enfants… Donc je ne sais pas si on leur fait prendre conscience, ça me paraît beaucoup.

// Outre les concerts, vous êtes quand même beaucoup investis dans la vie culturelle marseillaise, dans le tissu associatif…

C’est autre chose, et à la fois pas autre chose. Quand je parle de la musique du film, à un moment donnée il faut aussi mettre la main à la pâte pour le faire, ce film, donc on fait aussi le film ! Donc participer à des activités de quartier, essayer d’appuyer des trucs qui ont l’air d’aller dans le bon sens, de temps en temps ouvrir nos gueules quand on nous le demande, bref faire ce que devrait faire tout citoyen qui se respecte !

Vous avez écrit il y a longtemps une chanson sur la montée du FN, ce texte n’a pas vieilli…

Malheureusement… La première grosse poussée de Le Pen avait été un choc pour nous, et on voit maintenant qu’on avait raison d’avoir peur. Et comme la situation des gens ne fait que s’empirer, ça ne facilite pas la réflexion, quand on est dans l’urgence et la désespérance. Il faut lutter pour dépasser une fatalité pesante, rentrer dans l’action est l’antidote, et c’est malheureusement plus efficace que de voter pour qui que ce soit. Et je pense que ça a été toujours comme ça, ce leurre de dire qu’un vote peut être utile à quelque chose. Quand je regarde mon histoire familiale, mon père, ou mon grand-père, ont acquis des trucs en faisant des grèves dures ou en prenant les armes, car nombre d’acquis datent de la fin de la seconde guerre mondiale, et un peu moins en mettant le bulletin dans l’urne. Et c’est encore plus le cas aujourd’hui. L’impunité des profiteurs est un truc de malade ! Mais ce n’est pas parce que ça va plus mal que les gens prennent conscience.
L’urgence augmente, on retire des tas de cadavres chaque jour dans la mer en face de chez moi, donc il faut lutter, il n’y a pas d’alternative, sinon tu te laisses faire, et ce n’est pas forcément le plus confortable et le plus joyeux.

// Les prochains projets de Massilia ?

Nous on ne planifie pas, on ne fait les choses que par envie. On n’avait pas fait de disques depuis 7 ans, on finit la tournée et chacun va retourner dans ses groupes respectifs. Notre projet c’est de jouer, mais pas forcément de faire des tournées intenses.

00

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *