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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 21

BLACK COAL

de Yinan Diao (Fan Liao, Lun-mei Gwei, Xue-bing Wang )

 

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Il est communément accepté que Jia Zhangke (le récent et inégal « TOUCH OF SIN », lauréat du prix du scénario à Cannes en 2013) soit le chef de file de la sixième génération de cinéastes chinois qui commence, en gros, après les évènement de Tiananmen de 89.
Un de ses collègues, moins connu, Yinan Diao, remporta cette année, en février, l’Ours d’Or du meilleur long-métrage à Berlin avec « BLACK COAL » et celui d’Argent pour le meilleur acteur (Fan Liao, aux allures de Bogart), en salle dès aujourd’hui.
1999. Des morceaux d’un même corps humain sont retrouvés aux quatres coins de la Mandchourire, essentiellement dans des mines de charbon. Le disparu serait un employé. L’inspecteur Zhang, chargé de l’enquête doit interrompre ses investigations suite à un accrochage ayant mal tourné avec les principaux suspects. Cinq ans plus tard, deux nouveaux meurtres surviennent dans la région, liés à l’épouse de la première victime. Zhang, devenu chef de la sécurité dans une manufacture, décide d’enquêter en faisant connaissance avec la jeune femme…
Iconoclaste semble le mot le plus adapté pour ce polar asiatique.
En effet, Diao (auteur précédemment de « TRAIN DE NUIT », drame desepéré entre une fonctionnaire de justice et l’époux d’une des prisonnières dont elle s’occupe) nous plonge dans un polar aux multiples ruptures de ton allant du poétique au glauque où l’enquête n’est en fin de compte qu’un prétexte à une analyse comportementale des différents personnages, en perte de repères, évoluant dans une Chine du Nord industrialisée.
Intéressé par la psyché des protagonistes et non par leur provenance sociale, Yinan Diao n’oublie pas de s’approprier les codes du genre, que ce soit la femme fatale où le détective au bout du rouleau, et de les pervertir de façon assez déroutante.
Porté par une mise en scène au cordeau, rappelant parfois, au détour d’une scène intimiste, Wong Kar-wai mais sans le côté clinquant de celui-ci, « BLACK COAL » s’avère unique en son genre et passionnant à décortiquer pour peu qu’on se laisse embarquer.
Il serait fort dommage de passer à travers.

 

 

LA RITOURNELLE

de Marc Fitoussi (Isabelle Huppert, Jean-Pierre Darroussin, Michael Nyqvist)

 

LA RITOURNELLE

Cette semaine, les bons films (comme celui traité ci-dessus) sont plutôt rares et le nouvel opus de Marc Fitoussi, « LA RITOURNELLE », n’en est pas un.
Brigitte (Isabelle Huppert) et Xavier (Jean-Pierre Darroussin), éleveurs de bovins en Normandie, mariés, sont radicalement différents. Elle, rêveuse, un peu fofolle. Lui, bourru et ne vivant que pour son travail. Leur fils, passant son diplôme d’équilibriste dans un cirque, ne vient que rarement leur rendre visite. Un week-end, alors que la fille de leur voisin habitant en face de chez eux, une étudiante, est venue avec ses copains, Brigitte fait la connaissance de l’un d’eux, Stan, qui travaille à Paris. Peu après, elle décide, sur un coup de tête, de se faire un week-end à la capitale…
Après un insupportable « PAULINE DETECTIVE » avec Sandrine Kiberlain, une de ses deux muses, l’autre étant cette chère Isabelle qu’il avait réussi à sublimer dans l’émouvant « COPACABANA », Marc Fitoussi continue à descendre sur l’échelle de la médiocrité.
Entre une Huppert jamais crédible dans son rôle d’agricultrice voulant échapper à son quotidien, des péripéties inintéressantes, ridicules (la séquence où Darroussin, au musée, s’arrête devant un portrait de la petite bergère) et tellement rabattues que même Woody Allen (qui pourtant s’y connait en recyclage) n’en voudrait pour rien au monde sans oublier des acteurs (à l’exception de Pio Marmaï) en deçà de leurs habitudes, pas grand chose ici à sauver.
Cher Marc, à force de trop regarder L’AMOUR EST DANS LE PRE, vous avez fait une bouse.
Un bon conseil pour la suite : arrêter la télé !

 

 

FIVE THIRTEEN

de Kader Ayd (Malik Barnhardt, Avelawance Phillips, Tom Sizemore)

 

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Incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis et ayant purgé sa peine, Mike retrouve son frère Tre. Ensemble, ils décident de s’éloigner de ce monde de violence sans avenir qu’ils ont toujours connu. Mais avant cela, pour être à l’abri financièrement, ils vont accepter un dernier coup, chaucun à l’insu de l’autre : Mike participera à un juteux braquage de banque et Tre effectuera une « livraison » du Mexique vers les Etats-Unis…
Vous croyez qu’on touchait le fond avec « LA RITOURNELLE » ?
Que nenni.
Voilà « FIVE THIRTEEN » qui arrive, incroyable mais vrai, à faire pire.
Prenez un script de départ minimaliste, s’étoffant au fur et à mesure que le tournage avançait et se basant sur l’improvisation des comédiens qui n’avaient aucune idée de ce qu’ils allaient jouer. Mettez, derrière la caméra, un ancien réalisateur de divers trucs à Canal + et d’une affreuse comédie, « OLD SCHOOL » qui s’est exilé aux States pour « percer » et, tout le long, aux abonnés absents. Ajoutez-y un casting cinq étoiles composé pour l’essentiel de « has-been » : Danny Trejo, à la carrière devenant pathétique (dont on ne dira jamais assez que « MACHETE KILLS » est nullissime), Tom Sizemore (« HEAT », « TRUE ROMANCE », « TUEURS NES ») cabotinant de façon éhontée, Costas Mandylor (7 A LA MAISON, CHARMED) à la bedaine développée et Christian Audigier (!), créateur de mode bien connu des people, entrepreneur et ici également producteur éxécutif. Saupoudrez de dialogues et situations tous plus lamentables les uns que les autres et vous obtiendrez alors un sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous « RESERVOIR DOGS » (le meilleur Tarantino).
Lorsque l’on sait que l’expression « Five Thirteen » (513) désigne la température en degrés fahrenheit qu’atteint un projectile de revolver une fois le coup parti et vu le nombre exceptionnel de balles que se sont tirés dans le pied tous les membres de l’équipe du film, on regrette amèrement l’usage de la pellicule car alors, vu la fournaise qui a du régner dans le studio, elle aurait fondu et nous n’aurions jamais eu à nous infliger cela.

 

 

Le DVD de la semaine : «HOMO EROTICUS»

de Marco Vicario / L.C.J

 

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La « Sexy comédie » est un vaste et prodigieux domaine cinématographique.
Pour faire simple, disons que cela vient d’Italie (les racines dès le XVIème siècle dans la Commedia dell’arte) et que le genre connu son heure de gloire dans les années 60/70.
Le principe était de se railler de la société transalpine de façon coquine en opposant généralement des hommes issus de tous les milieux (ouvrier, médecin, pdg, politicien, professeur), un peu bêtes, naïfs, ou parfois trop surs d’eux avec toute une cohorte d’affriolantes créatures, ce qui faisait ressortir les plus bas instincts animaux de ces messieurs et les ridiculisait, pour la plus grande joie de ces demoiselles.
« LA FLIC CHEZ LES POULETS », « LA PROF DU BAHUT », « L’INFIRMIERE DU REGIMENT », « LE TROU AUX FOLLES », « PARDON !… VOUS ETES NORMAL ? », « LES ZIZIS BALADEURS », autant de titres inénarrables qui s’exportèrent avec succès à l’étranger.
Les actrices Edwige Fenech, Barbara Bouchet, Gloria Guida et d’autres, furent les stars de ces produits aux maigres budgets qui tourmentaient les habitués qu’étaient Alvaro Vitali (à la tête inoubliable), Renzo Montagnani, Lino Banfi, Aldo Maccione et Lando Buzzanca.
On retrouve ce dernier dans une parution DVD due à L.C.J : « HOMO EROTICUS » de Marco Vicario, datant de 1971.
Sorti chez nous sous le titre « LES PERFORMANCES AMOUREUSES D’UN SICILIEN », nous faisons la connaissance de Michele (Lando Buzzanca), sicilien donc, en fuite de sa terre natale pour comportement licencieux, arrivant à Bergame, en Italie du Nord. Là, après une visite médicale où le docteur de service (Bernard Blier, formidable) s’aperçoit que notre garçon posséde trois testicules et un appareil génital surdimensionné, ce dernier se fait embaucher comme domestique par un couple de bourgeois. Son « secret » ne tarde pas à circuler…
Sous la houlette de Mario Vicario, excellent artisan du cinéma populaire latin à qui l’on doit notamment « 7 HOMMES EN OR » et sa suite « LA CIA MENE LA DANSE », deux impeccables métrages de hold-up fantaisistes et pop à souhait avec son égérie/femme Rossana Podesta, « HOMO EROTICUS » vaut avant tout pour certaines trouvailles visuelles (lors des ébats), la musique savoureuse d’Armando Trovajoli et l’abattage de sa distribution où outre le grandiose Lando Buzzanca (sur lequel je reviendrai une prochaine fois) campant ce surhomme à l’appétit sexuel insatiable, nous retrouvons la fine fleur des comédiennes « bis » de l’époque : Podesta donc mais également la sublime Sylva Koscina (« LES TRAVAUX D’HERCULE »), Femi Benussi, quasi débutante, Evi Marandi (« LA PLANETE DES VAMPIRES » de Mario Bava) ou encore Ira Von Fürstenberg (« L’ILE DE L’EPOUVANTE »).
Signalons que l’année suivante, en 72, une bd humoristique, SAM BOT, de Raoul Buzzelli, le frère du génial Guido Buzzelli, vit le jour, contant les aventures d’un freluquet fort bien doté par la nature.
La copie offerte ici, de bonne qualité, n’est qu’en français, dans une version tronquée d’une vingtaine de minutes par rapport à la version intégrale, inédite en France. Les scènes manquantes n’ajoutent rien à la compréhension de cette satire et permettent juste à Blier d’apparaitre un peu plus.
Le principal (la gaudriole) a été conservé et permet ainsi de prendre un certain plaisir à suivre les exploits érotiques de ce descendant dégénéré de « BARRY LYNDON ».

 

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